chinoise (musique) (suite)
Ts'in (249-206 av. J.-C)
Ils détruisirent la plupart des écrits et des instruments.
Han (206 av. J.-C.-220 apr. J.-C.)
C'est une période importante dans l'histoire de la musique chinoise. Tout d'abord, le courant bouddhique venu d'Inde (61-62) se propage, amenant avec lui de nouveaux rites et instruments. La musique prend de plus en plus d'importance. On crée un ministère de la Musique, dont dépend une école, et l'orchestre est en quatre sections (religieuse, civile, de festivité et militaire), entretenant jusqu'à 829 musiciens et plusieurs centaines de danseurs.
Période d'anarchie (220-618)
La Chine, alors partagée en plusieurs empires, s'imprègne de divers courants extérieurs. C'est une période d'échanges actifs, et, alors qu'elle exporte ses propres musiciens en Corée et au japon, la cour chinoise elle-même entretient, en 581, sept orchestres, parmi lesquels figurent des ensembles de Corée, d'Inde, de Boukhara et de Koutcha.
Tang (618-907) et Song (960-1280)
C'est l'âge d'or des arts et des lettres en Chine. Les éléments traditionnels et les courants étrangers se fondent en un ensemble cohérent et homogène. La musique de cour prend une ampleur considérable et y participent les orchestres étrangers de l'époque précédente. Au VIIIe siècle, on distingue six orchestres " debout " (jouant dans la partie basse de la salle) et huit orchestres " assis " (jouant dans la partie haute), comprenant 500 à 700 exécutants, ainsi qu'un grand ensemble hors du palais. Les instrumentistes et danseurs sont recrutés parmi les élèves du premier conservatoire, le Li Yuen (ou Jardin des Poiriers), fondé en 714 et qui joue un grand rôle dans le développement du théâtre et de la danse en Chine. Les orchestres se multiplient dans les provinces et à l'armée. La production musicale s'enrichit considérablement et dans tous les domaines, mais particulièrement dans celui de la musique de chambre. La poésie contemporaine est mise en musique et on assiste au développement de la littérature pour le k'in, dont on perfectionne la technique, et du luth p'i-p'a.
Yuan (1280-1368)
Période mongole. C'est le début d'une lente désintégration qui se poursuit jusqu'à la fin de la dernière dynastie. Les souverains étrangers essaient, dans un but démagogique, de retrouver la tradition musicale et de rassembler les orchestres. Mais le résultat n'est qu'une imitation appauvrie ou déformée de la grandeur passée. Leur seul apport est l'introduction en Chine de nouveaux instruments. Bien que méprisé de l'élite intellectuelle, une place importante est maintenant accordée au drame musical, le Yuan-k'in (ou musique des Yuan), qui, en unissant ces trois éléments, récit, chant et pantomine, est à l'origine de l'opéra chinois moderne.
Ming (1368-1644)
L'intérêt suscité par la musique est maintenant purement intellectuel. C'est l'époque (1596) où le prince Tsai-yu effectue ses recherches sur la tradition musicale antique et sur le tempérament égal. Mais ses découvertes restent dans le domaine de la théorie et, à part l'opéra où la musique prend de plus en plus d'importance, les autres genres continuent à se déprécier. Ce phénomène est accentué par le début de la pénétration européenne.
Tshing ou dynastie mandchoue (1644-1912)
La situation de l'art musical est au plus bas. L'influence européenne s'accentue et la désintégration devient totale. La technique instrumentale se simplifie à l'extrême et l'éminente littérature du passé tombe dans l'oubli. Seule l'opéra continue à jouir d'une certaine popularité et développe différents styles régionaux.
Époque moderne
Seuls subsistent des éléments traditionnels, l'opéra, dont la popularité s'est étendue à l'Occident, et la musique folklorique. La musique rituelle s'est considérablement appauvrie et, quant à la musique de cour, on n'en rencontre que quelques manifestations à la cour japonaise. le gouvernement actuel, conscient de cette situation, encourage les recherches sur la musique dynastique et les instruments traditionnels, tels le k'in ou le p'i-p'a, pour lesquels on se remet à composer (ex. : Jar Fushi ou Shyu Yuanbair pour le k'in). À la suite de la pénétration européenne, de nombreux musiciens ont été formés à l'étranger et l'influence occidentale a laissé une empreinte indélébile sur la culture musicale chinoise. les instruments occidentaux sont présents dans les orchestres et on trouve des solistes de renommée internationale (par ex. le violoniste Ma Su-tsung). Un certain nombre de compositeurs (Cheng Lu-cheng, Chang Wen-kang, etc.) écrivent des symphonies, concertos ou grandes œuvres chorales et le répertoire traditionnel européen commence à se répandre. Les grands centres musicaux sont Pékin, Chang-hai et Canton, mais de plus en plus de villes de province créent leurs propres écoles et orchestres.
