Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
A

anacrouse

Note ou groupe de notes dépourvues d'accentuation, commençant une phrase musicale ou une composition, et précédant immédiatement le premier temps fort.

Exemple : Bach, Invention n° 3.

analyse (gr. analusis ; « décomposition »)

L'analyse consiste à étudier une œuvre pour en définir la forme, la tonalité, la structure, le rythme, l'harmonie, l'orchestration, la thématique, la mélodie, la dynamique, etc. Au XXe siècle, l'analyse doit tenir compte des influences musicales primitives et extraeuropéennes, et non plus être fondée uniquement sur des données de forme et d'harmonie tonale, comme au XIXe siècle. Avec la musique sérielle, l'analyse devient un exercice beaucoup plus intellectuel que musical. « Le premier devoir de l'analyse musicale est de montrer les fonctions des différentes sections ; le côté thématique est secondaire » (A. Webern).

   Il y a actuellement trois classes d'analyse au Conservatoire de Paris.

anapeste

Pied ou unité rythmique de la poésie grecque et latine, formé de l'union de deux syllabes brèves et d'une longue, et indiqué par les signes

.

L'origine du quatrième mode rythmique (

), aux XIIe et XIIIe siècles, est en fait anapestique, la noire étant considérée alors comme une autre valeur brève.

anatole

Dans le jargon des musiciens de jazz français, type le plus courant de thème de jazz. L'anatole comporte quatre phrases de huit mesures (soit trente-deux mesures), dont les deux premières et la dernière, de structure identique, mettent en valeur la tonique, tandis que la troisième, dite bridge (pont) ou middle-part, introduit, de dominante en dominante, trois modulations passagères. Le modèle de l'anatole a été fourni par Gershwin avec I Got Rhythm.

Ancerl (Karel)

Chef d'orchestre tchèque (Tucapy, sud de la Tchécoslovaquie, 1908 – Toronto, Canada, 1973).

Né dans un milieu paysan, il étudia la composition au conservatoire de Prague avec A. Hába, et la direction d'orchestre, notamment, avec V. Talich et H. Scherchen, dont il fut l'assistant. À partir de 1931, il dirigea à l'Opéra de Prague et, à partir de 1933, à la radio de cette ville. Il entama alors une carrière internationale. Après un long séjour dans les camps de concentration durant la guerre, il reprit ses activités à l'Opéra de Prague et à la direction de la Philharmonie tchèque. Contraint à l'exil après le « Printemps de Prague », dont il fut l'un des artisans, il se réfugia aux États-Unis et devint directeur de l'Orchestre symphonique de Toronto. Il demeure célèbre pour les interprétations de ses compatriotes Dvořák, Smetana, Janáček, Martinů, mais aussi pour celles de Bartók, Stravinski et Prokofiev.

anche

Languette fine et élastique en bois (roseau) ou en métal (laiton), qui est introduite dans l'embouchure des instruments à vent. (Cette languette peut encore être en argent [Chine, Japon] ou en paille [Soudan, Égypte].) L'anche entre en vibration grâce au souffle du joueur ou à l'air d'un soufflet, et communique cette vibration à la colonne d'air contenue dans le tube de l'instrument.

Il y a trois sortes d'anches : l'anche simple, qui ne comporte qu'une seule languette (ex. : clarinette, saxophone) ; l'anche double, qui comporte deux languettes superposées (ex. : hautbois, basson) ; et l'anche libre, qui vibre en avant et en arrière à l'entrée d'une ouverture qu'elle ferme momentanément au passage de l'air (ex. : tuyaux d'orgue).

   À l'orgue, toute une famille de jeux est dite « jeux d'anches » ou « jeux à anche ». Le son est émis par une languette (dont la longueur est ajustable pour l'accordage au moyen d'une tige, la rasette) battant sur une gouttière métallique, l'anche proprement dite. Le tuyau sert de résonateur aux vibrations émises par la languette ; son diamètre, sa forme et sa longueur déterminent le timbre et la puissance du son.

   Les grands tuyaux coniques donnent le plus grand éclat : ce sont les jeux du type trompette ou du type chalumeau (s'ils sont de taille étroite).

   Les tuyaux à corps raccourci et à résonateur fournissent à la famille des anches les jeux de régale, de ranquette, de douçaine, de clarinette et, principalement, de cromorne et de voix humaine.

Anchieta (Juande)

Compositeur espagnol (Azpeitia, province de Guipúzcoa, 1462 – id. 1523).

Chantre à la chapelle d'Isabelle de Castille et de Ferdinand d'Aragon (1489), maître de musique du prince don Juan (1495), puis abbé à Arbos (1499), il retourna, en 1504, à Azpeitia, où il fut recteur jusqu'à sa mort. Parallèlement, il exerça une charge de maître de musique à la cour de Charles V (1519). Considéré comme l'un des fondateurs de l'école polyphonique espagnole, Anchieta n'a retenu de l'art des Flamands que ce qui était nécessaire à un expressionnisme dramatique caractéristique du style national. Il a souvent construit ses œuvres religieuses sur des thèmes profanes ; ainsi sa messe Eia Judios s'inspire-t-elle d'une chanson populaire évoquant les persécutions contre les juifs. Il a laissé des messes, plusieurs motets et des chansons polyphoniques profanes.

Anda (Geza)

Pianiste suisse d'origine hongroise (Budapest 1921 – Zurich 1976).

Il fit ses études de piano dans son pays natal auprès de E. von Dohnanyi et débuta à Budapest sous la baguette de W. Mengelberg. Il prit la nationalité helvétique en 1942 et vécut dès lors en Suisse. Parallèlement à sa carrière de virtuose, il fut titulaire d'une classe de perfectionnement pianistique à Lucerne, poste où il succéda à Edwin Fischer. Pianiste au jeu maîtrisé, au style très pur, Anda est resté célèbre pour ses interprétations de Mozart, Brahms et Bartók.

andante (ital. ; « en allant », « en marchant »)

Ce terme, apparu vers la fin du XVIIe siècle, désigna longtemps un tempo modéré, se situant entre l'adagio et l'allegro. Ce n'est qu'à l'époque romantique que son sens se modifia et qu'il indiqua un mouvement plus lent, se rapprochant de celui de l'adagio. N'étant pas très précis, le mot andante est souvent qualifié : par exemple, andante-allegro, andante ma adagio, andante sostenuto, andante cantabile. Le terme est parfois utilisé comme titre de morceau (Schumann : Andante et variations pour deux claviers op. 46), ou, souvent, comme titre de mouvement, par exemple dans une symphonie.