Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
L

Legge (Walter)

Imprésario anglais (Londres 1906 – Saint-Jean-Cap-Ferrat 1979).

Ce mélomane passionné de lyrique a profondément marqué de son empreinte la vie musicale européenne de l'après-guerre. Déjà en 1927, engagé par la filiale anglaise de la firme la Voix de son Maître pour rédiger des pochettes de disques, il fit adopter le principe de la souscription pour éditer des œuvres importantes jusque-là négligées par le disque : quatuors de Haydn, lieder de Wolf, intégrale des sonates de Beethoven (par Schnabel). Critique musical suppléant du Manchester Guardian (jusqu'en 1937), il fonda en 1932 le London Lieder Club et devint en 1938-39 l'assistant de sir Thomas Beecham à la tête de l'Opéra royal de Covent Garden.

   Mais c'est pendant la guerre que se révéla son don d'organisateur et de « talent scout ». Il mit sur pied des concerts pour les soldats et les ouvriers. La paix revenue, il sillonna l'Europe pendant près de vingt ans, à la recherche de nouveaux talents pour le compte de la firme Gramophone Company. Des disques remarquables témoignent de son discernement : enregistrements du festival de Bayreuth 1951, Tosca dirigée par de Sabata, Falstaff et le Chevalier à la rose par Karajan, toutes les interprétations de Ginette Neveu, Callas, Lipatti, un grand nombre d'opérettes viennoises avec Élisabeth Schwarzkopf (sa seconde femme), etc. Parti d'un quatuor qu'il fonda en 1945, le Philharmonia Orchestra, mis sur pied grâce au soutien financier du maharadjah de Mysore, révolutionna la vie musicale britannique, sous la direction de Karajan, Cantelli, Toscanini, Klemperer, Giulini, etc. Cet orchestre fut complété en 1957 par un chœur confié à Wilhelm Pitz. Directeur associé de la Gesellschaft der Musikfreunde de Vienne en 1946, directeur artistique du Covent Garden de 1958 à 1963, Walter Legge se vit contraint en 1964 de dissoudre le Philharmonia Orchestra et abandonna sa compagnie au groupe EMI, sans renoncer pour autant à promouvoir des concerts et à produire des disques pour différentes compagnies.

Legley (Victor)

Compositeur belge (Hazebrouck 1915 – Ostende 1994).

Il a fait ses études à Ypres, puis à Bruxelles, et travaillé ensuite avec Jean Absil. Altiste à l'orchestre de la radio belge (1936-1948), second prix de Rome en 1943, il a enseigné l'harmonie (1949-1959), puis la composition (1959-1980) au conservatoire de Bruxelles, et les mêmes disciplines, ainsi que l'analyse, à la chapelle Reine-Élisabeth (1950-1980). Il a beaucoup fait pour la diffusion dans son pays de la musique contemporaine, en particulier comme chef de production au troisième programme de la radiotélévision belge (1962-1976). Dans un style robuste mais raffiné, il a écrit, notamment, 6 symphonies (1942, 1947, 1953, 1964, 1965, 1976), le poème symphonique la Cathédrale d'acier (1958), 2 concertos pour violon (1947, 1966), 4 quatuors à cordes (1941, 1947, 1956, 1963), et, plus récemment, plusieurs pièces pour orchestre d'harmonie, dont Hommage à Jean Absil (1979).

Legrant (Guillaume) , dit Guillaume Lemacherier

Compositeur français (déb. du XVe s.).

Chantre à la chapelle pontificale en 1419, il était à Rouen en 1446. Il a laissé des fragments de messe et des chansons à 3 voix, qui ont eu l'honneur, à plusieurs reprises, d'une transcription instrumentale dans des recueils comme le Buxheimer Orgelbuch et le Fundamentum organizandi de Conrad Paumann.

Legrant (Johannes)

Compositeur français (déb. du XVe s.).

Il ne semble pas devoir être confondu avec Guillaume Legrant, compositeur à la même époque. On pense qu'il a été actif de 1420 à 1440. Il fut l'auteur de fragments de messe et de chansons à 3 voix, mais on ne possède sur lui aucune donnée biographique.

Legrenzi (Giovanni)

Compositeur italien (Clusone, près de Bergame, 1626 – Venise 1690).

Issu d'une famille de musiciens (son père était compositeur), il semble avoir reçu ses premières leçons à Bergame avant de travailler avec Giovanni Rovetta à Venise. On le trouve en 1645 organiste de l'église Santa Maria Maggiore à Bergame, puis, en 1657, maestro di capella de l'Accademia dello Spirito Sancto à Ferrare. Directeur du Conservatorio dei Mendicanti de Venise à partir de 1672, il fut ensuite nommé sous-maître de la basilique San Marco (1681), puis devint le titulaire de ce poste (1685) et, dès lors, se consacra, jusqu'à sa mort, à la musique religieuse. Il fut, à Venise, un professeur renommé et compta parmi ses élèves Antonio Caldara et Antonio Lotti.

   Auteur d'une vingtaine d'opéras, représentés pour la plupart à Venise, Giovanni Legrenzi contribua, avec une grande originalité, au développement du genre. Quatre partitions seulement nous sont parvenues : Eteocle e Polinice (1675), Germanico sul Reno (1676), Totila (1677), et Il Giustino (1683), qui semble sa plus grande réussite pour avoir été joué dans les principales villes d'Italie. Haendel devait mettre ce livret en musique pour Londres (1737). Entre 1676 et 1678, Legrenzi fit publier 3 recueils de musique vocale, des cantates et des canzonettes, qui emploient une grande variété de formes. Tel est le livre de Cantate, e Canzonette a voce sola (Bologne, 1676), où les airs sont en général assez courts, solidement construits, alternant avec des récitatifs qui se transforment aisément en un arioso expressif. Les textes sont spécifiques de la poesia per musica de l'époque ; ils ont, le plus souvent, pour thème l'amour non partagé et contiennent tous les « effets » que le compositeur souhaitait y trouver. Legrenzi composa 6 oratorios, dont l'Oratorio del Giudizio (Vienne, 1665), La Vendita del cuor humano pour 4 voix et basse continue (Ferrare, 1676) et La Morte del cuor penitente (Vienne, 1705). Il a également laissé des messes, des motets et des psaumes. Il a fait imprimer plusieurs livres de musique instrumentale, des sonates da chiesa et da camera (1655, 1656, 1663 et 1673), où, là encore, son rôle fut déterminant pour l'histoire des formes.

Legros (Joseph)

Chanteur et compositeur français (Monampteuil, près de Laon, 1730-La Rochelle 1793).

Célèbre ténor, il chanta à l'Opéra de Paris de 1764 à 1783, participant de 1774 à 1779 à la création des opéras de Gluck Iphigénie en Aulide (rôle d'Achille), Orphée (rôle-titre), Alceste (Admète) et Iphigénie en Tauride (Pylade). En 1777, il prit la direction du Concert spirituel, qu'il conserva jusqu'à sa dissolution en 1790, et en 1778 commanda à ce titre à Mozart sa Symphonie en ré majeur no 31 K.297 (Paris).