Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Dankowski (Wojcech)

Compositeur polonais (district de Wielkopolska v. 1760 – apr. 1800).

Sa biographie reste mal connue. Il étudia au monastère cistercien d'Obra, fut musicien de monastère et, semble-t-il, altiste au théâtre allemand de Lwów (v. 1792). Dans un style influencé par l'école napolitaine mais ne dédaignant pas le recours aux rythmes de mazurka ou de polonaise, il a écrit de nombreuses œuvres religieuses, dont 39 messes et 3 requiem. Ont également subsisté deux symphonies (en et en mi bémol).

danse

La danse des hommes remonte à des temps immémoriaux et elle est liée à leur histoire. Elle a pour origine des pulsions biologiques ; elle n'existe que par le rythme de la vie du corps de l'homme ; par ses battements de cœur, par sa respiration, par sa marche, par ses frappements de pieds et de mains. Danse de vie, danse de mort, figurative ou non, ces manifestations primitives sont des rites de fécondité, des rites initiatiques, des incantations ou des représentations guerrières. Les rythmes qui présidaient à ces évolutions ont été rapidement traduits par la voix. Certains peuples s'expriment dans des chants brefs, leurs danses sont de courte durée ; d'autres peuples ont des chants de plus grande modulation, leurs danses sont plus amples et plus longues.

   Au rythme le plus rudimentaire, celui donné par les frappements des mains et des pieds, s'associe bientôt celui du tambour. Les cymbales, les premiers instruments à cordes vont donner à la danse ses rythmes de plus en plus complexes. Mais, où que l'on soit, la musique et la danse restent intimement liées. Le musicien s'impose des règles ; le danseur s'en crée. Et la danse, puisque seul le même mot exprime la musique et le mouvement qui l'a engendrée, prend peu à peu des formes différentes.

   En Orient, associée au culte et à l'éducation des princes, la danse s'exécute sur des musiques douces et paisibles, aux rythmes retenus. Dans les civilisations antiques, jeunes gens et jeunes filles avaient leurs danses propres ; ils dansaient parfois en groupe ; mais peu de documents permettent d'envisager quelle sorte de musique les accompagnait. Chez les Hébreux, les femmes dansaient en chantant. Païens, puis chrétiens dansaient ; les instruments à vent firent leur apparition et dans les figurations de la danse macabre moyenâgeuse, on remarque souvent la présence de fifres. Au Moyen Âge, des cornemuses entraînaient des danseurs en des sarabandes sans fin, jusqu'à la frénésie. La vielle, la harpe inspirèrent les musiciens qui accompagnaient les baladins, en Allemagne, en Italie, en France.

   Les sociétés s'ordonnèrent ; les classes sociales apparurent. Les danses suivirent la même évolution. Il y eut des danses paysannes, des danses de cour. Elles étaient dansées par groupes ou par couples ; les danseurs chantaient ou étaient accompagnés par des musiciens. Quand les danses étaient chantées, c'était surtout le refrain qui animait la partie dansée. Chaque chant narrait une histoire. Le chœur chantait le refrain ; le meneur de la danse contait l'histoire. L'évolution voulut que les danses s'augmentèrent de plusieurs parties en donnant naissance à la suite de danses caractéristique de la musique médiévale.

   Une des premières grandes danses de la Renaissance fut la basse-danse que les maîtres à danser du XVe siècle enseignèrent et décrivirent dans les premiers ouvrages didactiques connus. Les compositions musicales des basses-danses s'adaptaient aux pas que les maîtres à danser inventaient ou reprenaient de leurs prédécesseurs.

   Les danses de la Cour et les danses paysannes s'influencèrent mutuellement. Le raffinement des unes, la rusticité des autres s'interpénétrèrent ; les passages mimés et les rythmes plus vifs des danses paysannes conduisirent aux danses pantomimes, qui bientôt devinrent spectacle ­ organisé d'abord dans les grandes réjouissances de la cour, dans les mascarades et le carnaval, puis au théâtre. Ces danses étaient accompagnées de musiques appropriées. Aux cortèges menés par des sonneries, succédèrent des scènes chantées et dansées, pour finir dans un ballet de plusieurs pas (variation qui comprend elle-même plusieurs parties), dont la musique avait été composée spécialement. On utilisait alors pour les airs de danse le luth, la flûte, le hautbois, la viole de gambe, etc.

