Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
S

silence

Interruption ou absence du son.

Dans la notation, signe signifiant cette interruption, qu'elle soit ou non mesurée.

sillet

Petite pièce de bois dur (ébène), ivoire ou métal, située en haut de la touche des instruments à cordes ; le sillet est entaillé de crans par où passent les cordes.

Siloti (Alexandre Illitch)
ou Alexandre Illitch Ziloti

Pianiste, chef d'orchestre et organisateur de concerts russe (Kharkov 1863 – New York 1945).

Cousin de Rachmaninov, il entra à huit ans au conservatoire de Moscou dans la classe de N. Zverev, puis en 1875 dans celle de Nicolas Rubinstein. En 1883, il alla se perfectionner chez Liszt à Weimar. Ses souvenirs sur Liszt, qu'il publia en 1911, contiennent d'intéressants témoignages. De 1888 à 1891, il enseigna le piano au conservatoire de Moscou. De 1891 à 1900, il vécut en France et effectua des tournées de concerts en Europe. Rentré en Russie, il fonda en 1903 à Saint-Pétersbourg les Concerts qui prirent son nom et qui furent jusqu'en 1919 l'un des principaux centres d'intérêt de la vie musicale de cette ville. Ils révélèrent, entre autres, des œuvres de Prokofiev, Stravinski et Scriabine. Nombre d'artistes étrangers y participèrent : Max Reger, Arthur Nikisch, Félix Mottl, Alfred Cortot, Jacques Thibaut, Eugène Isaye, Wanda Landowska. En 1919, Siloti émigra aux États-Unis où il poursuivit une carrière de pianiste, et fut nommé en 1926 professeur de piano à la Juilliard School.

Silvestrov (Valentin Vassilievitch)

Compositeur ukrainien (Kiev 1937).

Il fait ses études à l'école de musique puis au conservatoire de sa ville natale, sous la direction de Boris Lyatochinski, notamment. Esprit ouvert aux courants esthétiques et aux techniques musicales occidentales, Silvestrov s'attire vite la suspicion des autorités communistes, qui lui ferment les portes des circuits officiels après la création de son Quintette avec piano (1961). Mais sa Symphonie no 3 gagne, en 1967, un prix de la Fondation Koussevitzky, aux États-Unis, tandis qu'Hymnes sera couronnée par la Fondation Gaudeamus, aux Pays-Bas (1970). L'esthétique de Silvestrov se caractérise par la volonté de faire cohabiter plusieurs styles musicaux à la fois ­ dodécaphonisme, modalité ­ avec des réminiscences de musique tonale (Kitsch-Musik pour piano, 1977). La Symphonie no 2 (1965) ou la Sérénade pour orchestre à cordes (1978) montrent une volonté de mettre en place un système recherché, esthétisant en quelque sorte, raffiné, fait de dérapages étudiés, d'inconséquences voulues. Silvestrov a composé par ailleurs six symphonies, ainsi que Misteria pour flûte, alto et percussion (1964), Meditatsia pour orchestre de chambre (1972), un Quatuor à cordes (1974), Widmung-Concerto pour violon et orchestre (1990-91), le poème symphonique Metamusik (1992).

Simionato (Giulietta)

Mezzo-soprano italienne (Forli 1910).

En 1933, elle obtient le premier prix au concours de bel canto à Florence. Malgré cette récompense, ses débuts furent difficiles. Elle chanta des petits rôles dans les opéras de la province italienne avant d'être engagée à la Scala de Milan en 1940. Mais, là encore, les grands emplois lui furent bloqués par ses aînées, Pederzini et Stignani. C'est seulement avec le déclin de ces grandes devancières que Giulietta Simionato put s'affirmer. Sa voix s'étant dans l'intervalle élargie, elle passa des emplois rossiniens de mezzo-coloratura aux rôles verdiens : Amneris, Azucena, Ulrica. La Favorite de Donizetti compta aussi parmi ses grands succès, ainsi que Jane Seymour dans Anna Bolena (avec Maria Callas). Sa voix vibrante au timbre caractéristique était d'une longueur exceptionnelle lui permettant d'aborder le rôle de soprano dramatique de Valentine dans la reprise des Huguenots à la Scala de Milan en 1962.

   Elle fit une carrière internationale, chantant aux États-Unis, en Angleterre, en France et en Allemagne. Carmen et Orphée figurèrent encore parmi ses grands rôles. Son tempérament dramatique, ses dons d'actrice, son style accompli firent d'elle une des grandes cantatrices italiennes de l'après-guerre.

Simoneau (Léopold)

Ténor canadien (Montréal 1920).

Il débuta dans sa ville natale en 1943 (rôle de Basile dans les Noces de Figaro de Mozart). Il allait devenir en peu d'années le plus grand ténor mozartien de l'après-guerre. Très à l'aise aussi dans le répertoire français, il chanta beaucoup à Paris entre 1947 et 1950. Ses interprétations de Nadir (les Pêcheurs de perles) et de Wilhelm (Mignon) étaient renommées. Il a fait une carrière internationale qu'il abandonna de bonne heure ­ il n'avait pas quarante ans ­ pour se consacrer entièrement à l'enseignement.

Simpson (Robert)

Compositeur anglais (Leamington 1921 – ? 1997).

Il se tourna d'abord vers la médecine, puis étudia l'harmonie et le contrepoint avec Herbert Howells (1942-1946). Il travailla au département musical de la BBC de 1951 à 1980, donnant au bout de trente ans sa démission sur des questions de programmation. Comme compositeur Simpson est essentiellement un symphoniste.Après quatre symphonies de jeunesse détruites par lui, et dont l'une avait fait usage de techniques sérielles, il en écrivit onze en quarante ans (1951, 1956, 1962, 1971-72, 1972, 1976, 1977, 1982, 1986, 1989, 1991), et ces œuvres le situent dans la descendance d'une part de Haydn et Beethoven, d'autre part et surtout de Nielsen et Sibelius.

   La plus évidente de ces influences est celle de Nielsen, en particulier dans le traitement de la tonalité. Comme celles du compositeur danois, les symphonies de Simpson font usage de la « tonalité évolutive », sont organisées autour de plusieurs pôles tonaux dont on ignore, avant la fin, lequel prendra le dessus. À noter cependant qu'à l'époque de sa Symphonie no 1, dont les pôles tonaux sont mi bémol et la, Simpson ne connaissait rien de Nielsen. On lui doit aussi, entre autres, une Sonate pour piano (1946), Variations et Finale sur un thème de Haydn pour piano (1948), un Concerto pour violon (1957-1959) un Concerto pour piano (1967), un Quintette avec clarinette (1968), un Quatuor pour cor, piano, violon et violoncelle (1976), des Variations sur un thème de Nielsen (1986) et quinze Quatuors à cordes (de 1951 aux années 1990). Parmi ses écrits et ses livres, d'une grande pénétration et d'une grande intelligence, il faut citer Carl Nielsen, Symphonist (Londres, 1952, 2e éd. rév. 1979), Sibelius and Nielsen (Londres, 1965), The Essence of Bruckner (Londres, 1967, 2e éd. 1977) et Beethoven Symphonies (Londres, 1970).