Les formes musicales
Musique rituelle
Utilisée dans les temples et à la cour, elle consiste en hymnes alliant poésie, musique et danse. Tout est minutieusement déterminé : le nombre et la place de chaque interprète, les actions de l'empereur, chaque figure de danse, la tonalité du morceau, de façon à respecter l'harmonie des lois de l'univers (points cardinaux, saisons, etc.). Les danseurs tiennent d'une main une flûte, de l'autre un bouquet de plumes de faisan. La mélodie est syllabique, en valeurs longues et régulières, en général en vers de quatre pieds, doublée des vents et des cloches à l'unisson et accompagnée d'accords au cheng (orgue à bouche) et au k'in (en accords brisés pour indiquer les subdivisions rythmiques). Harmoniquement, ces accords ne comprennent que l'octave, la quinte et la quarte. Les instruments à percussion, très importants, indiquent le début et la fin de la cérémonie, des hymnes et des vers.
Musique de chambre
Elle concerne surtout la cithare ou k'in, qui fut de tout temps l'instrument de l'élite intellectuelle, et le p'i-p'a. Il s'agit soit de pièces instrumentales, soit de poésie accompagnée. Elle est de nature essentiellement mélodique et une technique très élaborée (nombreux portamenti et différents types de vibrati, par ex.) permet d'obtenir des inflections subtiles et un ensemble d'une incroyable délicatesse.
Opéra
Son apparition est relativement tardive dans l'histoire de la musique chinoise, puisqu'il ne date que du XIVe siècle. À cette époque, il était divisé en deux catégories, le Tsa chü, ou style du Nord, classique et accompagne de la flûte, et le Hsi wen ou style du Sud, plus libre et accompagné du luth. C'est sous les Ming qu'il prit sa forme a peu près définitive. On interdit, à l'époque, la scène aux femmes, ce qui obligea les hommes chargés des rôles féminins à développer une voix de fausset, devenue maintenant typique de l'opéra chinois. Par suite d'une popularité grandissante au cours des deux derniers siècles, il a engendré de très nombreux styles de drames musicaux (400 environ actuellement), qui diffèrent par le genre de sujet, le rôle de la musique, l'instrumentation, le type de mélodie, etc. Le genre le plus répandu et le plus célèbre à l'étranger est l'opéra de Pékin. Il n'y a pas de mise en scène ou de décors ; ces artifices sont remplacés par des conventions de jeu, de costumes, de masques et par le mime. On continue à employer la voix de fausset pour les rôles de femmes ou de jeunes gens. L'orchestre, assez réduit (4 à 8 musiciens), est composé, d'une part, des cordes (violon erh-hu) et des vents (comme les hautbois so-na), qui accompagnent les voix, et, d'autre part, des percussions (claquettes de bois, petit tambour pan-ku), qui ponctuent les phrases et marquent la mesure. les parties chantées sont réservées à des moments privilégiés, le reste du discours se faisant dans une sorte de Sprechgesang.
Musique folklorique
On la rencontre soit en ville sous forme de chansons de rue (accompagnant les processions nuptiales et funéraires), soit dans les campagnes. Dans ce dernier cas, elle est d'un intérêt considérable, car son répertoire, très ancien, est directement issu de l'antique rituel des fêtes saisonnières. Dans les deux cas, il s'agit de simples mélodies, en général pentatoniques, accompagnées de quelques instruments populaires (luths, violons, flûtes, hautbois et petit tambour). Elle a exercé une certaine influence sur la musique rituelle et la musique instrumentale. On assiste à l'heure actuelle à un regain d'intérêt pour ce qui est, en fait, le seul témoignage vivant de la culture musicale chinoise, et les éléments folkloriques constituent un aspect important des compositions modernes, tant dans le domaine de l'opéra que dans les autres domaines.
La pénétration occidentale en Chine a définitivement influencé la musique de ce pays. Pour le moment, les deux styles cohabitent. Une partie des musiciens, soucieux d'authenticité, effectuent des recherches, se penchent sur la musique folklorique et les traditions populaires, et utilisent les instruments indigènes. D'autres, formés en Europe, composent des œuvres purement occidentales (symphonies, concertos) et ont intégré les instruments de l'Ouest. Ces deux tendances, toutefois tendent à se mêler de plus en plus. Les orchestres unissent les deux types d'instruments et les compositeurs occidentalisants tirent leur matériel thématique du folklore. Enfin, le socialisme donne lui-même une certaine couleur à la musique contemporaine en fournissant thèmes et motifs aux œuvres vocales et en encourageant la création de grandes fresques chorales et les compositions collectives.