Zemlinski (Alexandervon)
Compositeur et chef d'orchestre autrichien d'origine polonaise (Vienne 1871 – Larchmont, New York, 1942).
Il étudia au conservatoire de Vienne (1884-1890) avec Anton Door (piano), Franz Krenn et Robert Fuchs (contrepoint) et Johann Nepomuk Fuchs (composition). Son Quintette à cordes, créé en 1893 par le Quatuor Hellmesberger, retint l'attention de Brahms. Il dirigea en 1894 l'orchestre d'amateurs Polyhymnia, dans lequel le jeune Arnold Schönberg, alors employé de banque, tenait un pupitre de violoncelle. Leur amitié devait durer vingt ans et être renforcée par le mariage de Schönberg avec Mathilde, sœur de Zemlinski. Ce dernier dirigea en 1896 la première audition publique d'une composition de Schönberg, qui, à son tour, travailla à la réduction pour piano du premier opéra de Zemlinski, Sarema (couronné en 1897 par le prix Leopold, de Munich). En 1900, le deuxième, Es war einmal, fut accepté par l'Opéra de Vienne et créé sous la direction de Gustav Mahler. La même année, Zemlinski obtint le poste de chef d'orchestre du Carl-Theater, puis du Theater an der Wien, qu'il devait quitter quatre ans plus tard pour la Volksoper (1904).
La même année, il fonda avec Schönberg l'éphémère Vereinigung der Schaffender Künstler (Société des artistes-compositeurs), avec comme président d'honneur Mahler. Celui-ci engagea bientôt Zemlinski à l'Opéra de Vienne (1907), quelques mois avant de le quitter lui-même. Mais Zemlinski retourna au bout d'un an à la Volksoper, à la suite d'un conflit avec le nouveau directeur, Felix Weingartner. En 1911, il fut nommé directeur de l'Opéra de Prague, charge qu'il devait conserver jusqu'en 1927 et qui lui permit de donner sa pleine mesure de musicien-dramaturge, chef d'orchestre et administrateur. Il y dirigea deux de ses opéras, Eine florentinische Tragödie (d'après Oscar Wilde) et la version définitive de Kleider machen Leute (d'après Gottfried Keller), et y créa sa Symphonie lyrique ainsi que Erwartung et Die glückliche Hand de Schönberg. Parallèlement, il enseigna la composition à la Deutsche Musikakademie.
À la Krolloper de Berlin, où il fut engagé ensuite par Otto Klemperer, il dirigea de nombreux ouvrages contemporains tout en occupant une chaire à l'Akademische Hochschule für Musik. En 1931, après la fermeture de la Krolloper, il retourna à Vienne, d'où il entreprit quelques tournées comme chef invité.
En 1938, au moment de l'Anschluss, il partit pour les États-Unis, espérant sans doute un engagement au Metropolitan Opera, dont son ami Artur Bodanzki était le principal chef d'orchestre. C'est à l'instigation de Bodanzki qu'il mit en chantier son dernier opéra, Circe, resté inachevé. Après quatre années de difficultés matérielles, il mourut d'une crise cardiaque sans avoir été reconnu, ni même connu, du public américain.
Chef d'orchestre magistral et pédagogue éminent (Erich Wolfgang Korngold lui devait l'essentiel de sa formation et Arnold Schönberg déclarait avoir reçu de lui le seul enseignement digne de ce nom), Zemlinski ne s'est jamais imposé de son vivant d'une manière durable comme compositeur, malgré le vif succès remporté par certains de ses opéras. Sa musique fut appréciée pour son intensité expressive et son originalité harmonique, mais elle resta longtemps à peu près inconnue. Depuis quelques années, une réhabilitation méritée semble se dessiner, avec notamment trois enregistrements discographiques de la Symphonie lyrique et en 1974, un symposium lui a été consacré à l'Automne styrien de Graz.
Les influences conjuguées de Mahler et de Strauss ont laissé des traces indiscutables sur son style. Il prit un chemin moins radical que celui de Schönberg, se contentant d'assouplir les contraintes de l'harmonie traditionnelle.
Zender (Hans)
Compositeur et chef d'orchestre allemand (Wiesbaden 1936).
