Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Quatuor Hongrois

Quatuor à cordes en activité de 1935 à 1970.

De 1910 à 1923, un premier Quatuor hongrois avait été fondé sous l'impulsion de Bartók et Kodály. En 1935, Sandor Vegh, Peter Szervanski, Dénes Koromzay et Vilmos Palotaï sont respectivement premier et second violon, alto et violoncelle. En 1936, ils donnent la première hongroise du Cinquième Quatuor de Bartók, puis émigrent en Hollande dès 1937. Ils créent aussi des œuvres de Sandor Veress et Karl-Amadeus Hartmann. En 1936, Zoltan Szekely prend définitivement la place de Sandor Vegh, qui devient second violon jusqu'en 1940, avant d'être remplacé par Alexandre Moskowsky entre 1940 et 1959, puis Michaël Kuttner de 1959 à 1970. Gabriel Magyar succède à Palotaï en 1956. En 1950, le quatuor s'installe en résidence à Los Angeles à l'Université de Californie du Sud. En 1953 et 1966, deux intégrales discographiques des quatuors de Beethoven couronnent leur carrière internationale.

Quatuor Joachim

Fondé en 1851 par le violoniste Joseph Joachim, il a connu des configurations très diverses. Il s'est produit à Weimar en 1851 et 1852, a été reformé avec de nouveaux partenaires en 1852 à Hanovre, où son activité cesse en 1866, à Londres (1859-1897) et à Berlin (1869-1907) ­ cette dernière formation étant la plus connue. Aux côtés de J. Joachim : Ernst Schiever, second violon (la première année), puis Heinrich De Ahna (1871-1892), Johann Kruse (1892-1897), Karol Halir (1897-1907) ; à l'alto, Heinrich de Ahna (1869-70), Eduard Rappoli (1871-1877), Emmanuel Wirth (1877-1906) et Karl Klinger (1906-07) ; au violoncelle, Wilhelm Müller (1869-1879) puis Robert Hausmann (1879-1907). Dans ses diverses configurations ce quatuor s'est fait connaître en donnant plusieurs intégrales des quatuors de Beethoven. Il a aussi créé des quatuors de Brahms (no 2 et no 3), de Dvořák (no 10) et de Dohnanyi.

Quatuor Juilliard

Fondé à New York en 1946 par quatre professeurs de la Juilliard School (Robert Mann et Robert Koff, violons, Rafaël Hillyer, alto, et Arthur Winograd, violoncelle), il donne son premier concert devant Yehudi Menuhin et Zoltán Kodály. Il connaît très rapidement le succès, se produisant dans un répertoire qui mêle les œuvres classiques et romantiques aux partitions de compositeurs américains contemporains. Au long d'une cinquantaine d'années, il s'est produit dans de très nombreux pays et a réalisé trois intégrales discographiques des quatuors de Beethoven. Sa configuration a varié depuis ses débuts : Isidor Cohen, Earl Carlyn et Joel Smirnoff ont succédé à R. Koff au second violon ; Samuel Rhodes à R. Hillyer à l'alto ; Claus Adam et Joël Krosnick à A. Winograd au violoncelle.

Quatuor Kronos

Quatuor à cordes américain constitué en 1973.

Composé depuis 1978 de David Harrington, John Sherba, Hank Dutt et Joan Jeanrenaud, il se consacre exclusivement à la musique du XXe siècle et s'est imposé par son jeu décontracté et intelligent, sa séduction et son éclectisme. Son répertoire juxtapose des œuvres de Chostakovitch et de Jimmy Hendrix, de Morton Feldman et d'Astor Piazzola, de Terry Riley (création du magnifique Different Trains) et de Bill Evans, ainsi que des partitions dues à des compositeurs du Zimbabwe, de Gambie ou de l'Azerbaïdjan.

Quatuor Rosé

Fondé en 1882 par Arnold Rosé, il se produit à Vienne jusqu'en 1938, puis à Londres jusqu'en 1945, avec tout au long de son existence son fondateur au premier violon et, à ses côtés : Julius Eggard, puis Anton Loh, August Siebert, Siegmund Bachrirch et Paul Fischer au second violon ; Anton Loh, puis Siegmund Bachrirch, Hugo von Steiner, Anton Ruzitska et Max Handl à l'alto ; Eduard Rosé, puis Reimhold Hummer, Friedrich Buxbaum, Anton Walter et à nouveau Friedrich Buxbaum au violoncelle. Au long de six décennies d'activité, il a créé notamment le Quintette opus 111 de Brahms, la Nuit transfigurée, les Quatuors opus 7 et opus 10 et la Symphonie de chambre opus 9 de Schönberg, les Cinq Mouvements opus 5 de Webern et le Quatuor no 2 de Zemlinsky.

