Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
M

marche

Composition instrumentale de mesure binaire, au rythme accentué, servant à l'origine à marquer le pas d'une armée ou d'une procession.

Dans le domaine militaire, la marche a connu un immense développement et s'est répandue dans la plupart des pays à tous les corps d'armée. Mais elle est également entrée dans la musique classique à partir du XVIIe siècle. C'est Lully qui l'introduit le premier dans l'opéra et le ballet. La marche a pris rapidement la forme du menuet : première partie à deux sections avec reprises, partie centrale (trio) plus mélodieuse, et retour de la première partie sans reprise, avec parfois quelques variantes. Son instrumentation, à l'origine, était composée essentiellement d'instruments à vent et de percussion.

   La marche trouva place, aux XVIIIe et XIXe siècles, dans l'œuvre de Haydn, Mozart, Beethoven, Schubert, Méhul. Mais à partir de la même époque, différents genres se distinguèrent : marche turque, marche funèbre, marche hongroise (marche de Rákóczi), marche nuptiale, sans compter les nombreuses marches écrites pour des occasions diverses (inaugurations, festivités, commémorations, etc.).

   La marche peut également être vocale (chants patriotiques et révolutionnaires notamment).

marche harmonique

Procédé d'harmonie consistant à enchaîner au moyen d'une formule de transition, susceptible d'être indéfiniment répétée, deux ou plusieurs fragments dont chacun reproduit le précédent, avec ou sans modulation, à une distance intervallique donnée.

La pratique de la marche harmonique, dite aussi marche d'harmonie, considérée comme entraînement à la modulation, constituait autrefois un exercice pédagogique privilégié ; son abus l'a quelque peu discréditée en lui valant à la fin du XIXe siècle, surtout lorsqu'elle était modulante, le surnom péjoratif de rosalie, du nom d'une romance italienne qui en faisait usage. Elle est aujourd'hui, par réaction, considérée par les harmonistes avec quelque méfiance. La marche d'harmonie est dite tonale lorsque, sans moduler, les intervalles s'adaptent aux degrés de l'échelle, modulante lorsqu'ils se reproduisent tels quels en entraînant modulation.

Marchettus de Padoue

Théoricien italien de la première moitié du XIVe siècle.

Sa biographie est mal connue ; il fut probablement au service des rois de Naples. Nous possédons de lui deux traités : Lucidarium in arte musicae planae et le Pomerium artis musicae mensurabilis. Un résumé du Pomerium, Brevis compilatio in arte musicae mensuratae, fut rédigé vers 1326. Le Lucidarium traite de la classification de la musique (consonances, dissonances, modes) ; le Pomerium s'attache aux notations italiennes et françaises et aux subdivisions de la brève (ternaire, binaire).

Marcland (Patrick)

Compositeur français (Neuilly-sur-Seine 1944).

Il a travaillé à l'École normale de musique de Paris la guitare classique avec Alberto Ponce ainsi que l'écriture et la composition avec Max Deutsch, puis l'analyse avec Yves Marie Pasquet au conservatoire de Bobigny et avec Claude Ballif au Conservatoire de Paris. On lui doit notamment un Trio pour clarinette, violon et violoncelle (1971), un Septuor pour flûte, hautbois, clarinette, basson, cor, harpe et percussion (1972), Tresses pour 12 cordes solistes (1974), Mètres pour flûte, alto et harpe (1974), Variants pour 16 instruments (1975), Passages pour flûte, alto, harpe et orchestre (1975-76), Fragments pour 2 ondes Martenot, guitare électrique et percussion (1977), Stretto pour harpe seule (1978), Failles pour flûte, alto, harpe et orchestre (1978), et Versets pour 19 instruments. Il a aussi écrit des musiques de film. Son opéra P.A., sur un livret de Jean Baillon d'après les contes de Perrault, a été donné à l'I. R. C. A. M. en novembre 1981. Suivirent notamment les ballets Elle venait du côté de la mer (1988) et La porte est refermée, la voilà sans lumière (1991).

Marco (Tomas)

Compositeur espagnol (Madrid 1942).

Il bénéficie d'une double formation : il a suivi des cours à l'université (droit, psychologie, sociologie), et a appris le violon et la composition, sans compter les cours de Darmstadt où il a participé, en 1967, à l'œuvre collective de Stockhausen Ensemble ; il a également reçu l'enseignement de musiciens tels que Boulez et Ligeti. En 1969, il a obtenu pour Vitral (pour orgue et ensemble à cordes) le prix national de la musique en Espagne.

   Ce compositeur mène de front de multiples activités : il travaille à la radio espagnole, donne des cours au conservatoire de Madrid sur les nouvelles tendances ; et dirige le groupe Koan, consacré à la musique contemporaine, ainsi que des concerts poursuivant le même but, Estuvio Nueva Generación. Il a publié plusieurs ouvrages : des monographies sur Ives, Satie, Debussy et Ravel ; un livre d'intérêt général, Música Española de Vanguardia (1970). Il a même fondé une revue destinée à la musique de notre temps, Sonda, et a effectué des travaux sur la perception musicale, car « il se préoccupe non de la production du son, mais aussi de sa réception ». Marco ne refuse aucune des possibilités offertes par les techniques actuelles, mais l'électroacoustique l'intéresse comme moyen, non comme but, comme un élément intégré à la musique contemporaine. Il a présenté à Royan Rosa-Rosae, quatuor pour flûte, clarinette, violon et violoncelle (1969) et le concerto pour violon les Mécanismes de la mémoire (1971-1972). Il a composé des symphonies, dont Sinfonia no 4 « Espacio Quebrado » (1987) et Sinfonia no 5 « Modelos de Universo » (1988-1989).

Marcussen

Facteurs d'orgues danois, établis depuis 1806.

Dirigée aujourd'hui par Jürgen Zachariassen, la firme développe une activité importante de construction et de restauration en Scandinavie, aux Pays-Bas et en Allemagne.

Maréchal (Maurice)

Violoncelliste français (Dijon 1892 – Paris 1964).

Après avoir commencé ses études au conservatoire de Dijon, il travaille au Conservatoire de Paris, où il obtient le premier prix de violoncelle en 1911. Il a été soliste des concerts Lamoureux (1919) et de l'Orchestre de New York (1926), et a fait une carrière internationale. De 1942 à 1963, il a enseigné au Conservatoire de Paris. Il a été le créateur de la sonate pour violon et violoncelle de Ravel (avec Hélène Jourdan-Morhange), de l'Épiphanie de Caplet, et des concertos de Honegger et de Milhaud. Pendant la Première Guerre mondiale, à laquelle il participa, il se fit fabriquer un violoncelle dans le bois d'une caisse à munitions, instrument aujourd'hui conservé au Musée instrumental du Conservatoire de Paris.