Pierlot (Pierre)
Hautboïste français (Paris 1921 – id. 2007).
Formé au Conservatoire national supérieur de musique, il est membre fondateur du Quintette à vents français (1942) et de l'Ensemble baroque de Paris (1950), et remporte en 1949 le premier prix du Concours international de Genève, qui lui ouvre une brillante carrière de concertiste. Hautbois solo de l'Opéra-Comique, puis de l'Opéra jusqu'en 1981, Pierre Pierlot n'en participe pas moins à de nombreux concerts et enregistrements avec divers orchestres et ensembles de musique de chambre, notamment le Quintette à vents de Paris, où il a pour partenaires Jean-Pierre Rampal (flûte), Jacques Lancelot (clarinette), Gilbert Coursier (cor) et Paul Hongne (basson). Professeur au Conservatoire depuis 1969, il poursuit actuellement son activité de virtuose et de pédagogue, fait partie de plusieurs jurys internationaux, et enseigne aussi à l'Académie de Nice. La réputation de l'école française moderne de hautbois lui doit beaucoup.
Pierné (Gabriel)
Compositeur et chef d'orchestre français (Metz 1863 – Ploujean, Finistère, 1937).
Dès l'âge de cinq ans, il étudie le solfège au conservatoire de Metz. En 1871, il entre au Conservatoire de Paris dans les classes de Lavignac (solfège), Marmontel (piano), Durand (harmonie), Franck (orgue) et Massenet (composition). Il obtient de nombreuses récompenses, en attendant le grand prix de Rome en 1882. Auparavant, il a écrit plusieurs œuvres, dont la Sérénade pour piano, devenue célèbre. À Rome, il termine son premier opéra-comique, le Chemin de l'amour, et une légende dramatique pour chœur et orchestre, les Elfes, dont un des numéros, « Je maudis ma puissance », entrera au répertoire de nombreuses chorales françaises. Il compose des mélodies, des chœurs, des pages instrumentales ou symphoniques (Fantaisie-ballet pour piano et orchestre, 1885), des scènes lyriques. En 1891, il écrit le Collier de saphir, pantomime de Catulle Mendès. Successeur de Franck aux orgues de Sainte-Clotilde (1890), il occupe ce poste jusqu'en 1898.
Musicien aux abondantes trouvailles mélodiques, orchestrateur raffiné, Gabriel Pierné se fait apprécier pour ses musiques de scène (la Samaritaine, 1897), ses ouvrages lyriques ou dramatiques (la Coupe enchantée, 1895, création à Paris en 1905 ; Vendée, 1897). En 1905, les concerts Colonne présentent sa Croisade des enfants, oratorio utilisant à merveille les voix enfantines. Les Enfants à Bethléem (1907) et Saint François d'Assise (1912) expriment également sa foi lumineuse transmise par César Franck. En 1908, il écrit la musique de scène pour la pièce de P. Loti, Ramuntcho, créée au théâtre de l'Odéon. En 1910, il devient chef d'orchestre des concerts Colonne, en remplacement d'Édouard Colonne, qu'il secondait depuis 1903.
Il met volontiers cette nouvelle activité au service de ses contemporains, et crée un grand nombre d'œuvres nouvelles, parmi lesquelles les siennes figurent rarement. Mais il ne cesse pas d'écrire : en témoignent le ballet Cydalise et le Chèvrepied (1923), la comédie lyrique Sophie Arnould (1927), l'opérette Fragonard (1934), Trois Pièces en trio (1936). Dans ses œuvres scéniques, Pierné reflète l'influence de son maître Massenet.
Parallèlement à ses activités de chef d'orchestre et de compositeur, Pierné s'est penché sur l'enseignement musical en France.
Pierre (Francis)
Harpiste français (Amiens 1931).
Il est l'élève de Lily Laskine au Conservatoire de Paris, puis de Pierre Jamet. Passionné par la musique contemporaine, il travaille notamment avec Pierre Boulez et Bruno Maderna, entre 1960 et 1970. En 1967, il est harpiste solo de l'Orchestre de Paris. En 1972, il fonde le Trio Debussy où s'adjoignent à la harpe un alto et une flûte. Il a créé notamment la Sonate de Milhaud, Circles, Sequenza II et Chemins I de Berio, Tranche de Betsy Jolas et des pièces de Bussotti. Il travaille aussi à l'Ensemble InterContemporain et, depuis 1985, enseigne au Conservatoire de Paris.
Pierre (Odile)
Organiste française (Pont-Audemer 1932).