   L'homme de la Renaissance, ouvert à toutes les influences venues du dehors, connut, grâce à l'imprimerie et aux livres écrits par les maîtres à danser de l'époque (Antonio d'Arena, Cesare Negri, Fabrizio Caroso et, surtout, Thoinot Arbeau, etc.), un grand nombre de danses parfaitement expliquées.

   La basse-danse passa de mode mais continua à être pratiquée dans la noblesse. Venue des milieux populaires, la gaillarde s'imposa. Final de la pavane, elle allait bientôt se danser seule. La pavane, danse noble par excellence, symbolisait la grandeur de la Cour. De rythme à 4/4, sa mesure était battue par les tambourins.

   La courante, à l'origine, était une danse libre, de rythme rapide permettant des improvisations ; modifiée en une danse lente et grave, elle fit la liaison entre la pavane et le menuet. La richesse de ses combinaisons rythmiques est à remarquer. Dans ses compositions Bach la fit suivre l'allemande.

   Thoinot Arbeau et Cesare Negri donnèrent une grande importance au branle qu'ils décrivirent avec précision. Danse populaire, le branle pouvait être simple ou double. On en a distingué différents types ; les mélodies variaient selon le genre et la région d'origine ; les rythmes également.

   À côté des maîtres à danser, qui, dans leurs ouvrages, décrivaient les danses et indiquaient les lignes mélodiques des partitions, de nombreux musiciens recueillaient la musique des danses de l'époque. Compositeurs et arrangeurs de danses contribuèrent à ces importantes collections de danses (Terpsichore, de Michael Praetorius, 1612).

   Survivance médiévale, la suite de danse comporte différentes variations rythmiques et associe par exemple des pièces pour luth, dans une série allemande-courante-sarabande, à laquelle s'est ajoutée la gigue.

   En Angleterre, on dansait la measure qui accompagnait les mascarades. Après l'intrada qui annonçait l'entrée des danseurs, la fête et les danses commençaient. En Allemagne, les airs de danse étaient souvent joués seuls, en forme de concert en certaines occasions et souvent en plein air. À la fin de chaque acte, un ballet prenait place. Comme dans l'opéra français, les compositeurs de la partie lyrique n'étaient pas les mêmes que pour la partie dansée. L'opéra était toujours associé à une manifestation mondaine. Vienne n'échappait pas à la tradition. Un musicien viennois, Heinrich Schmelzer, composa des danses d'un rythme vif et très gai dont auraient pu bien s'inspirer les fameuses valses viennoises, encore que la valse pouvait avoir une origine plus antérieure.

   En France, à côté du ballet, forme théâtrale que prit la danse, les danses de cour connurent une grande vogue. Les maîtres à danser étaient nombreux et la danse était considérée comme un art.

   Le menuet fut un sommet de l'évolution de la danse en France. Les pas se décomposaient sur une mesure à 3/4 et s'appuyaient sur la récente détermination des cinq positions fondamentales des pieds, élaborées par le maître à danser du roi Louis XIV, Charles-Louis Beauchamp. Le menuet apparaît chez Lully avec un rythme assez rapide : il était dansé. Chez Bach, le rythme était plus vif encore : il était joué. Quant au passe-pied, très voisin du menuet, il marquait une différence de tenue : danse de jeunes filles, il était plus léger que le menuet, qui était une danse de dames. Campra le fit entrer dans son Europe galante ; Bach l'inscrivit dans sa Suite anglaise no 5 (pour clavecin).

