Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
H

Humperdinck (Engelbert)

Compositeur allemand (Siegburg, Rhénanie, 1854 – Neustrelitz 1921).

Il étudia à Cologne et à Munich, et participa, à l'invitation de Wagner, à la préparation des premières représentations de Parsifal à Bayreuth en 1882. Il enseigna successivement à Barcelone, à Francfort et, de 1900 à 1920, à Berlin. D'une production abondante, seul a survécu l'opéra Hänsel und Gretel, sur un livret d'Adelheid Wette (Weimar, 1893, sous la direction de Richard Strauss), sœur du compositeur : cette œuvre utilise adroitement, dans une atmosphère de conte de fées, des chansons populaires de Westphalie.

Huré (Jean)

Organiste, pianiste et compositeur français (Gien 1877 – Paris 1930).

Formé en marge de l'enseignement officiel, il fit ses études musicales à Angers et à Paris, devant surtout à son travail et à sa réflexion personnels son vaste savoir et son érudition d'humaniste et de musicologue. Monté à Paris en 1895, il y exerça une activité multiple et féconde. Exécutant, il fut principalement connu comme pianiste (non seulement en France, mais aussi en Autriche et en Roumanie). Compositeur, il écrivit beaucoup : trois symphonies, deux messes, un concerto pour violon, de la musique de chambre, une demi-douzaine d'ouvrages lyriques (restés à l'état de manuscrit), de la musique vocale. Comme journaliste musical, il créa en 1924 la revue l'Orgue et les Organistes et publia de nombreux articles. Pédagogue, il fonda en 1912 une École normale de musique et mit au point des ouvrages de technique instrumentale sur le piano et sur l'orgue. Il a aussi publié des livres et des études sur des sujets très variés : Chansons et danses bretonnes précédées d'une étude sur la monodie populaire (1902), Défense et illustration de la musique française (1915), l'Esthétique de l'orgue (1923), Saint Augustin musicien (1925).

Hurel (Philippe)

Compositeur français (Domfront 1955).

Ancien élève du Conservatoire puis de l'université de Toulouse (musicologie), Hurel entre en 1981 au Conservatoire de Paris, où il travaille avec Ivo Malec et Betsy Jolas. Il suit aussi les cours de Tristan Murail sur les rapports entre informatique, acoustique et composition. Il a été membre du département de la recherche musicale à l'I.R.C.A.M. Sa musique est typique de la deuxième génération de compositeurs de musique spectrale. Il y instaure des relations dynamiques entre les instruments acoustiques et les synthétiseurs pilotés par l'ordinateur, se préoccupe de la « modulation des timbres » et de la forme, assimilée à un processus d'analyse de plus en plus fine (Fragment de lune pour 15 instruments et dispositif électroacoustique, 1986-87). Dans des œuvres comme Diamants imaginaires, diamant lunaire pour 22 instruments (1984-1986), Leçon de choses (1993), Six Miniatures en trompe-l'œil (1991-1993) ou Pour Luigi pour cinq instruments (1995), les principes de l'analyse des formants sonores sont enrichis par une pensée générative qui autorise transitions de timbres, reprises et répétitions transformationnelles. Il s'intéresse aussi à la manière dont la perception saisit l'objet musical et joue sur la définition des structures globales (timbre, harmonie) ou « différenciées » (mélodie, polyphonie, par exemple dans Pour l'image pour 14 instruments, 1986-87).

Hurlebusch (Conrad Friedrich)

Organiste et compositeur allemand (Brunswick 1695 ou 1696 – Amsterdam 1765).

Il voyagea beaucoup dans sa jeunesse, séjournant à Hambourg (1715), à Vienne (1716), en Italie (1718), à Munich (1721) et devenant en 1722 maître de chapelle à la cour de Suède, où il composa l'opéra Armenio (1724), perdu. On le vit ensuite dans sa ville natale (1725), puis de nouveau à Hambourg (1727-1736) ; en 1743, Hurlebusch devint organiste de l'Oude Kerk d'Amsterdam. Il cultiva de nombreux genres instrumentaux et vocaux, mais son intérêt réside principalement dans ses suites pour clavier, qui relèvent du type illustré avant lui par Couperin ou Muffat.

Hurnik (Ilja)

Compositeur tchèque (Poruba 1922).

Il se destina d'abord à la seule carrière de pianiste, puis étudia la composition avec V. Novak. Aussi habile comme musicien de chambre (notamment avec le Quatuor Smetana) que comme soliste (Janáček, Debussy, Poulenc, Stravinski), il a, comme compositeur, cultivé un style néoclassique inventif, clair et dynamique, proche de Stravinski dans les Moments musicaux pour instruments à vent (1963), de Prokofiev dans le ballet Ondras (1950), de Poulenc dans la cantate folklorique Maryka (1948 ; rév., 1955).

Husa (Karel)

Compositeur américain d'origine tchèque (Prague 1921).

Après des études au conservatoire de Prague, il vécut à Paris de 1946 à 1954, travailla la composition avec Nadia Boulanger et Arthur Honegger, et la direction d'orchestre avec Eugène Bigot et André Cluytens. En 1954, il partit pour Utica, dans l'État de New York, pour y enseigner la composition et la direction d'orchestre à la Cornell University. Il devint citoyen américain en 1959. Sa première période de compositeur fut influencée par Honegger et Bartók : en témoignent le Concertino pour piano et orchestre (1949), le trio pour clarinette, alto et violoncelle Évocations de Slovaquie (1951), et la symphonie no 1 (1953). La tentation webernienne apparut avec Mosaïques pour orchestre (1961). On lui doit trois quatuors à cordes (1948, 1953 et 1968), dont le dernier lui valut le prix Pulitzer en 1969. Citons encore Music for Prague 1968 (1968), dont il existe une version pour ensemble d'instruments à vent et une pour orchestre ­ admirable rencontre du vieux choral hussite « Vous qui êtes soldats de Dieu et de sa Loi », des cloches de la ville aux cent clochers (Prague), de l'angoisse et de la liberté ­, le ballet Monodrama (1976), American Te Deum pour baryton, chœurs et ensemble d'instruments à vent (1976), Concerto pour orchestre (1986).

   Karel Husa a édité des œuvres de Delalande et de Lully.

Hüttenbrenner (Anselm)

Compositeur autrichien (Graz 1794 – Ober-Andritz, près de Graz, 1868).

Élève de Salieri, il ferma les yeux de Beethoven et fut l'ami de Schubert, dont il conserva jusqu'en 1860, sans le communiquer à quiconque, le manuscrit de la Symphonie inachevée. Il écrivit des opéras, de la musique religieuse et de chambre, et des lieder dont un Erlkönig.