b
Lettre par laquelle a été désignée d'abord la note ré dans la notation médiévale du système de Notker Balbulus, puis la note si dans le système d'Odon de Cluny.
Elle indique toujours le si naturel dans les pays de langue anglaise, mais le si bémol (B flat en anglais) dans ceux de langue allemande, où le H représente le si naturel. En ce qui concerne la désignation des tonalités, B et b (majuscule et minuscule) indiquent respectivement, pour les Anglais, si majeur et si mineur, pour les Allemands, si bémol majeur et si bémol mineur ; pour ces derniers enfin, Bes représente si double bémol.
Babbitt (Milton)
Compositeur et théoricien américain (Philadelphie 1916).
Mathématicien, il ne vint à la musique qu'à la suite de ses rencontres avec Marion Bauer, Philip James et surtout Roger Sessions, qui l'incita à mettre rapidement un terme à une carrière de compositeur de chansons et de comédies musicales. Subtil théoricien de la technique sérielle, reprenant et étendant la dernière manière de Schönberg dans l'utilisation des douze sons, il a créé un système personnel reposant sur une plus grande complexité et un plus grand raffinement des intervalles, liés à l'idée structurale qui sert de point de départ à l'œuvre. Cette reformulation de la base empirique de la tradition musicale s'accompagne d'une exploration logique de la matière sonore dans ce qu'elle a de plus abstrait, qu'il s'agisse des possibilités des instruments ou de l'électronique. Professeur à l'université de Princeton, puis à la Julliard School, directeur du Centre de musique électronique de Columbia-Princeton et directeur de la musique à l'université de New York, il exerce une très grande influence sur les jeunes compositeurs, et, s'il n'est pas absolument reconnu comme le chef de file de l'école américaine (notamment par le groupe de John Cage), il en demeure l'une des personnalités les plus importantes. Son rayonnement s'est également exercé à travers ses ouvrages théoriques (Some aspects of 12 tones compositions ; Past and present of the nature and limits of music ; The use of computers in musicological research ; 12 tones rhytm structure and the electronic medium), ainsi que par ses conférences, données aux États-Unis et en Europe (Salzbourg, Darmstadt), où il analyse ses conceptions avec brio.
L'œuvre de Babbitt comprend de la musique de piano, de la musique de chambre, de la musique pour voix et piano ou bande magnétique et des compositions pour instruments électroniques.
Bacarisse (Salvador)
Compositeur espagnol (Madrid 1898 – Paris 1963).
Prix national de composition musicale dans son pays en 1923, 1930 et 1934, critique musical, directeur artistique de l'Unión Radio de Madrid et de différents organismes culturels jusqu'à la guerre civile, Salvador Bacarisse vécut exilé en France à partir de 1939. C'était un traditionaliste, dont l'œuvre, en majeure partie orchestrale, franche d'accent et ardemment optimiste, ne conservait qu'un contact discret avec l'art et le folklore espagnols.
Baccaloni (Salvatore)
Basse italienne (Rome 1900 – New York 1969).
Enfant, il fut soprano dans les chœurs de la chapelle Sixtine. Il débuta au théâtre Adriano de Rome dans le Barbier de Séville (rôle de Bartholo) et fut engagé à la Scala de Milan par Toscanini en 1927. Dès lors, il s'imposa comme la plus célèbre basse bouffe de son époque. Il chanta aux festivals de Glyndebourne (1936-1939) et de Salzbourg avant d'émigrer, au moment de la guerre, aux États-Unis, où il demeura longtemps attaché au Metropolitan Opera de New York. Salvatore Baccaloni possédait un timbre profond, que pourraient envier nombre de basses dramatiques, et un talent d'acteur exceptionnel. Bartholo (le Barbier de Séville, les Noces de Figaro), Osmin (l'Enlèvement au sérail), Alfonso (Cosi fan tutte), Leporello (Don Juan) et Don Pasquale furent ses rôles les plus marquants.
bacchanale
Morceau de musique ou de danse dans le caractère des fêtes bachiques, lesquelles célébraient, dans le monde antique, le culte de Dionysos (Bacchus).
À l'époque de la Renaissance, le terme a été appliqué à des compositions vocales, sur des thèmes populaires et burlesques, qui se chantaient à Florence. Mais il désigne surtout les divertissements d'opéra qui s'inspirent des danses des bacchantes, traditionnellement désordonnées et teintées d'érotisme. La bacchanale de Tannhäuser de Wagner et celle de Samson et Dalila de Saint-Saëns sont les plus typiques.
Bacewicz (Grazyna)
Femme compositeur polonaise (Łódź 1913 – Varsovie 1969).
