Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Bennett (William Sterndale)

Compositeur et pianiste anglais (Sheffield 1816 – Londres 1875).

Choriste dès l'âge de huit ans au King's College de Cambridge, il fit, à la Royal Academy of Music de Londres, des études très complètes (violon, chant, piano, composition). Sa première œuvre date de 1832 : c'est un concerto pour piano joué en 1833 en présence de Mendelssohn, qui demeura dès lors son ami, et auquel Bennett rendit visite en Allemagne en 1836, 1837 et 1838. Lors de son deuxième séjour, Bennett, remarquable pianiste, d'une personnalité très attachante, se lia d'amitié avec Schumann. Il créa, au Gewandhaus de Leipzig, deux de ses meilleures œuvres, les ouvertures The Naiads et The Woodnymphs.

   Devenu professeur à la Royal Academy of Music, Bennett exerça, par son enseignement, une très forte influence sur la musique anglaise. Ayant fondé, à Londres, la Bach Society (1849), il dirigea, en 1854, la première exécution en Angleterre de la Passion selon saint Matthieu de Bach. Les nombreuses charges auxquelles il accéda à la fin de sa vie, notamment la direction de la Royal Academy (1866), le détournèrent de la composition. Son œuvre comprend surtout des pièces pour piano, pour piano et orchestre, des pièces vocales et de la musique d'église.

Benoit (Marcelle)

Musicologue française (Lille 1921).

Élève de Norbert Dufourcq au Conservatoire de Paris, elle obtient dans cet établissement un premier prix d'histoire de la musique en 1952 et un premier prix de musicologie en 1954 ; elle y a enseigné à partir de 1959, devenant chargée de cours en 1973. Spécialiste de la musique française des XVIIe et XVIIIe siècles, elle a fait dans ses recherches sur les institutions et sur la musique de cette époque un usage systématique et nouveau des archives, et a publié notamment Quelques nouveaux documents sur François Couperin, ses ancêtres, sa musique, son foyer (Paris, 1968), Versailles et les musiciens du roi : étude institutionnelle et sociale, 1661-1733 (Paris, 1970 ; thèse d'État, 1971), Musiques de cour : chapelle, chambre, écurie, recueil de documents, 1661-1733 (Paris, 1970 ; suppl. thèse d'État, 1971) et les Musiciens du roi de France (Paris, 1983). À partir de 1960, elle a dirigé avec Norbert Dufourcq les Recherches sur la musique française classique. Elle a également dirigé un Dictionnaire de la musique en France aux XVIIe et XVIIIe siècles (1992).

Benoit (Peter)

Compositeur belge (Harelbeke, près de Courtrai, 1834 – Anvers 1901).

Après des études au conservatoire de Bruxelles avec Bosselet et Fétis, puis avec Louis Hanssens, directeur du théâtre de la Monnaie, il débuta dans la carrière de compositeur par des mélodrames flamands et un petit opéra, et remporta le prix de Rome belge, en 1857, avec le Meurtre d'Abel. Il voyagea en Allemagne et en France, et fut chef d'orchestre au théâtre des Bouffes-Parisiens. De retour en Belgique, il connut le succès avec une Messe solennelle et fonda à Anvers, en 1867, l'École flamande de musique, imposant le flamand comme langue unique et encourageant une musique qui reflétât l'esprit de la race. Son rôle fut, à la fois, culturel et politique. Benoit exerça une grande influence sur des compositeurs comme Mortelmans, Blockx, Wambach, etc. Sa musique, d'un lyrisme coloré, parcourue d'élans postromantiques et épiques, est une référence à laquelle le public est demeuré fidèle comme à celle d'un barde national. Outre ses œuvres pour orchestre et ses opéras flamands, Benoit est surtout connu pour de vastes partitions avec chœurs : De Schelde (l'Escaut), De Oorlog (la Guerre), Antwerpen (Anvers), etc.

Benserade (Isaacde)
ou Isaacde Bensserade

Poète et auteur dramatique français (Paris 1613 – Gentilly 1691).

Après sa première tragédie, Cléopâtre (1635), il reçut la protection de Richelieu et conserva celle de Mazarin pendant la minorité de Louis XIV. Très estimé des dames et de la société des précieuses, Benserade devint le poète familier de la cour. Il écrivit, à partir de 1651, de nombreux ballets de cour (Cassandre, la Nuit, Psyché, Alcidiane, etc.) mis en musique collectivement par Lully, Jean de Cambefort, Michel Lambert, etc. Ses poèmes élégants, destinés à des spectacles de cour auxquels participait le jeune monarque, sont remplis de scènes allégoriques. Avec lui, le ballet de cour devint un divertissement plus cohérent et son influence fut loin d'être négligeable pendant les années qui précédèrent la naissance de l'opéra français avec Lully (1673).

Bentoiu (Pascal)

Compositeur, musicologue et esthéticien roumain (Bucarest 1927).

Il étudie la composition avec Mihaïl Jora (1944-1948) à Bucarest et travaille comme chercheur à l'Institut de recherches ethnologiques et dialectologiques de Bucarest (1953-1956). Après la chute du communisme en Roumanie, il sera président de l'Union des compositeurs (1990-1992). La musique de Bentoiu se caractérise par sa clarté, son sens de l'élocution (le compositeur a beaucoup écrit pour le théâtre), par le souci d'intégrer, dans des structures héritées du passé, bon nombre de procédés spécifiques de la musique d'aujourd'hui. Dans son opéra Hamlet (1966-1969, prix Guido Valcarenghi, Rome 1970), le compositeur met la diversité des moyens et des formes utilisés au service d'une synthèse originale entre drame et musique. L'opéra radiophonique le Sacrifice d'Iphigénie (1968, prix « Italia ») reprend des systèmes d'intonation propres à la musique roumaine ancienne pour recréer l'esprit et la signification du spectacle antique. Ses symphonies, surtout les dernières, témoignent de ses préoccupations concernant la relativisation des procédés stylistiques et la possibilité de construction de métastyles. On lui doit, entre autres, huit symphonies (1965-1987), plusieurs concertos (dont deux pour piano, 1954 et 1960, et un concerto pour violoncelle, 1989), six quatuors à cordes (1953-1982), plusieurs cycles de mélodies. Il se consacre actuellement à la reconstitution et à l'orchestration des symphonies inachevées de Georges Enesco (la Cinquième, dont la reconstitution fut terminée en 1995, sera bientôt suivie de la Quatrième). Bentoiu a publié plusieurs livres d'esthétique musicale ainsi que Chefs-d'œuvre d'Enesco (Bucarest, 1984, prix de l'Académie roumaine 1987).