À l'âge de sept ans, elle entend un concert de Marcel Dupré à Rouen qui décide de sa vocation. Déjà organiste et chef de chœur en 1947 à Barentin, elle entre au Conservatoire de Paris. Elle y étudie l'orgue et l'improvisation avec Dupré, l'harmonie avec Duruflé, et la fugue. De 1969 à 1979, elle est titulaire des grandes orgues de la Madeleine à Paris. Elle poursuit une carrière de soliste, jouant dans les plus importants festivals. En récital, elle aime défendre l'école française en interprétant Alexandre Guilmant, Louis Vierne et Charles-Marie Widor. Après avoir enseigné onze ans au Conservatoire de Rouen, elle est professeur au C.N.R. de Paris. Depuis 1991, elle donne des master-classes à Perugia, et elle a composé plusieurs pièces pour son instrument.
piffaro
ou piffero
Terme italien extrêmement vague qui désigne aussi bien une petite flûte sans clés qu'un petit instrument à anche, également dépourvu de clés.
Dans la région des Abruzzes, les bergers se muaient en « pifferari » pour célébrer Noël. Le nom de « piffaro » est également donné à un jeu de l'orgue, proche de la « voix humaine », que caractérise une sorte de vibrato.
Pijper (Willem)
Compositeur néerlandais (Zeist 1894 – Leidschendam 1947).
Élève de Johan Wagenaar à Utrecht, il lui dédia sa première œuvre importante, le Quatuor à cordes no 1 (1914), assez influencé par Wagner et Brahms, mais utilisant déjà d'audacieuses superpositions polytonales. Dans le sillage de la musique française s'inscrivirent au contraire les Fêtes galantes pour mezzo-soprano et orchestre (1916), d'après Verlaine, et la Romance sans paroles pour soprano et orchestre (1918). L'influence de Mahler est sensible dans la Symphonie no 1 (1917), dédiée à Willem Mengelberg et d'une durée d'une quinzaine de minutes seulement. Celle de Debussy ne tarda pas à s'y superposer, et Pijper fut un des premiers, en Europe, à réaliser une harmonieuse synthèse de ces deux maîtres si dissemblables.
Cette synthèse se manifesta nettement vers 1920, et tout d'abord dans plusieurs ouvrages de musique de chambre : Sonate pour violon no 1 (1919), Sonate pour violoncelle no 1 (1919), Septuor pour 5 instruments à vent, contrebasse et piano (1920), Quatuor à cordes no 2 (1920), Trio pour piano no 2 (1921). Dans ces partitions, Pijper développa également une technique très personnelle de croissance organique à partir d'une brève cellule mélodico-harmonique. Depuis 1918, il avait exercé diverses activités d'enseignement et de critique qui devaient aboutir à sa nomination comme professeur de composition au conservatoire d'Amsterdam (1925-1930), puis comme directeur de celui de Rotterdam (1930-1947). Il forma ainsi beaucoup de compositeurs de la génération suivante, parmi lesquels Henk Badings et Kees Van Baaren, et exerça par ses écrits (plus de six cents dont beaucoup réunis en volumes) une forte influence sur la vie musicale de son pays.
En 1922 fut donnée, sous la direction de Mengelberg, la Symphonie no 2. Suivirent la Sonate pour violon no 2 (1922), le Sextuor pour 5 instruments à vent et piano (1923), le Quatuor à cordes no 3 (1923), la Sonate pour violoncelle no 2 (1924), la Sonate pour flûte (1925) et les Sonatines pour piano. En 1926 fut composée la Symphonie no 3, dédiée à Pierre Monteux, qui la créa la même année : œuvre encore plus concentrée, écrite pour un orchestre moins nombreux, que les deux symphonies précédentes. Elle n'a qu'un seul mouvement, subdivisé en 5 courtes sections dont la dernière porte en exergue l'inscription, tirée de Virgile : Flectere si nequeo superos, Acheronta movebo (Si je ne puis fléchir les dieux, je mettrai en mouvement l'Achéron). En 1927, Monteux créa aussi le Concerto pour piano, en sept brefs mouvements. En 1928, pour le 40e anniversaire de l'Orchestre du Concertgebouw fut donnée une autre partition essentielle, les Six Épigrammes symphoniques, d'une concision évoquant Webern et portant cette fois en exergue une phrase du 2e acte d'Hamlet de Shakespeare : Since brevity is the soul of wit… I will be brief (La brièveté étant l'âme de l'esprit… je serai bref).
Ensuite, Pijper se tourna de nouveau vers la musique de chambre : Trio pour flûte, clarinette et basson (1927), Quatuor à cordes no 4 (1928), Quintette à vents (1929), Sonate pour 2 pianos (1935). Il y eut également une musique de scène pour la Tempête de Shakespeare (1930), un concerto pour violoncelle (1936) et un pour violon (1939), les Six Adagios pour orchestre (1940), ainsi que deux opéras, Halewijn (1932-1934) et Merlijn (1939-1946). Le second de ces opéras et le Quatuor à cordes no 5 demeurèrent inachevés.
Après la tension des années 1920-1933, la musique des dernières années de Pijper devint plus lyrique, plus apaisée. Excellent pédagogue, critique avisé, harmoniste raffiné, esprit intéressé à tout, ce calviniste rigoureux reste le plus grand compositeur néerlandais de la première moitié du XXe siècle.