Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
G

Gide (André)

Écrivain français (Paris 1869 – id. 1951).

Romancier et essayiste, il a tenu, de 1889 à 1949, un journal intime où il est souvent question de musique. Pianiste amateur, mais excellent musicien, André Gide a écrit des Notes sur Chopin (1931, rév. 1938), dans lesquelles il oppose au Chopin des jeunes filles et des virtuoses le poète secret et profond chez qui il découvre des affinités avec Baudelaire. Pour Igor Stravinski, André Gide a écrit en 1933 un mélodrame en trois parties, Perséphone. Darius Milhaud a mis en musique des extraits de la Porte étroite (Alissa, 1913 ; rév. 1931) et le Retour de l'enfant prodigue (1917). Jean Rivier a composé en 1931 des tableaux symphoniques inspirés par le Voyage d'Urien.

Gielen (Michael)

Compositeur et chef d'orchestre autrichien d'origine allemande (Dresde 1927).

Il fit ses études à Buenos Aires, où son père s'était installé en 1939, et débuta comme assistant au théâtre Colón avant d'occuper des postes à Vienne, Stockholm, Cologne. Il a été de 1977 à 1987 directeur musical de l'Opéra de Francfort et est depuis 1986 directeur musical de l'Orchestre de la radio de Baden-Baden. Influencé comme compositeur par Schönberg, dont il a introduit l'œuvre en Argentine, Gielen a, au cours de sa brillante carrière de chef d'orchestre, beaucoup fait pour la musique contemporaine, dirigeant notamment à Cologne le 15 février 1965 la première scénique des Soldats de Bernd Aloïs Zimmermann.

Gieseking (Walter)

Pianiste allemand (Lyon 1895 – Londres 1956).

Né en France de parents allemands, il ne fit aucune scolarité et ne commença à travailler professionnellement le piano qu'à l'âge de seize ans. Après le retour de sa famille en Allemagne, il entra au conservatoire de Hanovre et étudia pendant cinq ans avec Karl Leimer. Il se produisit pour la première fois en public en 1915. Après la Première Guerre mondiale, au cours de laquelle il fut mobilisé et joua dans un orchestre militaire, il entreprit une activité de concertiste (Berlin, Londres, Italie, Suisse, États-Unis). Son jeu élégant et raffiné, sa sonorité transparente firent de lui un interprète réputé de la musique française (Debussy et Ravel notamment). Mais il avait également à son répertoire Mozart, Beethoven, Schubert, Schumann, Liszt et Brahms. Il possédait une mémoire musicale prodigieuse et une technique naturelle ne nécessitant qu'un minimum de travail. En 1947, il prit la direction de la classe de piano au conservatoire de Sarrebruck. Il a publié Modernes Klavierspiel (1930), en collaboration avec son maître Leimer, a écrit des articles sur l'interprétation pianistique et a laissé ses Mémoires So wurde ich Pianist (1963). Il a également composé des pièces pour piano, des mélodies, de la musique de chambre.

Gigault (Nicolas)

Organiste et compositeur français (Paris v. 1627 – id. 1707).

Il fut organiste à Saint-Honoré (1646), puis à Saint-Nicolas-des-Champs (1652), poste qu'il conserva jusqu'à sa mort en le cumulant avec ceux d'organiste à Saint-Martin-des-Champs, puis de l'hôpital du Saint-Esprit. Possédant chez lui un orgue et des instruments précieux, ce fut un bourgeois aisé et respectable, expert en facture d'orgues et professeur ­ il fut probablement, avec Roberday, l'un des maîtres de Lully. Il a laissé deux recueils de compositions. Un Livre de musique dédié à la très Sainte Vierge… (1683) contient des pièces convenant aussi bien à l'orgue qu'au clavecin et à divers instruments ; il présente les premiers noëls à variations de l'école française. Quant au Livre de musique pour l'orgue (1685), c'est, avec 184 pièces, le plus important de toute l'école d'orgue de notre pays. Il comprend trois messes, de nombreux morceaux groupés en six séries suivant les tons de l'Église, un Te Deum en 21 versets, suivi enfin de quatre pièces du huitième ton. Si la valeur de toutes ces pièces est inégale, Gigault n'en présenta pas moins plusieurs traits originaux et intéressants. C'est ainsi qu'il fut le premier à écrire pour son instrument en polyphonie à cinq voix ; il aimait aussi la manière de Frescobaldi ou celle de Titelouze, qu'il emprunta parfois dans son contrepoint, et il pratiquait une harmonie personnelle, émaillée de dissonances inattendues. Toutes ces pièces sont destinées à l'usage strictement liturgique, comme en témoignent l'emprunt de nombreux thèmes grégoriens et la concision de ces commentaires musicaux appelés à s'insérer dans le déroulement des offices religieux.

Gigli (Beniamino)

Ténor italien (Recanati 1890 – Rome 1957).

En 1914, il obtint le prix au concours international de Parme. Il débuta la même année à Rovigo dans Enzo de La Gioconda de Ponchielli. Quatre ans plus tard, il incarnait le Faust du Mefistofele de Boito, sous la direction de Toscanini à la Scala de Milan. À partir de 1920, il chanta régulièrement au Metropolitan Opera de New York où on le considérait comme le successeur de Caruso. Sa voix, caractéristique de l'école italienne, fut l'une des plus belles du siècle. Malheureusement, il ne possédait aucun don d'acteur, et il commit des erreurs de style en appliquant les procédés expressifs de l'école vériste au bel canto, ce qui contribua à la dégénérescence de l'interprétation de l'opéra romantique italien. En revanche, il excella dans Puccini, Mascagni, Leoncavallo, même s'il n'eut pas l'intelligence musicale de Caruso.

Gigout (Eugène)

Organiste et compositeur français (Nancy 1844 – Paris 1925).

Il fit ses études à la cathédrale de Nancy, puis à Paris, à l'école Niedermeyer, où il devint l'un des élèves préférés de Saint-Saëns et l'ami de Fauré. En 1863, il fut nommé organiste titulaire de Saint-Augustin, à Paris, où il demeura jusqu'à sa mort. À l'école Niedermeyer, il enseigna l'écriture, le piano et l'orgue, puis il succéda à Guilmant à la classe d'orgue du Conservatoire (1911), classe où son élève et disciple Marcel Dupré allait plus tard lui succéder à son tour. Son œuvre de compositeur est immense et tout entière vouée à l'orgue, qu'il soit de concert ou de culte (Cent Pièces brèves dans la tonalité du plain-chant, 1889 ; Album grégorien, 1895 ; Cent Pièces nouvelles, 1922 ; quelques motets avec orgue, des pièces isolées ; 2 Rhapsodies ; 2 Suites et des Poèmes mystiques). Plus de six cents pièces sont destinées au service religieux. Son écriture châtiée respecte les règles du contrepoint classique, mais, en revanche, sa mélodie se renouvelle au contact du plain-chant grégorien.