Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Chantavoine (Jean)

Critique musical et musicologue français (Paris 1877 – Mussy, Aube, 1952).

Après des études de philosophie à Paris, puis d'histoire de la musique à Berlin, où il fut l'élève de Max Friedländer, Chantavoine collabora à diverses revues comme la Revue hebdomadaire (1903-1920), l'Excelsior (1911-1921) et le Ménestrel. En 1906, il fonda aux éditions Alcan la collection les Maîtres de la musique, dans laquelle il publia en particulier un Beethoven et un Liszt. De 1923 à 1937, il fut secrétaire général du Conservatoire de Paris.

   À la curiosité et à l'instinct du chercheur (il exhuma, par exemple, un opéra de jeunesse de Liszt, Don Sanche), Chantavoine joignait l'esprit de synthèse ; il appliqua son talent de musicologue à des travaux de vulgarisation et d'initiation comme le Petit Guide de l'auditeur de musique (2 vol., Paris, 1947-48). Parmi ses principaux ouvrages, citons : Beethoven (Paris, 1906) ; Liszt (Paris, 1910) ; De Couperin à Debussy (Paris, 1921) ; les Symphonies de Beethoven (Paris, 1932) ; Mozart dans Mozart (Paris, 1948) ; Mozart (Paris, 1949) ; le Poème symphonique (Paris, 1950).

chantefable

Terme provenant de « chanter » et de « fabler » (parler), et désignant un récit médiéval où alternent des parties en vers chantés et des passages en prose destinés à être récités.

L'œuvre la plus représentative du genre est Aucassin et Nicolette (XIIIe s.), qui se situe ainsi entre la chanson de geste et le roman en prose.

chanterelle

Corde la plus aiguë et la plus fine d'un instrument à cordes frottées (violon, etc.) ou pincées (luth, etc.) et à manche.

Le terme n'est jamais appliqué aux cordes des instruments à clavier.

chantre

Transcription littérale du mot latin cantor qui signifie « chanteur », mais dont, si l'on excepte un emploi poétique détourné de son sens musical (le « chantre des amours »), l'usage s'est restreint à la musique d'église.

Les chantres ont été longtemps considérés comme des membres du clergé ; ils étaient organisés, au Moyen Âge, selon une hiérarchie (sous-chantres, chantres, préchantres), qui faisait de leur état une véritable fonction ecclésiastique : le préchantre portait gants, anneau et bâton et venait immédiatement après l'évêque. Ils sont devenus, aujourd'hui, de simples employés d'église et tendent même à disparaître dans l'après-concile.

   Bien que l'on ait parfois, surtout aux XVe et XVIe siècles, employé le mot « chantre » pour les chanteurs de maîtrise, il a cessé d'avoir cours dans cette acception et s'est appliqué surtout aux chanteurs spécialisés chargés du plain-chant, et qui, même laïcs, pouvaient revêtir pour l'office des ornements ecclésiastiques, tels que soutane, surplis et chape, et prendre place dans le chœur comme de véritables ministres du culte.

chapeau chinois

Instrument à percussion d'origine orientale, employé dans certaines musiques militaires à partir du XVIIIe siècle, mais peu à peu abandonné dans le courant du XXe.

Il consiste en un croissant de métal garni de grelots et autres corps sonores, que font tinter les secousses imprimées à la hampe sur laquelle il est monté. Son aspect décoratif est généralement souligné par divers ornements : dôme en forme de cloche, queues de cheval, etc.

Chapelet (Francis)

Organiste français (Paris 1934).

Il aborde l'orgue à l'école César-Franck avec Édouard Souberbielle, avant d'entrer au Conservatoire de Paris. En 1961, il y obtient ses premiers prix d'orgue et d'improvisation. En 1964, il est nommé cotitulaire de l'orgue de Saint-Séverin, et commence une carrière internationale. Il se passionne pour la facture instrumentale, particulièrement celle des orgues espagnols. Il en devient un grand spécialiste, et signe les premiers enregistrements mondiaux réalisés sur nombre d'entre eux, dont celui de la cathédrale de Salamanque. Il explore le répertoire ibérique des XVIe et XVIIe siècles. En 1979, il crée l'Académie de Paredes-Fuentes de Nava, en Castille. Depuis 1980, il est professeur au Conservatoire de Bordeaux et, en 1981, le gouvernement espagnol le nomme expert pour les orgues historiques de Castille et de León. En 1994, il fait un voyage au Mexique pour y découvrir les orgues baroques. On lui doit plusieurs compositions pour son instrument.

chapelle

Au sens religieux, le terme de chapelle (dérivé de la chape, ou manteau, de saint Martin, conservée, selon la tradition, dans l'oratoire des rois de France) désigne un lieu de culte privé (chapelle d'un château, d'un couvent), par opposition à l'église (lieu de l'assemblée des fidèles) et à la cathédrale (siège de l'évêque). Par extension, le terme s'applique au personnel attaché à ce lieu de culte (« chapelain », prêtres, serviteurs laïques) et, particulièrement, aux chantres.

   La chapelle royale remonte aux origines de la royauté franque, mais Charlemagne et, surtout, Robert le Pieux en aménagèrent le service. Sous Charles VII, la chapelle comprenait 12 prêtres chantres, avec à leur tête Ockeghem. Elle se développa au XVIe siècle et comptait une cinquantaine de personnes sous Louis XIII. Louis XIV lui donna son extension définitive, lui adjoignant des instrumentistes nombreux, et autorisa les femmes à chanter à sa tribune. Le maître de la chapelle royale était un prélat, chargé des rapports de la musique et de la liturgie ; le chef effectif de la musique était le sous-maître (quatre à partir de Louis XIV). Les maisons princières eurent aussi leurs chapelles (celle des ducs de Bourgogne particulièrement importante au XVe siècle), mais, les entraînant peu à peu dans leur déclin, ne subsista finalement que la seule chapelle royale. Le Dauphin eut néanmoins sa chapelle particulière à Saint-Germain.

   En Allemagne, Kapell ou Capell désigna aussi à l'origine la musique privée d'un prince ; mais la distinction entre musique sacrée et musique profane s'effaça, et les villes libres s'attachèrent également des « chapelles », terme qui devint pratiquement synonyme d'orchestre.

   Le maître de chapelle est, en France, le chef d'un ensemble (vocal, instrumental) attaché à un édifice religieux, quel qu'il soit (chapelle privée, église, cathédrale) ; le Kapellmeister est, en Allemagne, un simple chef d'orchestre (l'équivalent allemand du maître de chapelle est alors le cantor).