Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Landon (Howard Chandler Robbins)

Musicologue américain (Boston 1926).

Élève de Karl Geiringer à l'université de sa ville natale (1945-1947), il fonda, en 1949, à Boston et à Vienne, la Haydn Society, dont il devint immédiatement secrétaire général et qui, jusqu'à sa dissolution en 1951, poursuivit l'édition des œuvres complètes de ce compositeur et en fit paraître un grand nombre (dont la plupart pour la première fois) sur disque. Landon publia ensuite un ouvrage fondamental, The Symphonies of Joseph Haydn (Londres, 1955 ; suppl., 1961). On lui doit également la première édition complète, réalisée dans les années 60, des symphonies de Haydn. Il a aussi publié sur Haydn, outre de nombreux articles, un ouvrage monumental en cinq volumes, Haydn : Chronicle and Works (Londres, 1976-1980), auquel est venu s'ajouter en 1981 un sixième volume, surtout iconographique (édit. franç., Paris, 1981). Outre ses symphonies, Landon a édité un grand nombre d'œuvres de Haydn, ainsi que sa correspondance (The Collected Correspondence and London Notebooks of Joseph Haydn, Londres, 1959). Et depuis 1962 il édite le Haydn Yearbook (Haydn Jahrbuch). Nul n'a fait plus que lui pour la renaissance de Haydn auprès du public, depuis la Seconde Guerre mondiale. Il a édité avec Donald Mitchell A Mozart Companion (Londres, 1956) et publié Beethoven : A Documentary Study (Londres, 1970, vers. all. Beethoven : Sein Leben und seine Welt in zeitgenössischen Bildern und Texten, Vienne, 1970). Il a enseigné au Queens College, à New York (1969), à l'université de Californie, à Davis (1970) et à l'université de Cardiff (1978). Il a publié également Mozart and the Masons (1983), 1791 : Mozart's last year (1988), Mozart : The Golden years (1989), Mozart and Vienna (1993), et édité The Mozart Compendium (1991).

Landormy (Paul)

Critique musical français (Issy-les-Moulineaux 1869 – Paris 1943).

Agrégé de philosophie, il fut critique musical à la Victoire, au Figaro et au Temps. Il publia des monographies sur Brahms, Schubert, Gounod, Bizet, des études sur la musique française, et dirigea, chez Mellotée, la collection les Chefs-d'œuvre de la musique expliqués. Ses ouvrages sont moins d'un historien que d'un critique, dont les jugements apparaissent souvent tributaires du goût de son époque.

Landowska (Wanda)

Pianiste et claveciniste polonaise (Varsovie 1879 – Lakeville, États-Unis, 1959).

À l'âge de quatre ans, elle commença l'étude du piano avec J. Kleczinski, spécialiste renommé de Chopin. Après avoir suivi l'enseignement de A. Michalowski au conservatoire de Varsovie, elle quitta, en 1896, la Pologne pour Berlin, où professait H. Urban (également professeur de Paderewski et de Hofmann). Passionnée de musique vocale et de clavecin, Wanda Landowska trouva à Paris (1900-1913) un milieu favorable à l'épanouissement de ses idées, dans l'entourage de la Schola cantorum et de musicologues de renom (J. Ecorcheville, A. Pirro, L. de la Laurencie, Ch. Bordes, H. Expert, etc.).

   Wanda Landowska allait devenir le porte-drapeau inspiré du renouveau de la musique ancienne. En 1903, elle donna un premier récital de clavecin, point de départ d'un combat acharné qu'elle mena sur tous les fronts, en jouant, en écrivant de nombreux articles (Bach et ses interprètes, 1905), un livre en forme de profession de foi (Musique ancienne, 1909) et en faisant évoluer la facture du clavecin. Sur le nouveau pleyel modifié par Gustave Lyon d'après ses conseils ­ dans le sens d'une plus grande coloration, grâce à l'adjonction d'un double clavier et d'un jeu grave de seize pieds ­, elle joua Bach à Breslau en 1912. L'Académie royale de Berlin créa pour elle une classe de clavecin qu'elle dirigea de 1913 à 1919. Retenue contre son gré en Allemagne pendant la guerre, elle enseigna ensuite à Bâle et à Paris (à l'École normale et à la Sorbonne), avant de partir à la conquête des États-Unis en 1923 avec quatre clavecins et l'aide bienveillante de L. Stokowski. Elle y enregistra son premier disque. Mais c'est dans sa propre école de musique ancienne, à Saint-Leu-la-Forêt, à partir de 1925, que Wanda Landowska allait initier la génération montante de jeunes clavecinistes (R. Kirkpatrick, R. Puyana, C. Curzon, R. Gerlin, A. van de Wiele, I. Nef, etc.). Une salle de concerts y fut installée (1927) ; elle l'inaugura avec A. Cortot. Obligée de fuir en 1940 en abandonnant sa bibliothèque de 10 000 volumes et sa collection d'instruments anciens, elle gagna les États-Unis, où elle séjourna et travailla jusqu'à sa mort, enregistrant l'intégrale du Clavier bien tempéré de Bach et les œuvres que lui dédièrent M. de Falla (Concerto pour clavecin, 1925) et F. Poulenc (Concert champêtre, 1928), poursuivant sa tâche par l'exemple et par l'écrit. Wanda Landowska a débarrassé le clavecin du carcan des fausses traditions, en prônant le droit à l'invention et à la liberté, dans le respect de l'esprit de chaque œuvre. Cette volonté de rendre sa vitalité à un instrument, jusque-là guindé et quelque peu blafard, explique les outrances d'expression et de coloration qu'elle obtenait dans un grandiose ferraillement. Il serait injuste de s'y arrêter en ignorant la véritable grandeur de l'artiste, telle par exemple qu'on peut la découvrir dans ses enregistrements de Mozart au piano, d'une pureté inégalée.