Il a étudié à l'École supérieure de musique de Francfort (1956-1959), puis avec Wolfgang Fortner à Fribourg-en-Brisgau. Il fut premier chef au théâtre de Bonn (1964-1968) et directeur de la musique à Kiel (1969-1971) avant de devenir chef d'orchestre de la radio de Sarrebruck (1971), puis de Hambourg. De 1984 à 1987, il est generalmusikdirektor de l'Opéra de cette ville, puis devient chef permanent de l'Orchestre de Chambre de la radio néerlandaise à Hilversum (1987-1994). À ce poste, il s'est beaucoup consacré à la musique contemporaine. Comme compositeur, il a écrit notamment Trois Pièces pour orchestre (1955), Schachspiel pour deux groupes instrumentaux (1970), Canto I pour soprano et orchestre de chambre (1965), II pour soprano, chœur et orchestre (1967), III (Der Mann von La Mancha) pour soprano, ténor, baryton, instruments et synthétiseur (1969), IV (4 Aspekte) pour chœur et seize instruments (1971) et V (Continuum und Fragmente) pour voix (1973), Litanei pour trois violoncelles (1976), Happy End, quatre études pour orchestre (1976), Die Wüste hat zwölf Ding pour mezzo soprano et orchestre (créé en 1986), l'opéra Stephen Climax (Francfort, 1986), Nanzen no Kyo pour chœur et orchestre (1992), Don Quijote de la Mancha, 31 aventures théâtrales (Stuttgart 1993).
Zeno (Apostolo)
Écrivain et librettiste italien (Venise 1668 – id. 1750).
Critique, historien, rédacteur du Journal des écrivains italiens de 1710 à 1719, il succèda à Silvio Stampiglia (1664-1725) comme poète officiel de la cour de Vienne (1718-1729), y précédant Métastase. Passé à la postérité pour ses livrets d'opéras, Zeno méprisait quelque peu cette activité, et déclamait ses poèmes devant ses amis, peu soucieux des possibilités musicales de ses vers, fades et conventionnels. Il occupe néanmoins une place essentielle dans la « réforme » du livret entreprise par l'académie des Arcadiens à Rome, réforme amorcée par G. Frigimelica-Roberti, Salvi, et surtout Domenico David (La Forza della virtù, 1693), tendant à rationaliser l'action et à rendre l'opéra « moral » et édifiant. Zeno, qui vantait la primauté du livret sur la musique, s'intéressa à sa structure, ramenant généralement le nombre des personnages à six, liés entre eux par de complexes intrigues sentimentales, et celui des actes, progressivement, de cinq à trois. Dans ses Préfaces, plus que dans les faits, Zeno prône le respect des unités de temps et d'action, la fidélité au costume et aux sources, se justifiant lorsqu'il modifie une fable connue, soit pour rendre l'action plus riche, soit pour conférer à ses héros des desseins plus nobles. Mais Zeno ne récuse pas encore les personnages ni les scènes comiques, et n'impose guère plus que ses prédécesseurs le dénouement heureux. Trop enclin au genre pastoral vanté par les Arcadiens, Zeno trouva parfois le ton dramatique idoine (Alessandro Severo, 1716), et, lorsqu'il collaborait avec Pietro Pariati (1665-1733), laissait à celui-ci le soin de versifier la trame établie. Il appartint à Métastase de réaliser avec un véritable génie de poète l'action entreprise par Zeno, qui, entre 1695 et 1734, écrivit, outre dix-sept actions sacrées, trente-six livrets qui donnèrent naissance à plus de deux cents opéras, en Italie, et à une centaine à l'étranger. Son poème le plus célèbre, La Griselda (1701), fut utilisé sous sa forme originale, ou adapté, plus de quinze fois au XVIIIe siècle et repris encore au siècle suivant. Les principaux musiciens qui mirent en musique ses poèmes furent, notamment, Caldara, Pollarollo, Albinoni, Vinci, Lotti, A. Scarlatti, Haendel, Pergolèse, Porpora, Hasse, etc., et jusqu'à Traetta et même Mercadante (Nitocri, 1824).