Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Respighi (Ottorino)

Compositeur italien (Bologne 1879 – Rome 1936).

Élève de Torchi et de Martucci à Bologne, il s'intéressa aussitôt à la renaissance de la musique instrumentale italienne, puis, nommé violoniste à Saint-Pétersbourg, travailla l'orchestration avec Rimski-Korsakov. Ses premières mélodies dénotèrent néanmoins plus d'originalité que ses essais dans le genre de l'opéra, et, fixé à Rome comme professeur à l'académie Sainte-Cécile en 1913, il s'engagea à fond sur la voie du renouveau symphonique, donnant notamment avec succès les Fontaines de Rome (1914-1916), les Pins de Rome (1923-1924), Triptyque botticellien (1927) et les Fêtes romaines (1928), tandis que ses attaches avec le courant néoclassique apparaissaient plus nettement dans ses brillantes orchestrations de Rossini (la Boutique fantasque, pour Diaghilev en 1919, puis Rossiniana, 1925), dans sa suite les Oiseaux (1927), d'après les clavecinistes du XVIIe siècle, et dans ses Airs et Danses antiques pour luth (1917), ainsi que dans sa musique de chambre (sonate pour piano et violon, deux quatuors à cordes, dont le Quatuor dorique) et instrumentale (Concerto grégorien, 1921). Mais, dès 1923, Respighi tentait la synthèse entre ses diverses aspirations et revenait à la composition lyrique, où il entendait renouer avec une tradition authentique en donnant en outre à ses opéras de larges prolongements philosophiques : Belfagor (1923), La Campana sommersa (1927), Marie l'Égyptienne (1932) et La Fiamma (1934), la plus discutée de ses œuvres, connurent une plus grande fortune en Allemagne ou dans les deux Amériques qu'en Italie.

respiration

1. Au sens physique usuel du mot, la respiration est l'un des éléments essentiels de l'art du chant et s'y voit travaillée comme tel, tant pour l'émission du son que pour la manière de lier les phrases et de les séparer l'une de l'autre. Il en est de même pour la technique de tous les instruments à vent.

2. Par extension du sens précédent, on nomme respiration, dans toute musique quelle qu'elle soit, l'art de séparer les sons en suggérant la présence d'une respiration physique nécessaire à l'intelligence du phrasé. L'interruption de son nécessaire à la respiration n'est généralement pas comptée dans la mesure écrite. Elle peut alors être indiquée par un signe en forme de virgule ou d'apostrophe placé entre deux notes, ou encore par un signe en forme de V tracé de manière cursive. Ce dernier signe, très employé par les professeurs d'instruments, se retrouve rarement en imprimerie.

   Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, les respirations n'étaient indiquées qu'exceptionnellement dans la notation et devaient être détectées par l'interprète ; plus récemment encore, elles se déduisaient surtout de la disposition des courbes de liaison, sans être explicitement notées. Elles sont pourtant l'un des éléments les plus importants de l'interprétation d'un morceau, tant instrumental que vocal.

3. Par analogie, on dit qu'une musique manque de respiration (ou d'aération) quand elle traite la matière sonore de façon compacte et continue, sans y ménager de repos suffisants.

responsorial

1. Livre de chant liturgique contenant l'office de nuit, complété par l'antiphonaire qui comprend l'office de jour.

2. Chant responsorial : l'une des deux grandes formes d'alternance chorale qui se partagent le chant liturgique. Elle consiste en un dialogue entre le soliste et le chœur des fidèles, ce dernier chantant un refrain ou répétant les derniers mots du soliste. Le chant responsorial s'oppose au chant antiphonique qui fait dialoguer deux demi-chœurs, et lui est le plus souvent antérieur.

Reszke (Édouardde)

Basse polonaise (Varsovie 1853 – Garnek 1917).

Formé à Varsovie puis en Italie, il incarne en 1876 le Roi lors de la création d'Aïda à l'Opéra de Paris, sous la direction de Verdi. En 1880, il fait ses débuts à Covent Garden. En 1881, il participe à la création de la version révisée de Simon Boccanegra à la Scala de Milan. À partir de 1884, il chante au Metropolitan de New York, où il aborde les rôles wagnériens. Avec sa sœur Joséphine (1855-1891) et son frère Jean (1850-1925), il est un chanteur très populaire du tournant du siècle. Il arrête sa carrière assez tôt, en 1903.

Reszke (Jeande)

Ténor polonais (Varsovie 1850 – Nice 1925).

Frère du précédent, il débute en 1874 dans la Favorite de Donizetti en chantant un rôle de baryton sous le pseudonyme de Giovanni di Reschi. En 1876, il chante à l'Opéra de Paris aux côtés de son frère. Après avoir travaillé avec Sbriglia, il change de tessiture : c'est comme ténor qu'il devient une vedette de l'Opéra de Paris. En 1894, il triomphe dans Hérodiade de Massenet, et en 1895 le compositeur écrit le Cid à son intention. S'il chante à Paris jusqu'en 1902, il travaille aussi à Covent Garden et au Metropolitan de New York. Il s'impose alors comme un grand wagnérien. À partir de 1903, il se consacre à l'enseignement et compte Magie Teyte et Germaine Lubin parmi ses élèves.

retard

En harmonie, prolongation d'une note d'accord sur l'accord qui suit quand elle n'appartient pas à ce dernier. Elle devient donc dans le nouvel accord une note étrangère, et comme telle doit normalement être résolue en rejoignant par le plus court chemin une note réelle de ce nouvel accord. Le retard peut être assimilé à une appoggiature préparée.

Rethberg (Élisabeth)

Soprano allemande (Schwarzenberg, Saxe, 1894 – Yorktown Heights, New York, 1976).

Elle fit ses études au conservatoire de Dresde, et débuta dans cette ville en 1915. Elle y resta jusqu'en 1922, date à laquelle elle fit ses débuts au Metropolitan de New York comme Aïda. Elle devait rester attachée à cet établissement durant vingt ans, et y triompher dans plus de trente-cinq rôles allemands, français et italiens. En 1928, elle créa à Dresde le rôle titre dans Hélène d'Égypte de Richard Strauss. Grande interprète de Mozart et Verdi, elle était considérée par Toscanini comme la plus grande soprano de son époque.

Reubke (Julius)

Pianiste, organiste et compositeur allemand (Hausneindorf, près de Quedlinburg, 1834 – Pillnitz 1858).

Fils d'un facteur d'orgues, élève de Liszt à Weimar, il écrivit deux œuvres remarquables : une sonate pour piano en si bémol mineur (1856-57), d'un seul tenant comme celle de Liszt (son dédicataire) et de dimensions semblables, mais plus morcelée ; et une sonate pour orgue (en ut mineur sur le psaume 94), achevée en 1858 et apparentée à la fantaisie et fugue sur le choral « Ad nos ad salutarem undam » de Liszt. Il eut deux frères également musiciens : Emil (1836-1885), qui hérita de la firme de leur père Adolf (1805-1875), et Otto (1842-1913), pianiste, chef d'orchestre et compositeur.