Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
I

Istvan (Miroslav)

Compositeur tchèque (Olomouc 1928 – Brno 1990).

Élève de l'académie Janáček de Brno de 1948 à 1952, il y a enseigné à partir de 1953. D'abord adepte du néoclassicisme, en particulier dans sa Suite tchécoslovaque (1951) et dans sa Symphonie (1952), Istvan s'est ensuite intéressé à la musique de chambre ­ Trio avec piano (1958), Quatuor à cordes 62 (1963), Refrains pour trio à cordes (1965) ­ et aux techniques sérielles, ainsi qu'au principe de non-répétition et à la mélodie de timbres (Six Études pour orchestre de chambre, 1964). On lui doit aussi : Moi, Jacob pour voix, récitant, ensemble de chambre et bande magnétique sur des textes de la Bible (1968).

ite missa est

Formule latine signifiant en bas latin « Allez, vous pouvez disposer », par laquelle, dans la messe primitive, on congédiait les catéchumènes à la fin de la seule partie de l'office à laquelle ils étaient admis.

Après l'abandon de la ségrégation, la formule fut transportée à la fin de l'office, qui prit par extension le nom de missa (« messe »), et la formule fut traduite par « Allez, la messe est dite ». Musicalement, l'Ite missa est, chanté par l'officiant, ne comporte pas de mélodie spécifique : on l'adopte sur une autre mélodie de la messe, généralement celle du premier kyrie ; le chœur répond Deo gratias sur la même mélodie. Au temps pascal, toutefois, le dialogue est amplifié de deux alléluias pour chaque réplique et reçoit une mélodie particulière. Aux temps de pénitence et à certaines féries, il est remplacé par Benedicamus Domine.

   Alors que cette dernière formule a été, jusqu'au XIIIe siècle, l'une des plus volontiers mises en polyphonie, on trouve très peu de traitements polyphoniques de l'Ite missa est : la messe de Machaut et celle dite « de Tournai » sont des exceptions ; la première prend comme teneur de mélodie non pas celle d'un kyrie, mais celle d'un sanctus. On ne trouve jamais d'Ite missa est dans les messes en musique au-delà du Moyen Âge.

itinéraire (l')

Ensemble de musique contemporaine fondé en janvier 1973 par Hugues Dufourt, Gérard Grisey, Michael Levinas, Tristan Murail et Roger Tessier.

Lié par une convention au ministère de la Culture, il regroupe en une association, selon la loi de 1901, de jeunes solistes et une grande partie de la génération des compositeurs français d'après-guerre, et se propose à la fois de créer et de diffuser la musique d'aujourd'hui et d'offrir aux compositeurs et aux interprètes des moyens de recherche et d'innovation. Pour ce faire, il dispose d'une formation traditionnelle de 20 instrumentistes, d'un « Ensemble d'instruments électroniques », composé de 5 musiciens à la tête de plus de 20 instruments, et d'un « Groupe de musique de chambre expérimentale », à effectifs variables, alliant l'instrument traditionnel à un important matériel de transformation électronique du son. Ces deux derniers ensembles, en particulier, offrent aux compositeurs un travail d'atelier où ils peuvent expérimenter et trouver matière à de nouvelles réflexions musicales (cf. Voix dans un vaisseau d'airain de Michael Levinas, Clair-Obscur de Roger Tessier, ou Forces vives de François Bousch). Des combinaisons sonores et instrumentales nouvelles ont pu aussi voir le jour grâce aux moyens rassemblés et à l'expérience acquise dans le domaine des musiques « mixtes » (Saturne de Hugues Dufourt, l'opéra l'Amant déserté d'Alain Bancquart).

   Sur les plans esthétique et théorique se sont développées une réflexion et une recherche sur le son musical et son rapport à l'écriture : travail sur " l'harmonie de fréquences », les simulations électroniques, la « synthèse instrumentale » (Gérard Grisey, Tristan Murail). Il en est résulté un style de jeu très différent de celui, marqué par la musique sérielle, de la génération précédente, par exemple dans le contrôle très fin des modes de jeu, des sons nouveaux des instruments (multiphoniques), ceux-ci cessant d'être un effet plus ou moins aléatoire pour devenir une matière analysable et reproductible, capable éventuellement de mener à une autre dimension de l'écriture musicale (cf. Traité sur la flûte de Pierre-Yves Artaud). L'activité de concert de l'Itinéraire consiste en une saison régulière à Paris chaque année (y sont données surtout des créations ou des premières françaises), en tournées dans d'autres villes de France (avec des programmes variés), et en une activité d'exportation de la jeune musique française à l'étranger, en fort développement depuis quelques années.

Iturbi (José)

Pianiste, chef d'orchestre et compositeur espagnol (Valence 1895 – Los Angeles 1980).

Il acheva ses études musicales au Conservatoire de Paris dans la classe de Victor Staub et, de 1918 à 1923, occupa au conservatoire de Genève le poste qu'avait illustré Liszt. Débutant aux États-Unis en 1929 comme pianiste et chef d'orchestre, nommé en 1936 chef permanent de l'orchestre de Rochester, il se révéla excellent comédien à l'occasion d'un récital à Hollywood et ne résista pas à l'appel du septième art, tournant notamment, dans les années 40, une Féerie à Mexico qui fit le tour du monde.

   De retour en Espagne, il dirigea l'Orchestre symphonique de Valence (1956), tout en poursuivant son activité de concertiste, parfois à deux pianos avec sa sœur Amparo (née à Valence en 1898). Il a composé différentes pièces pour son instrument, une Fantaisie pour piano et orchestre et un poème symphonique.

Ivaldi (Christian)

Pianiste français (Paris 1938).

Il fait des études très complètes au Conservatoire de Paris, où il obtient cinq premiers prix. Engagé en 1961 comme pianiste soliste à Radio France, professeur de déchiffrage au Conservatoire de Paris à partir de 1969 et de musique de chambre à partir de 1986, il consacre aussi une part très importante de son activité à l'accompagnement des chanteurs ­ C. Berberian, R. Crespin, R. Streich, G. Souzay, etc. Il se produit également à quatre mains avec Noël Lee et enregistre avec lui une intégrale de Schubert. Il collabore aussi avec le Liederquartett, enregistrant la musique de chambre vocale de Mozart, Brahms, Rossini, etc. Attaché à promouvoir la musique de son temps, il crée des œuvres de Boucourechliev, Aperghis, Capdenat, de Pablo. Il fonde en 1982 le Quatuor Ivaldi et prend en 1994 la direction des Musicades de Lyon.