loure
Danse française d'origine rustique, qui prend place, au XVIIe siècle, avec tout un choix d'autres danses, dans la suite instrumentale.
Elle figure également dans les ballets des ouvrages lyriques. Dans son Dictionnaire (1703), S. de Brossard apprend que le loure, tout en étant une sorte de musette, est « aussi souvent le nom d'un Air & d'une Danse qu'on écrit ordinairement sous la mesure de 6 pour 4. & qu'on Bat lentement ou gravement, & en marquant plus sensiblement le premier temps de chaque Mesure, que le second etc. ».
Cette danse peut commencer par une anacrouse (par exemple, croche-noire), ce qui donne immédiatement à cette danse son caractère sautillant. On en trouve des exemples dans des Sonates de Fr. Couperin, dans la 5e Suite française de J.-S. Bach, et dans des œuvres lyriques chez Collasse (Thétis et Pélée, 1689), Charpentier (Médée, 1693), Rameau (Castor et Pollux, 1737, les Fêtes d'Hébé, 1739).
Parfois, le terme est associé à une autre danse, par exemple, à la Gigue (chez Couperin : les Nations, l'Espagnole).
Lourié (Arthur)
Compositeur américain d'origine russe (Saint-Pétersbourg 1892 – Princeton 1966).
Il fit ses études au conservatoire de Saint-Pétersbourg, puis en autodidacte. Il fut directeur de la section musicale du Commissariat du peuple lors de la Révolution. Il se fixa à Paris de 1924 à 1940, puis aux États-Unis en 1941. Il se libéra de l'influence de Debussy, Stravinski et Schönberg au bénéfice d'une expression personnelle qui se réfère à la musique liturgique orthodoxe, avec le souci de la primauté mélodique. D'inspiration généralement religieuse ou philosophique, son œuvre doit sa séduction à la sincère adaptation des modes et du plain-chant grégorien à la sensibilité contemporaine. « Musique grave jusqu'à une sorte d'austérité, mais belle comme la nuit et la solitude », en a dit Julien Green. Son journal musical Profanation et sanctification du temps (Paris, 1966) contient d'intéressants documents sur la vie artistique entre 1910 et 1960.
Louvier (Alain)
Compositeur français (Paris 1945).
Élève au Conservatoire de Paris, il y a obtenu neuf premiers prix, dont un de composition, un d'analyse musicale (chez Olivier Messiaen) et un de clavecin. Il fut premier second grand prix de Rome en 1967, et premier grand prix de Rome en 1968.
Devenu directeur du conservatoire de Boulogne-Billancourt, il a commandé à divers compositeurs des œuvres destinées à de jeunes instrumentistes. Il a obtenu le prix Honegger en 1975. Comme compositeur, il s'est beaucoup préoccupé de renouveler la technique pianistique (ainsi que celle du clavecin), notamment en attribuant aux instrumentistes un rôle de mime-acteur, et s'est intéressé aux micro-intervalles. Dans ses diverses Études pour agresseurs, pour formations variées, il a exploré, en particulier, de nouveaux modes d'attaque. Il en va de même dans le Clavecin non tempéré (1979). Il a écrit Duel pour 2 à 5 percussionnistes (1971), Houles pour ondes Martenot, percussion et piano (1971), 7 Caractères d'après La Bruyère pour piano et ensemble (1972), Canto di Natale pour voix et instruments (1976), Messe des Apôtres (1978), Casta Diva pour le spectacle Béjart à l'I. R. C. A. M. (1980), Concerto pour orchestre avec bande de sons d'ordinateur (1982), Tutti pour orchestre de jeunes (1988), Livre pour virginal (1987-1993), Missa de Angelis pour chœur mixte, 2 cors et percussion (1995). Il a dirigé de 1986 à 1991 le Conservatoire national supérieur de musique de Paris et depuis 1992 y enseigne l'orchestration.
Lübeck (Vincent)
Organiste et compositeur allemand (Paddingbüttel, près de Brême, 1654 – Hambourg 1740).
