Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Goldschmidt (Berthold)

Compositeur allemand naturalisé anglais (Hambourg 1903 – Londres 1996).

En 1922, il étudie la composition avec Franz Schreker. Dès 1925, il reçoit le Prix Mendelssohn avec son Orchester-Passacaglia op. 4 créée par Erich Kleiber, dont il est l'assistant pour la première de Wozzeck. Il tient le célesta à la Philharmonie de Berlin, et Schönberg le recommande aux éditions Universal après l'audition de son premier quatuor. Son Ouverture pour la Comédie des erreurs remporte un vif succès, et en 1930, à la suite d'un chagrin d'amour, il écrit sa tragi-comédie musicale Der gewaltige Hahnrei (le Cocu magnifique), d'après Crommelynck. L'œuvre est créée en 1932 à Mannheim, mais sa reprise au Städtliche Oper de Berlin est interdite par les nazis. Réduit à donner des concerts privés dans les milieux juifs de Berlin, il émigre à Londres en 1935, laissant derrière lui plusieurs manuscrits et les promesses d'une brillante carrière. En 1936, il compose un deuxième quatuor puis Ciaccona sinfonica, et collabore en 1938 avec le Ballet Kurt Jooss, composé d'artistes émigrés. Mais les occasions de travailler sont rares. De 1944 à 1947, il est au Service allemand de la BBC, et Carl Ebert l'invite à diriger Macbeth de Verdi au premier Festival d'Édimbourg. Il remporte en 1951 un concours de l'Arts Council avec son opéra Beatrice Cenci, d'après Shelley. Pourtant, en 1958, après avoir achevé ses Mediterranean Songs, il décide d'arrêter de composer, déclarant que ce n'est pas l'exil qui le réduit au silence, mais le règne sans partage de la musique atonale : jamais joué, torturé par l'idée que son univers musical n'intéresse plus personne mais refusant de prendre une voie qu'il ne ressent pas, il se tait jusqu'en 1983. Il aide cependant Deryck Cooke à reconstituer la Dixième Symphonie de Mahler, dont il dirige la première audition « complète » en 1964. À partir de 1983 et du quatuor avec clarinette qu'il écrit pour l'Amadeus Quartet s'opère une volte-face complète du destin : en 1987, à la faveur des Berliner Festwochen consacrées aux musiques interdites sous le régime nazi, on redécouvre toute son œuvre : reprises de Beatrice Censi en 1988, du Cocu magnifique en 1992, Festival Goldsmith à Berlin en 1994. Naissent un trio avec piano (1985), deux quatuors (nos 3 et 4, 1989-1992), le chœur Belsatzar (1985). Son œuvre de jeunesse se situe au confluent des avant-gardes berlinoises : vivacité rythmique extrême allant jusqu'au sarcasme, échos du music-hall, mais aussi orchestration raffinée et formes savantes. Il déclare avoir trouvé l'inspiration dans ses rapports humains, surtout avec des femmes : « Mes œuvres ont toujours vu le jour dans l'échange avec l'élément féminin, dans toutes ses facettes. C'est l'aura dans laquelle je vis et compose. »

Golea (Antoine)

Critique musical, musicologue, journaliste et conférencier français d'origine roumaine (Vienne 1906 – Paris 1980).