Quatuor Vegh

Fondé en Hongrie en 1940 par Sandor Vegh, avec Sandor Zöldy au second violon, Georges Janzer à l'alto et Paul Szabo au violoncelle, il se produit pendant quarante ans et il est en 1946 lauréat du Concours de Genève. La même année, Sandor Vegh s'installe à Paris, y entraînant son quatuor. En 1978, Philippe Naegel succède à S. Zöldy et B. Giuranna à G. Janzer. Grand interprète de Mozart, Schubert et Brahms, le Quatuor Vegh a assuré la création de plusieurs quatuors contemporains.

Quéffelec (Anne)

Pianiste française (Paris 1948).

Elle étudie d'abord à l'École normale de musique de Paris, puis au Conservatoire de Paris, où elle est l'élève de Lélia Gousseau. Elle y obtient un 1er Prix de piano en 1964 et, deux ans plus tard, un 1er Prix de musique de chambre (classe de Jean Hubeau). Elle se perfectionne ensuite auprès de Brendel, Demus et Badura-Skoda. 1er Prix du Concours de Munich en 1968 et de Leeds en 1969, elle se produit ensuite en récital et en formation de musique de chambre, en compagnie des violonistes Régis Pasquier, Pierre Amoyal, Patrice Fontanarosa, notamment.

querelle des gluckistes et des piccinnistes

Elle se déroula pour l'essentiel à Paris, entre 1776 et 1779, et opposa moins les compositeurs Gluck et Piccinni que leurs partisans respectifs, et ce pour des motifs où la musique ne fut pas seule en cause. En 1776, Gluck, qui avait déjà donné à Paris en 1774 Iphigénie en Aulide (sur un livret de Du Roullet) et la version française d'Alceste, travaillait à Vienne à Roland et à Armide. Il apprit alors que l'administration de l'Opéra avait proposé le premier de ces deux sujets à Piccinni, arrivé à Paris (venant de Naples) le 31 décembre 1776 : d'où une longue lettre de Gluck à Du Roullet, dans laquelle il déclara renoncer à Roland tout en vantant par avance son Armide. L'Armide de Gluck fut représentée à Paris le 23 septembre 1777, le Roland de Piccinni le 27 janvier 1778. L'un et l'autre travaillèrent ensuite à une Iphigénie en Tauride : celle de Gluck fut donnée à Paris le 18 mai 1779, celle de Piccinni en 1781 seulement, alors que Gluck avait pris sa retraite à Vienne.

   À la base de cette succession d'œuvres, le fait que les trois premiers opéras français de Gluck avaient partagé Paris en deux clans, les adversaires de Gluck, avec, à leur tête, La Harpe, Marmontel et d'Alembert, lui reprochant à la fois son origine étrangère (sans voir qu'il poursuivait dans une certaine mesure la tradition de Lully et de Rameau) et de s'être trop écarté de l'idéal italien. Piccinni, quand on fit appel à lui, se trouvait au sommet de sa gloire. Il ne se rendit d'ailleurs pas compte du rôle qu'on souhaitait lui faire jouer. L'entreprise, et c'est l'essentiel, se trouvait faussée au départ. Loin d'opposer à Gluck, en la personne de Piccinni, un représentant typique de l'ancien opéra italien, et donc d'essayer de prouver que l'opera seria n'avait pas été détrôné par les « réformes » de l'auteur d'Alceste, on le fit travailler, lui aussi, sur un livret français (Roland), dans une langue qu'il savait à peine. Le succès d'Armide dépassa nettement celui de Roland. Avec Iphigénie en Tauride, Gluck obtint son plus grand triomphe. Piccinni parvint à s'imposer, mais avec un de ses anciens opéras bouffes, La buona figliola (1760), et non avec sa propre Iphigénie en Tauride. La bataille entre l'opéra « dramatique » (Gluck) et l'opéra « musical » (Piccinni) ne fut donc pas livrée. Et c'est Mozart qui, sur ces entrefaites, sans proclamations ni manifestes, devait montrer comment la transcender.