Fils d'organiste, il reçut son éducation musicale à Flensburg, avant d'être nommé maître de tribune à Stade en 1675. En 1702, il devint organiste de l'église Saint-Nicolas de Hambourg (où il disposait d'un orgue nouvellement construit par le célèbre facteur Arp Schnitger) et il devait garder cette charge importante jusqu'à sa mort. Durant sa longue existence, il a beaucoup écrit pour son instrument, cultivant, outre la fantaisie sur le choral, la toccata fuguée dans le style de Buxtehude. Dans l'unique œuvre imprimée de son vivant, la Clavier-Übung de 1728, comme dans ses 7 grandes Toccatas, il apparaît, avant tout, comme un compositeur du XVIIe siècle, même si les toccatas en ut mineur et fa majeur sont traitées en diptyque, dans un esprit plus moderne.
Tempérament soucieux d'équilibre et de rigueur formelle, Lübeck a également écrit pour la voix, et 3 cantates sont parvenues jusqu'à nous, ainsi que 1 cantique pour la fête de Noël (Willkommen süsser Braütigam) et 1 Motet concertant (Gott, wie herrlich ist dein Name).
Remarquable pédagogue, Lübeck a formé de nombreux élèves, dont deux de ses fils : Peter Paul, qui lui succéda à Stade, et Vincent, qui œuvra à Hambourg jusqu'à sa mort, survenue en 1755.
Lubimov (Alexei)
Pianiste et claveciniste russe (Moscou 1944).
Il entre en 1963 au Conservatoire de Moscou où il étudie avec Heinrich Neuhaus. Lauréat du concours de Rio de Janeiro en 1965 et de celui de Montréal en 1968, il se produit principalement dans son pays. D'abord cantonné dans le répertoire classique de piano, il élargit peu à peu le champ, s'intéressant à la musique ancienne et à la création contemporaine(premières auditions en U.R.S.S. d'œuvres de Boulez, Stockhausen, Cage). Il a fondé et dirige un festival de musique contemporaine (l'Alternative).
Lubin (Germaine)
Soprano française (Paris 1890 – id. 1979).
Plus que le Conservatoire, abordé à dix-huit ans, importent ses rencontres décisives avec F. Litvinne et Lilli Lehmann. Elle débute en 1912 à l'Opéra-Comique en chantant Antonia des Contes d'Hoffmann. Et, en 1916, à l'Opéra, dans le Chant de la cloche de V. d'Indy. Wagnérienne passionnée, elle est successivement Sieglinde dans la Walkyrie, en 1921 ; Elsa dans Lohengrin ; Eva dans les Maîtres chanteurs. Elle chante Ariane à Naxos sous la direction de R. Strauss à Vienne même, rôle qu'elle crée en France, ainsi que celui de la Maréchale du Chevalier à la rose (1927) et qu'Elektra (1932). Elle aborde en 1930, à l'Opéra de Paris, son rôle préféré, Isolde, qu'elle a l'honneur de chanter à Bayreuth même, en 1939, après y avoir été, l'année précédente, Kundry dans Parsifal. Elle chante encore Tristan en 1941 à l'Opéra de Paris, aux côtés de M. Lorenz et sous la direction du jeune Karajan, mais voit sa carrière brisée en 1944, à la Libération. Elle tente un retour en 1952, dans un répertoire de lieder qu'elle affectionne, avant de se retirer définitivement en 1956 pour se consacrer à l'enseignement. Grande cantatrice wagnérienne, elle fut aussi inégalable dans le répertoire français : l'Alceste de Gluck et l'Ariane (et Barbe Bleue) de Dukas comptent parmi ses plus grands rôles. Elle participe à la création de la Légende de saint Christophe de V. d'Indy, de la Chartreuse de Parme de Sauguet et du Maximilien de Milhaud. Tragédienne accomplie, elle animait chaque ouvrage autant par la vertu de sa beauté sculpturale que par une voix exceptionnellement ample et héroïque.