   Née en Auvergne, la bourrée, à l'origine danse populaire, entra dans la « bonne société » vers le milieu du XVe siècle. Sa vigueur, sa fraîcheur firent oublier le dédain dans lequel la tenaient les gens de cour. Il en fleurissait alors de tous les genres et elle s'imposa dans la suite d'orchestre. Lully, Colasse, puis Bach, Haendel y recoururent en leur temps. Il est à noter, également, que nombre de danses populaires trouvèrent leur place dans les suites orchestrales : gigue, sarabande courante, allemande. La tarentelle, danse nationale en Italie, fut au XVIIe siècle une danse curative et elle s'accompagnait de plusieurs voix. Mais son rythme le plus significatif, en dépit de différentes versions qui en furent données, fut celui à 6/8, marqué par le tambourin. Danse de jeunes filles, danse de couples, la tarentelle était une danse d'amour que des compositeurs comme Liszt, Weber ou Rossini utilisèrent dans leurs œuvres. Chopin laissa une étonnante tarentelle d'une éblouissante envolée (1841).

   À la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe, la contredanse supplanta le menuet. Une des formes de la contredanse était le cotillon, issu comme bien des danses d'un air populaire de l'époque. Chaque reprise de danse était précédée d'un refrain comme dans toutes les chansons. Le cotillon à son tour donna naissance au quadrille.

   La valse, qui fit fureur, à Vienne, au XIXe siècle, eut un ancêtre, dès le milieu du XVIIe siècle. Tourner, se mouvoir en glissant sur un rythme à 3/4 séduisit d'innombrables danseurs. Haute société et peuple s'étourdirent de valses dans les bals. La valse tient ses origines des danses paysannes du sud de l'Allemagne, voire du Ländler autrichien de rythme un peu plus lent. La valse conquit aussi de très nombreux compositeurs : compositeurs d'air à danser qui travaillaient à la commande pour les fêtes et les bals, mais aussi des musiciens de renom : Weber (l'Invitation à la valse et la valse du Freischütz), les Johann Strauss père (Champagne Walzer) et fils (le Beau Danube bleu), Schubert (danses pour piano).

   Incontestablement, les deux Strauss ont été les maîtres de la valse ; mais un musicien, qui travailla aux côtés de Johann Strauss père, Joseph Lanner, fit, avant eux et avec un succès considérable, de la valse un véritable poème musical. Leurs émules furent nombreux (Carl Zeller, Franz Lehar, etc.).

   Autres danses de société, les polkas, les mazurkas, les polonaises se virent traitées avec un rare brio par Chopin qui écrivit aussi des valses somptueuses et brillantes.

   Au XIXe siècle, la France et l'Italie furent éclipsées par le ballet russe. Dans le domaine de la danse de société, c'est l'Amérique du Nord qui joua un rôle essentiel. Lieu de rencontre et de convergence d'hommes venus de tous les horizons, l'Amérique du Nord a été, dès la fin du XIXe siècle, le creuset où, à partir des danses des Noirs et des danses de l'Amérique latine, se façonna le fonds des danses de salon et de bals, qui furent pratiquées au long des premières décennies du XXe siècle. Les rythmes syncopés du ragtime, le fox-trot, le blues furent suivis du charleston, puis du black-bottom. Le swing, le boogie-woogie, le jitterburg, le rock'n roll sont des danses, mais aussi, et surtout, des styles de danses comme la bossa nova, venue du Brésil. Pour sa part, l'Amérique latine a donné le tango argentin, qui se dansait et se jouait en formation de grand orchestre. Le paso-doble est une danse qui stylise les figures des passes de tauromachie. Elle emprunte la musique des fanfares des jeux de l'arène, de rythme à deux temps. Rumba, samba (sur deux temps simples), conga ont fait fureur comme la variante de la rumba, le mambo (qui est aussi une manière de jouer les rythmes exotiques en style jazz). Le cha-cha-cha, le calypso, le mérengué et le tamouré sont des danses typiquement sud-américaines et les airs sur lesquelles elles se dansent sont joués et chantés.

   Le style disco des années 1975-1980, qui a envoûté toute une jeunesse par ses rythmes et ses sons lancinants, a été détrôné par le reggae, originaire d'Amérique centrale.

   Comme la danse théâtrale, et peut-être plus encore, la danse de société est liée à la musique. Les airs à danser ont fait place aux musiques à danser et tout simplement aux musiques de danse. Les rythmes et les sons concourent à créer l'atmosphère qui engendre la danse, cette danse qui d'expression première de l'homme est devenue, au fil de son évolution, la quête d'un plaisir subtil, celui de se laisser porter par le rythme de la musique et par les pas qui l'accompagnent.