Fišer (Lubos)
Compositeur tchèque (Prague 1935 – id. 1999).
Élève d'E. Hlobil au conservatoire de Prague, il assimile les enseignements essentiels de la musique sérielle et postsérielle, l'héritage spirituel de Bartók et Martinů, les études sur les mètres variables de Blacher, les recherches sur la voix de Berio ou Xenakis, tout en demeurant fasciné par Debussy et les premières œuvres de Boulez. Mais sa création n'est pas le reflet scolaire de ses acquis successifs. Dans les Quinze Feuillets d'après l'Apocalypse de Dürer pour orchestre (1964-65), il réalise une chaîne de brèves cellules d'une pureté graphique digne de son modèle. Dans les Caprichos pour deux chœurs (1966), inspirés par Goya, il use d'un mode ancien en six tons. Dans le Requiem pour soprano, basse, chœur et orchestre (1968), il atteint un expressionnisme dramatique intense. Ses recherches sur la voix se révèlent notamment dans les Lamentations sur la destruction de la ville d'Ur (1971), pour soprano, baryton, trois récitants et chœur d'enfants intervenant par scansion et déclamation. Dans Double pour orchestre (1970), dans Crux pour violon solo, timbales et cloches (1970), il recherche un jeu, un dialogue entre le compositeur et son interprète. Tout comme Feld et Kopelent, Fišer se refuse à utiliser les grammaires musicales contemporaines, qui n'ouvriraient pas de nouveaux horizons à la sensibilité et qui ne donneraient pas matière à de nouveaux échanges par le jeu de libres structures d'accueil pour l'interprète.
Fistoulari (Anatole)
Chef d'orchestre anglais d'origine russe, (Kiev, Russie, 1907 – Londres 1995).
Il étudia la musique avec son père, lui-même chef d'orchestre, et fit une carrière d'enfant prodige, débutant à l'âge de sept ans à l'Opéra de Kiev en dirigeant la 6e Symphonie de Tchaïkovski. En 1929, il quitta la Russie. De 1933 à 1936, il dirigea à Paris l'Orchestre des saisons du Grand Opéra russe de Chaliapine. Il appartint ensuite (1937-1939) aux Ballets russes de Monte-Carlo, puis s'établit à Londres, où il fut notamment quelques années, à partir de 1943, principal chef de l'Orchestre philharmonique. Ce fut un interprète célèbre de la musique symphonique russe et de l'ensemble du répertoire de ballets.
Fitelberg (Grzegorz)
Compositeur et chef d'orchestre polonais (Dunaburg 1879 – Katowice 1953).
Après des études au conservatoire de Varsovie avec Notkowski, il fit partie du groupe Jeune Pologne et consacra la plus grande partie de sa vie à la diffusion de la musique polonaise, contribuant notamment à faire connaître Szymanowski et Karlowicz. Il abandonna d'ailleurs assez rapidement la composition pour se consacrer à la direction d'orchestre, faisant dans ce domaine une carrière internationale. Son œuvre, composée entre 1901 et 1908, comprend essentiellement des pages orchestrales (deux Symphonies, des poèmes symphoniques, etc.), dont l'instrumentation se révèle influencée par Richard Strauss, ainsi que de la musique de chambre et des cycles de mélodies.
Fitzwilliam Virginal Book
Le plus complet et le plus important recueil de compositions pour le « virginal », constitué entre 1609 et 1619, et rassemblant des pièces composées essentiellement sous le règne (très bénéfique aux arts) d'Élisabeth Ire, par des compositeurs anglais tels que John Bull, Orlando Gibbons, William Byrd, Giles Farnaby, etc., ainsi que par des auteurs anonymes. En tout, 297 pièces, comportant parfois un titre descriptif ou évocateur (comme chez Couperin), et dont 225 sont des danses, ou des variations sur des thèmes de chansons. Certaines sont construites sur des basses obstinées ou grounds.
flageolet
Petite flûte en forme de sifflet : un petit tube aplati dirige le souffle de l'exécutant sur une ouverture en biseau qui fait vibrer une courte colonne d'air.
D'une sonorité perçante et même criarde, capable de se faire entendre dans le pire brouhaha, le flageolet a régné dans les bals publics pendant plus d'un siècle. Certains modèles ont bénéficié du « système Böhm ».
Flagstad (Kirsten)
Soprano norvégienne (Hamar 1895 – Oslo 1962).
Fille d'un chef d'orchestre et d'une pianiste, elle fit ses débuts à l'Opéra d'Oslo en 1913 dans le rôle de Nuri de Tiefland de D'Albert. Pendant vingt ans, elle fit une carrière modeste à Oslo, puis en Suède à Göteborg, dans un répertoire très vaste. Engagée en 1933 à Bayreuth pour les rôles secondaires d'Ortlinde de la Walkyrie et de la troisième Norne du Crépuscule des dieux, elle y revint l'année suivante chanter Sieglinde de la Walkyrie et Gutrune du Crépuscule. Ses débuts au Metropolitan de New York, en 1935, dans le rôle de Sieglinde firent sensation et la consacrèrent définitivement, la conduisant à une carrière internationale. Elle fit ses adieux officiels à la scène en 1953, mais se produisit encore en concert en 1955. Elle dirigea l'Opéra d'Oslo de 1958 à 1960. Sa voix était la réunion unique d'une puissance exceptionnelle, d'un timbre splendide, chaleureux et plutôt sombre, parfaitement égal sur toute son étendue, d'une technique vocale irréprochable et d'une musicalité raffinée. Cette voix était en elle-même expressive, mais son caractère monumental et, au sens propre, extraordinaire, conduisit Flagstad à faire des héroïnes qu'elle incarnait des personnages hiératiques et surhumains.
flamenco
Mot espagnol à l'étymologie discutée (pourrait être le nom commun signifiant flamant, ou bien vient de flamme).
Nom donné aux chants et danses populaires d'Andalousie. Le caractère du flamenco est le résultat de l'accumulation d'apports successifs ; aux sources locales probablement préhistoriques se sont ajoutées l'influence de l'émigration sumérienne, celle du plain-chant grégorien, des mélopées arabes, de la musique juive, et enfin, à partir du XVe siècle, celle des inflexions des gitans. Cette dernière a été déterminante dans la constitution du flamenco tel qu'il est connu depuis plusieurs siècles, avec son caractère vif et relativement spectaculaire, alors que la survivance des apports plus anciens nourrit une forme distincte, également propre à l'Andalousie, le cante jondo, plus poignant et secret.