Landowski (Marcel)

Compositeur français (Pont-l'Abbé, Finistère, 1915 – Paris 1999).

Fils du sculpteur d'origine polonaise Paul Landowski, il est aussi par sa mère un descendant du compositeur Vieuxtemps. Très jeune, il montre d'évidentes dispositions pour la musique et prend des leçons de piano avec Marguerite Long. Après avoir terminé ses études secondaires, il est l'élève, au Conservatoire de Paris, de Noël Gallon (écriture) et d'Henri Busser (composition). En 1937, alors qu'il est encore élève du Conservatoire, ses premières œuvres sont exécutées par Pierre Monteux : les Sorcières et les Sept Loups, pour chœur de femmes et orchestre. Son intérêt pour le groupe des Six, qui le fait mal voir au Conservatoire, se manifeste déjà, surtout pour Milhaud et Honegger. Il écrit, par la suite, un ouvrage sur ce dernier (1957). En 1939, alors que la guerre s'annonce, il compose l'oratorio Rythmes du monde, sur un texte de lui-même.

   Mais ses œuvres les plus importantes datent de l'après-guerre : le Rire de Nils Halerius, légende lyrique et chorégraphique, avec laquelle il aborde la musique de scène (1944-1948), et sa première symphonie Jean de la Peur (1949). En 1950, il obtient le grand prix de composition de la Ville de Paris. Les années 1950-1960 voient naître le Concerto pour ondes Martenot, qui témoigne de son intérêt pour l'instrument auquel Messiaen et Jolivet ont déjà rendu hommage, l'opéra le Fou (1956, créé la même année à Nancy) et la comédie lyrique le Ventriloque (créée au Mans en 1956).

   De 1962 à 1965, Landowski a été directeur de la musique à la Comédie-Française ; en 1965, il a été nommé inspecteur général de l'enseignement musical au ministère des Affaires culturelles, avant d'y devenir chef du service de la musique (1966-1970). De 1970 à 1975, il est directeur de la musique, de l'art lyrique et de la danse à ce même ministère et, en 1975, inspecteur général de la musique au ministère de l'Éducation. La même année, il est élu membre de l'Institut, où il succède à son maître Busser. Toutes ces charges officielles, si elles ralentissent sa productivité, ne diminuent pas la qualité de ses œuvres : l'Opéra de poussière, drame lyrique (1962) ; 2e et 3e symphonies (1963, 1964) ; Concerto pour flûte et cordes (1968) ; Messe de l'aurore pour solistes, chœur et orchestre (1977). En 1979, il écrit pour M. Rostropovitch et G. Vichnevskaïa les trois poèmes Un enfant appelle pour soprano, violoncelle solo et orchestre. L'œuvre est créée par les dédicataires à Paris l'année suivante. En août 1980, est créé à Vaison-la-Romaine le Pont de l'espérance pour orchestre, soliste et 3 chœurs, d'après la Marseillaise de la paix de Lamartine, en février de la même année, au Palais Garnier, le Fantôme de l'Opéra, ballet en 12 tableaux, en 1985 à Toulouse l'opéra Montségur, en 1988 à Radio France la Symphonie no 4 et à Nantes l'opéra la Vieille Maison. Ont suivi Leçons de ténèbres pour orgue, violoncelle, voix et orchestre (1991), Sonate en duo pour clarinette et piano (1992), un Concerto pour violon (1995), l'opéra Galina (Lyon, 1996).

   Dès ses débuts, Landowski s'est affirmé comme un indépendant, ouvert au langage du XXe siècle, tout en refusant le sectarisme de l'avant-garde. Sa recherche constante de spiritualité s'est exprimée dans cette phrase : « Le mysticisme et l'amour sont les deux thèmes de la musique. »