Il a fait ses études musicales complètes à Bucarest et obtenu un premier prix de violon au conservatoire de cette ville, après avoir suivi l'enseignement de Cecilia Nitzulescu-Lupu (1920-1928) et de George Enesco. Il s'inscrivit en Sorbonne en 1928, y obtint un diplôme de littérature allemande en 1931 et fut ensuite naturalisé français. À partir de 1944, il collabora à divers journaux (Carrefour, Témoignage chrétien, Musica, Disques, Harmonie) et participa, de 1946 à sa mort, à l'émission Tribune des critiques de disques. Célèbre pour l'indépendance de ses jugements, il a écrit de nombreux livres, parmi lesquels Pelléas et Mélisande, analyse poétique et musicale (Paris, 1952), Esthétique de la musique contemporaine (Paris, 1954), l'Avènenement de la musique classique, de Bach à Mozart (Paris, 1955), Rencontres avec Pierre Boulez (Paris, 1958), Georges Auric (Paris, 1959), la Musique dans la société européenne, du Moyen Âge à nos jours (Paris, 1960), Rencontres avec Olivier Messiaen (1960), l'Aventure de la musique du XXe siècle (Paris, 1961), Vingt Ans de musique contemporaine, 1940-1960, tome I : De Messiaen à Boulez, tome II : De Boulez à l'inconnu (Paris, 1962), Richard Strauss (Paris, 1965), Entretiens avec Wieland Wagner (Paris, 1967), Histoire du ballet (Lausanne, 1967), Claude Debussy (Paris, 1968), Marcel Landowski (Paris, 1969), Je suis un violoniste raté (Paris, 1973), la Musique de la nuit des temps aux aurores nouvelles (Paris, 1978). Il a participé également à plusieurs ouvrages collectifs.

Golestan (Stan)

Compositeur et critique roumain (Vaslui 1875 – Paris 1956).

Élève de Dukas ainsi que de d'Indy et de Roussel à la Schola (1895-1903), il fut pendant vingt ans critique au Figaro, et enseigna la composition à l'École normale de musique. Dans un style fondé largement sur le folklore roumain, réel ou recréé, il a écrit notamment une Rhapsodie roumaine (1920), un Concerto roumain pour violon et orchestre (1933), Concertul carpatic pour piano et orchestre (1940), de la musique de chambre et le recueil vocal Doines et chansons (1922), dans la préface duquel il a exposé l'essentiel de ses idées.

Golschmann (Vladimir)

Chef d'orchestre français d'origine russe (Paris 1893 – New York 1972).

Il fonda en 1919, encouragé par Erik Satie, les Concerts Golschmann, et assura les premières auditions de beaucoup d'œuvres du groupe des Six (Saudades do Brasil, de Darius Milhaud) et de compositeurs étrangers (Ballet mécanique, de George Antheil), ainsi que la première française d'Octandre d'Edgard Varèse. À partir de 1931, sa carrière se poursuivit aux États-Unis.

Gombert (Nicolas)

Compositeur franco-flamand ( ? v. 1500 – ? v. 1556).

Il fut chantre (1526) et surtout maître des enfants de chœur (1529) de la chapelle de Charles Quint, qu'il accompagna au cours de ses voyages (Espagne, Autriche, Italie, Allemagne). Nommé en 1534 chanoine de Tournai, Gombert semble y avoir passé la fin de sa vie. Même si la chanson tient une place non négligeable dans son œuvre (œuvres complètes publiées à partir de 1951 par l'American Institute of Musicology, sous la dir. de J. Schmidt-Görg, il est évident qu'il ne s'est pas laissé séduire par le style parisien, même lorsqu'il reprend les thèmes de Janequin (Chant des oiseaux ou la Chasse). Bien que contemporain de Sermisy ou de Janequin, il préfère utiliser dans ses pages profanes les principes de l'imitation parfois très poussée en usage dans les œuvres religieuses (cf. En l'ombre d'un buissonnet et Qui ne l'aimerait, basés qui sur un triple canon, qui sur un quadruple). Élève, à en croire Heinrich Finck (Pratica Musica, 1556), de Josquin à qui il devrait son solide métier (il composa un motet Musae Jovis, « muses de Jupiter », à 6 voix sur sa mort), Gombert fait partie du cercle des musiciens liés à Charles Quint, qui, par suite des circonstances politiques, privilégient les pages d'inspiration religieuse (6 messes, 8 magnificat, 160 motets), bien éloignées du style et de la pensée de Josquin. Mais, à cette manière significative d'un milieu et d'une époque (cf. Salvator mundi à 6 voix et Regina coeli laetare à 12 voix), il oppose le plus souvent la recherche d'une forme et d'une interprétation juste du texte, renonçant aux répétitions injustifiées pour une simple déclamation (Surge, Petre à 5 voix ou Venite ad me omnes). Par là même, il a joué un rôle dans l'établissement du style nouveau.