Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
D

dessus

Terme général désignant soit les voix, soit les tessitures les plus aiguës d'un ensemble.

Dans la terminologie des XVIIe et XVIIIe siècles, on distinguait les hauts dessus et les bas dessus, correspondant à peu près au soprano et au mezzo-soprano. On employait aussi ce terme pour désigner les instruments aigus d'une même famille (par exemple, dessus de viole), ou encore, dans l'orgue, des jeux « coupés » (généralement à partir soit de l'ut3, soit du fa3) n'affectant que la partie supérieure du clavier. Dans le titre des pièces d'orgue, il désigne un morceau comportant un récit de solo à la partie supérieure.

Destouches (André Cardinal)

Compositeur français (Paris 1672 – id. 1749).

Fils d'un marchand parisien, il fit ses études chez les jésuites au collège Louis-le-Grand, de 1681 à 1686. Puis il partit en 1687, avec le père Tachard, pour le Siam, comme mathématicien et géographe. À son retour (1688), il renonça aux ordres. En 1692, il entra chez les Mousquetaires noirs et participa à la guerre de la Ligue d'Augsbourg. Là, il commença à écrire des airs sérieux et à boire. Il quitta l'armée en 1694 pour se perfectionner en musique avec Campra et collabora bientôt avec ce dernier en composant trois airs pour l'Europe galante, opéra-ballet créé en 1697. La même année, il fit interpréter sa pastorale, Issé, en présence de Louis XIV. L'œuvre fut applaudie et Destouches devint l'un des artistes les plus appréciés du roi. De 1699 à 1703, ses tragédies lyriques, Amadis de Grèce, Marthésie et Omphale, ainsi que sa comédie-ballet, le Carnaval et la Folie, eurent le privilège d'être données en concert avant d'être représentées à l'Opéra de Paris. Cette protection lui valut également d'être nommé en 1713 inspecteur de ce théâtre. La mort de Louis XIV ne vint pas interrompre sa carrière. En 1718, il acheta à Delalande la charge de surintendant de la musique, avant de collaborer avec ce musicien au ballet les Éléments, qui fut dansé par le jeune Louis XV aux Tuileries en 1721. Destouches n'allait plus écrire qu'un seul ouvrage lyrique, les Stratagèmes de l'amour, créé en 1726, en dépit du poste de directeur artistique de l'Opéra qu'il reçut en 1728. Entre-temps, en 1727, il avait été nommé maître de la musique de la Chambre. Pour Marie Leszczy'nska, il organisa les Concerts de la reine, avant de se démettre de toutes ses charges.

   À côté de quelques cantates et de plusieurs airs sérieux et à boire, le reste de l'œuvre conservé de Destouches est consacré à l'art lyrique. Parmi les meilleurs opéras peuvent être cités la pastorale Issé (1697), qui fut augmentée de deux actes dans une nouvelle version (1708), ainsi que les tragédies lyriques Omphale (1700) et Callirhoé (1712). Sa comédie-ballet, le Carnaval et la Folie (1703), témoigne de l'influence italienne et pourrait être rapprochée des opéras-ballets de Campra.

détaché

Mode d'exécution dans lequel les notes doivent être séparées, c'est-à-dire jouées sans legato (jeu lié).

S'appliquant plus particulièrement aux instruments à archet, le détaché, qui peut être plus ou moins prononcé, se fait en jouant une seule note par « tiré » ou « poussé », et en interrompant nettement le son entre le « tiré » et le « poussé ».

détonner

Se dit d'une voix ou d'un instrument qui quitte l'intonation juste pour émettre une note trop haut ou trop bas.

Deutsch (Max)

Compositeur autrichien naturalisé français (Vienne 1892 – Paris 1982).

C'est en 1912, alors qu'il suivait les cours de Guido Adler à l'université de Vienne, que Max Deutsch devint l'élève de Schönberg en même temps que le précepteur de son fils. Il l'accompagna à Amsterdam comme assistant en 1920-21. Nommé chef titulaire du Blüthner Orchestra à Berlin, il composa la musique du film de Pabst le Trésor, puis vint s'établir à Paris en 1924. C'est là qu'il résida désormais et dirigea notamment la première exécution en France du Kammerkonzert de Berg et d'importants fragments des Gurre Lieder de Schönberg. Naturalisé français en 1948, après avoir fait la guerre dans la Légion étrangère, il se consacra dès lors à l'enseignement de la composition, puis fonda, en 1960, les Grands Concerts de la Sorbonne où les œuvres de ses élèves les plus marquants, données en création, voisinaient avec celles des principaux compositeurs du XXe siècle, sans exclusive. En 1971, il devint professeur de composition à l'École normale de musique de Paris. Plus de trois cents compositeurs de tous les pays ont trouvé à travers lui une approche de la musique dans laquelle le dire occupe moins de place que le faire : « Mettez-vous au piano et jouez » était l'un de ses conseils les plus pressants. Loin d'être concentré exclusivement, il s'en fallait de beaucoup, sur l'étude de la méthode dodécaphonique, l'enseignement de Max Deutsch reposait sur l'analyse des œuvres de Schönberg de la période 1908-1913, mais également sur toutes celles qui, de Monteverdi à Mahler en passant par Beethoven, Brahms et Wagner, ont fait la somme des acquisitions précédentes, en insistant davantage sur la permanence d'un certain nombre de principes d'écriture fondamentaux que sur les bouleversements esthétiques ou techniques qui ont jalonné l'histoire de la musique.

   Quoiqu'il n'ait jamais cessé d'écrire de la musique, Max Deutsch n'a pas cherché à s'imposer comme compositeur. Parmi ses œuvres, presque toutes détruites avant sa mort, il faut citer une Symphonie en cinq mouvements, une Symphonie pour solos, chœurs et orchestre d'après Péguy, des mélodies, des Chœurs d'hommes d'après Vinci, une messe, une musique de scène pour la Fuite (1946) de Tristan Tzara, et un opéra, le Joueur.

Deutsch (Otto Erich)

Musicologue autrichien (Vienne 1883 – id. 1967).

Il commença sa carrière comme critique d'art du journal Die Zeit (1908-1909), puis devint assistant à l'Institut d'histoire de l'art de l'université de Vienne (1910-11). Il se dirigea ensuite vers la musicologie, entreprenant des recherches sur les musiciens viennois et particulièrement sur Franz Schubert, de l'œuvre duquel il établit, en 1951, un catalogue thématique qui a été universellement adopté. De 1939 à 1951, il vécut exilé en Angleterre, et prit la nationalité de ce pays en 1947.