Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
M

mordant

Gruppetto extrêmement rapide et réduit à deux notes précédant la note principale.

Le mordant peut être supérieur (do-ré-do) ou inférieur (do-si-do).

Moreau (Jean-Baptiste)

Compositeur français (Angers 1656 – Paris 1733).

Il fit ses études musicales à la maîtrise d'Angers. En 1682-83 il fut maître de chapelle à la cathédrale de Langres (où il eut comme élève Michel Pignolet de Montéclair), puis à Dijon (1683-1686). En 1686, il fut introduit à la cour par la dauphine Victoire de Bavière, et attaché à la musique personnelle de Louis XIV. À cette date, il avait déjà composé des motets, des psaumes, un requiem et une Idylle sur la naissance de Notre-Seigneur. En 1687, à la commande du roi, il écrivit un divertissement de cour, les Bergers de Marly. Le succès lui valut d'être nommé professeur de musique à l'école de Saint-Cyr, que dirigeait Mme de Maintenon. Il y fit la connaissance de Racine, à qui son nom reste associé comme ceux de Lully et de Charpentier à Molière. Il mit en musique trois Cantiques de Racine, avant d'écrire les chœurs de la tragédie Esther, qui fut créée à Saint-Cyr en 1689 en présence du roi. Racine écrivit que « ces chants ont fait l'un des plus grands agréments de la pièce ». Il commanda ensuite à Moreau les chœurs d'Athalie (1691), qui n'atteignent toutefois pas à la qualité de ceux d'Esther. Moreau écrivit encore les chœurs de deux tragédies de l'abbé Boyer, Jephté (1692) et Judith (perdu, 1695), avant de partir comme intendant de la musique des États du Languedoc. Revenu à Saint-Cyr, il écrivit les musiques de scène de trois tragédies de Duché de Vancy : Jonathas (1700, perdu), Absalon (1702) et Debora (1706). Il fut à partir de 1700 un professeur de composition et de chant fort réputé, et eut parmi ses élèves Jean-François Dandrieu et Clérambault.

moresca

Danse espagnole d'origine mauresque, c'est-à-dire arabe.

Sans rythme déterminé, elle fut très en faveur à l'époque de la Renaissance, jusqu'en Italie où l'opéra l'annexa pour servir de conclusion aux intermèdes chantés. La dernière pièce d'Orfeo de Cl. Monteverdi (1607) est une brillante « moresca ».

Moreschi (Alessandro)

Castrat italien (Montecompatri, près de Rome, 1858 – Rome 1922).

Dernier grand castrat connu, surnommé « l'ange de Rome », il chanta à la chapelle Sixtine de 1883 à 1913. On a de lui des enregistrements datant de 1902.

Mori Kraudo

Compositeur japonais (Ashiya, Japon, 1950).

Élève d'Akira Miyoshi, il obtient en 1973 un prix de composition de la Radiotélévision japonaise (NHK) et du journal Mainichi, pour un Quatuor à cordes. Comme beaucoup de ses contemporains, il mêle souvent dans ses œuvres les instruments japonais et occidentaux. On lui doit notamment Modifications symphoniques (1974), pour orchestre, Kasane (1975), pour koto et orchestre de 17 cordes, Trimorphisme (1977), pour flûte, violoncelle et piano.

Morin (Jean-Baptiste)

Compositeur français (Orléans 1677 – Paris 1745).

Il fit ses études musicales à Orléans, à la maîtrise de l'église Saint-Aignan où il fut un temps organiste. Puis il entra dans la musique de Philippe d'Orléans et, en 1715, fut nommé maître de chapelle de l'abbesse de Chelles, fille du régent de France. Il écrivit des Motets à une et deux voix et basse continue, publiés en deux livres (1704, 1709). Il fut le premier en France à écrire un grand nombre de cantates, les premiers exemples du premier livre (1706) étant très inspirés de l'art italien. Il jeta ensuite les bases de la cantate typiquement française, élégante et dépourvue de sentiments violents, une forme mineure certes, mais qui offrait aux compositeurs un terrain d'essai où ils pouvaient s'exprimer plus librement tout en s'efforçant de réunir les deux goûts. Deux autres livres de cantates françaises, à une ou deux voix et avec ou sans symphonie, parurent en 1707 et 1712. Son œuvre la plus célèbre est restée la Chasse du cerf, divertissement pour solos, chœur à 3 voix et basse continue, créé à Fontainebleau en 1709.

Morley (Thomas)

Compositeur anglais (Norwich 1557 ou 1558 – Londres 1602).

Également théoricien et éditeur, il fut le plus influent, et le plus marqué par l'Italie, de tous les madrigalistes anglais de la fin du XVIe siècle et du début du XVIIe. Choriste à Norwich, élève de William Byrd, diplômé d'Oxford (1588), il devint (sans doute en 1591) organiste à Saint-Paul de Londres, et en 1592 fut fait gentilhomme de la chapelle royale. En 1598, il obtint le monopole de l'édition musicale. Ses œuvres les plus anciennes (1576) sont deux motets, Domine, Dominus noster et Domine, non exaltatum cor meum. Il écrivit aussi de la musique religieuse anglicane et de la musique pour clavier influencée par Byrd, mais c'est comme madrigaliste qu'il atteignit le tout premier rang.

   Musicien brillant, il ne parvint jamais à la profondeur d'un Byrd, ni à la mélancolie d'un Weelkes, mais resta sans rival dans le madrigal léger. Il introduisit le style italien en Angleterre non seulement comme compositeur, mais comme traducteur, comme arrangeur, et même comme propagandiste. Il édita par exemple deux anthologies de musique italienne (1597 et 1598), ainsi que des arrangements de Canzonette de Felice Anerio et de Balletti de Giovanni Gastoldi. De même, A Plaine and Easie Introduction to Practicall Musicke (1597) apparaît à la fois comme l'un des plus importants ouvrages de théorie musicale en langue anglaise et comme une œuvre de propagande en faveur de la musique italienne.

   Sans doute Morley connut-il Shakespeare, car deux de ses Ayres font appel à des textes du dramaturge : O Mistress mine (Twelfth Night) et It was a Lover and his Lass (As you like it). De 1593 à 1601 parurent de lui onze publications parmi lesquelles Canzonets to 3 Voices (1593), Canzonets to 2 Voices (1595), Madrigals to 4 Voices (1595), première publication anglaise à porter explicitement le titre de « madrigaux », Canzonets to 5 and 6 Voices (1597), et Ballets to 5 Voices (1600). Citons également The First Book of Ayres (1600), avec luth et basse de viole et dont les 21 pièces sont suivies d'une pavane et d'une gaillarde, et The First Book of Consort Lessons (1599), magnifique recueil de 23 pièces (toutes ne sont pas de lui) pour luth, guitare basse, cistre, flûte à bec basse et dessus et basse de viole. Morley fut également à l'origine de The Triumphes of Oriana (1601), recueil de madrigaux (dont deux de lui) de 23 compositeurs différents destiné à honorer aussi bien la reine Élisabeth que le genre musical dont il s'était fait le champion.