Elle étudia au conservatoire de Varsovie la composition avec K. Sikorski et le violon avec J. Jarzebski, puis travailla à Paris avec Nadia Boulanger. En tant que violoniste, elle donna pendant plusieurs années des séries de concerts en Pologne et à l'étranger, avant de se consacrer à la composition. Elle a reçu dans son pays le prix d'État en 1950 et 1952. La démarche musicale de ses débuts était d'expression néoclassique et fortement teintée par la musique populaire. Ultérieurement, Grazyna Bacewicz s'est ouverte à la nouvelle musique et a participé à son développement, notamment dans le cadre du sérialisme. Son œuvre comprend essentiellement des compositions orchestrales, ainsi qu'un ballet (le Paysan qui devint un roi, 1953) et un opéra radiophonique (les Aventures du roi Arthur, 1959).
Bach (Carl Philip Emanuel)
Compositeur allemand (Weimar 1714 – Hambourg 1788).
Deuxième fils de J. S. Bach et de sa première femme Maria Barbara, et deuxième de ses quatre fils musiciens, le « Bach de Berlin et de Hambourg » fut l'élève de son père à Saint-Thomas, grava lui-même à 17 ans son premier menuet, et, après de solides études de droit, devint en 1738 claveciniste dans l'orchestre du prince héritier de Prusse. Lorsque celui-ci accéda au trône sous le nom de Frédéric II, il le suivit à Potsdam. Il se révéla rapidement un maître de la musique instrumentale, en particulier du clavier, et, à ce titre, marqua profondément son époque, aussi bien par ses Sonates prussiennes (1742), ses Sonates wurtembergeoises (1744) ou ses Sonates avec reprises variées (1760) que par son Essai sur la véritable manière de jouer des instruments à clavier (Versuch über die wahre Art, das Clavier zu spielen, 1753 et 1762, traduction française, Paris, 1979). Ce traité est fondamental pour la connaissance des questions d'interprétation au XVIIIe siècle. Des années berlinoises ne datent que deux ouvrages religieux, la cantate de Pâques Gott hat den Herzn auferwecket (1756) et surtout le Magnificat en ré (1749). À la mort de son parrain, Telemann (1767), il lui succéda comme directeur de la musique à Hambourg et occupa ce poste de 1768 à sa mort. Là, il fit entendre le Messie de Haendel, le credo de la Messe en si de son père, le Stabat Mater de Haydn et composa lui-même une assez grande quantité de musique religieuse dont les oratorios Cantate de la Passion (1769 ?), Die Israeliten in der Wüste (« Les Israélites dans le désert », version originale 1769) et Die Auferstehung und Himmelfahrt Jesu (« La résurrection et l'ascension de Jésus », version originale 1774), de nouveaux ouvrages pour clavier (6 recueils de Sonates, rondos et fantaisies pour connaisseurs et amateurs parurent de 1779 à 1787), de la musique de chambre et 10 symphonies (la moitié de sa production en ce domaine) : 6 pour cordes à l'intention du baron Van Swieten (1773) et 4 pour grand orchestre, parues en 1780. Dans son héritage se trouvaient la plupart des documents originaux de la famille Bach. Contrairement à celle de son frère, Wilhelm Friedemann, sa musique fut largement éditée de son vivant et sa renommée fut grande. Haydn (qui travailla ses sonates dans sa jeunesse) et Mozart l'admirèrent profondément, et le premier surtout, par certains côtés, fut son continuateur. Pionnier du concerto pour clavier (une cinquantaine), il fut, par ses brusques modulations dramatiques, ses rythmes imprévus, sa démarche parfois velléitaire, le plus grand représentant en musique de l'Empfindsamkeit. « Un musicien ne peut émouvoir que s'il est ému lui-même », disait-il volontiers, et, sous les notes d'un des dix-huit Probe-Stücke accompagnant l'Essai…, à caractère de récitatif, le poète Heinrich Wilhelm von Gerstenberg (1727-1823) put inscrire les paroles du monologue d'Hamlet. Son instrument préféré était le clavicorde. Parmi les domaines injustement méconnus de sa production, une vaste série d'Odes et lieder pour voix avec accompagnement de clavier. De la galanterie il sut éviter les écueils et il occupa en son siècle, pas seulement comme adepte de la nouvelle « forme sonate », une position unique. Il fut d'ailleurs le seul musicien de son rang à avoir couvert, par une production abondante, tout le deuxième tiers et une bonne partie du troisième tiers du XVIIIe siècle. Le catalogue de ses œuvres dressé par Alfred Wotquenne (1905) est à peu de choses près une copie de celui, incomplet, réalisé après la mort du compositeur par un de ses amis, l'organiste Johann Jacob Heinrich Westphal (1756-1825). Un autre, dû à Eugen Helm, est paru en 1989.