Youmans (Vincent)
Compositeur américain (New York 1895 – id. 1938).
D'abord assistant de Victor Herberg (1859-1924), l'un des précurseurs de l'opérette américaine, il débuta à Broadway en 1923 avec Wildflower. Ce galop d'essai fut immédiatement suivi d'un coup de maître : No No Nanette, dont le triomphe en 1924 se répercuta dans le monde entier. Aucune de ses autres comédies musicales Night Out (1925), Hit the Deck (1927), Smiles (1930), Through the Years (1932) ne devait l'égaler en popularité.
Young (La Monte)
Compositeur américain (Bern, Idaho, 1935).
Après des études musicales à Los Angeles, à l'université de Berkeley et à New York (musique électronique avec Richard Maxfield), il commence à composer dans un style dodécaphonique dont il se détournera vite. Il travaille un moment avec Terry Riley pour la direction musicale de la troupe de danse d'Ann Halpern. En 1962, il fonde son propre atelier, The Theatre of Eternal Music, où il commence à réaliser ses projets de musique minimale à base de notes tenues sur des durées infinies. Avec le peintre et artiste cinétique Marian Zazeela, qu'il a épousée en 1963, il conçoit des spectacles de sons et de lumières se déroulant sur des heures ou des journées dans une « dream house » (maison du rêve). Il a l'occasion de fortifier ses conceptions en faveur d'une musique méditative en étudiant le style vocal Kirana auprès d'un musicien indien, le pandit Pran Nath, qu'il accompagne dans des tournées comme joueur de tampura.
Son projet se catalyse dans une œuvre globale et infinie, conçue en 1964, The Tortoise, his Dreams and Journeys (« la Tortue, ses rêves et ses voyages »), comprenant un grand nombre de sections durant chacune jusqu'à une semaine, utilisant des sons électroniques immobiles, des interventions vocales et instrumentales (cordes), et des effets lumineux et devant se jouer, dans l'idéal, éternellement. Un grand nombre de ses pièces des années 70 s'inscrivent dans le cadre de ce projet global. Enfin, à la fin des années 70, il reprend une œuvre de 1964, fondée sur le principe d'un accord « juste », non tempéré, du piano, The Well Tuned Piano (« le Piano bien accordé »).
Ysaye (Eugène)
Violoniste, chef d'orchestre et compositeur belge (Liège 1858 – Bruxelles 1931).
Dès l'âge de quatre ans, il étudia le violon avec son père, et en 1865, entra au conservatoire de Liège. Il y obtint un deuxième prix en 1867, puis, après avoir quitté l'établissement durant deux ans, un premier prix en 1873 et une médaille d'argent en 1874. Il étudia ensuite au conservatoire de Bruxelles avec Wieniawski, puis à Paris pendant trois ans avec Vieuxtemps. En 1879, il devint premier violon de l'orchestre Bisle à Berlin, puis fit des tournées avant de s'installer à Paris (1883-1886). Il enseigna ensuite pendant douze ans au conservatoire de Bruxelles, où il fonda les Concerts Ysaye, destinés à promouvoir le répertoire belge et français contemporain. Il fit ses débuts à Londres en 1889, et en 1894, effectua la première de ses huit tournées aux États-Unis. Son agilité ayant diminué, il se tourna aussi vers la direction d'orchestre, et de 1918 à 1922 fut à la tête de l'Orchestre symphonique de Cincinnati. En 1922, il retourna à Bruxelles et y rétablit les Concerts Ysaye.
Il transmit au XXe siècle la tradition de Vieuxtemps et de Wieniawski, en particulier leur intense vibrato, et développa une sonorité unique dont Kreisler devait se faire l'émule. Pionnier de l'école moderne de violon, il était révéré comme un maître par des artistes tels que Jacques Thibaud, George Enesco ou Joseph Szigeti. Au cours de son séjour à Paris, il se lia avec de nombreux compositeurs de l'époque : il reçut en dédicace, outre la Sonate de Guillaume Lekeu, celle de César Franck, le Poème et le Concert de Chausson, ainsi que le Quatuor, les Nocturnes et Pelléas et Mélisande de Debussy. Du concours international Eugène-Ysaye, fondé en 1937 et devenu plus tard volet du concours Reine-Élisabeth, le premier lauréat fut David Oïstrakh. Comme compositeur, il écrivit notamment un Poème élégiaque pour violon et orchestre op. 12 (v. 1895), dont Chausson s'inspira pour son Poème, et six sonates pour violon seul op. 27 (1924).
Yun (Isang)
Compositeur coréen (Tongyong 1917 – Berlin 1995).
Il étudia les techniques européennes de composition en Corée et au Japon de 1939 à 1943, et enseigna dans sa ville natale à partir de 1946, puis de 1954 à 1956 à Séoul. Il compléta sa formation à Paris et surtout à Berlin (1956-1959), notamment avec Boris Blacher et Josef Rufer. Installé à Berlin à partir de 1964, il y fut enlevé en 1968 par les services secrets de son pays, sous l'accusation d'espionnage, et incarcéré à Séoul. Deux fois condamné à mort, il fut libéré en 1969, et regagna Berlin. Il a enseigné à l'École supérieure de musique de Hanovre en 1969-70, et a obtenu une classe de composition à l'École supérieure de musique et des arts figuratifs de Berlin en 1970. De 1973 à 1985, il a enseigné à l'Académie des arts de Berlin.
On lui doit notamment Musique pour sept instruments (1959), un 3e Quatuor à cordes (1959), Scène symphonique pour orchestre (1960), Loyang pour orchestre de chambre (1962), Garak pour flûte et piano (1963), Fluktuationen (1964) et Reak (1966) pour orchestre, Tuyaux sonores pour orgue (1967), Glissées pour violoncelle (1970), Konzertante Figuren pour orchestre de chambre (1972), Harmonia pour vents, harpe (ou piano) et percussion (1974), un Concerto pour violoncelle (1976), un Concerto pour flûte et orchestre de chambre (1977), un Double Concerto pour hautbois, harpe et orchestre de chambre (1977), Namo pour trois sopranos et orchestre (1978), un Concerto pour clarinette (1981) et deux pour violon (1982 et 1986), cinq Symphonies, une Symphonie de chambre no 1 (1988), Silla, légende pour orchestre (1992), Quatuor à cordes no 6 (1993), Concerto pour violon no 3 (1993), Anges en flammes (1994) et les opéras Der Traum des Liu-Tung (1965 ; Nuremberg, 1969), Die Witwe des Schmetterlings (1968 ; Nuremberg, 1969), Geisterliebe (1969-70 ; Kiel, 1971) et Sim Tjong (1971-72 ; Munich, 1972).