Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Carneyro (Claudio)

Compositeur portugais (Porto 1895 – id. 1963).

Fils du peintre Antonio Carneiro, il vécut dans un milieu artistique. Sa vocation musicale s'affirma tardivement. Élève, à Porto, de Miguel Alves et de Carlos Dubbini (violon) ainsi que de Lucien Lambert (composition), il partit pour Paris en 1919 et s'y perfectionna avec Boucherit et Bilewski. Nommé professeur de solfège au conservatoire de sa ville natale en 1921, il retourna à Paris en 1924 pour y fréquenter la classe de composition de Charles-Marie Widor. Son œuvre Prélude, choral et fugue, créée au théâtre du Châtelet par l'orchestre Colonne sous la direction de Gabriel Pierné, le 27 octobre 1923, y fut redonnée le 14 novembre 1925.

   Une bourse du gouvernement portugais permit à Carneyro de partir, en 1926, pour les États-Unis, où il épousa la violoniste Katherine M. Hickel (1927). De retour à Porto à la fin de 1928, il fit un nouveau séjour à Paris en 1933 pour travailler avec Paul Dukas. Enfin, il se fixa définitivement à Porto à partir de 1938. Nommé professeur de composition au conservatoire à la mort de Lucien Lambert, il organisa et dirigea un orchestre de chambre, fit des conférences, donna des leçons publiques, devint consulteur de la Radiodiffusion et membre du Cabinet d'études musicales de cette institution. Sa liste d'œuvres augmenta et les premières auditions se succédèrent. En 1955, il fut nommé directeur du conservatoire de musique de Porto, se rendit en 1956 aux États-Unis, mais des difficultés de santé allaient bientôt l'éloigner de ses fonctions et diminuer ses activités.

   Carneyro avait hérité de son père ­ dans l'atelier duquel il habitait quand la mort le frappa ­ la sensibilité et la probité artistiques. Modestie, un certain mysticisme, goût pour le passé, étaient d'autres traits de sa personnalité, que son œuvre reflète. Il a parfois cherché l'inspiration dans le folklore portugais et créé de très belles mélodies avec piano et avec orchestre. Parmi ses compositions, il faut citer Harpa Eolia, Paciências de Ana Maria, Raiana, Bailadeiras, pour piano (cette dernière aussi en versions d'orchestre, 1954 et 1962), Gradualis (1962), Portugalesas pour orchestre, Khroma (1954) pour alto et orchestre, et une importante musique de chambre, dont un quatuor à cordes, un quatuor avec piano, une Sonata pour violon et piano.

Carnicer y Batlle (Ramón)

Compositeur et pédagogue espagnol (Tárrega, province de Lérida, 1789 – Madrid 1855).

Fils d'un modeste tailleur qui avait eu vingt-sept enfants de deux mariages, il fut enfant de chœur à Seu de Urgel, puis étudia la musique à Barcelone. Il séjourna longtemps dans cette ville, et, après avoir passé, pour des raisons politiques, quelques années en exil à Londres, où il acquit une certaine notoriété comme compositeur, il fut directeur de la musique de la compagnie d'opéra italien du théâtre Santa Cruz et y fit représenter ses premières œuvres lyriques. En 1828, il fut nommé directeur de la musique de l'Opéra royal de Madrid et, en 1830, professeur de composition au conservatoire de Madrid. Il écrivit des symphonies, des chansons, de la musique religieuse (2 messes solennelles, 2 Requiem, 1829 et 1842, etc.) et neuf opéras de style italien, pour la plupart sur des livrets en langue italienne. Parmi ces ouvrages lyriques qui connurent un très grand succès, citons Adela di Lusignano (1819), Elena e Constantino (1821, Madrid 1827), Don Giovanni Tenorio, Cristoforo Colombo et Eufemia di Messina (1832), Ismalia (1838). Carnicer est également l'auteur de la musique de l'hymne national chilien.

carol (terme angl. prov. du fr. carole)

Chanson qui consiste en un refrain à danser, ce refrain alternant avec des strophes confiées à une voix soliste.

Au XVe siècle, la strophe garde sa forme monodique, mais le refrain est traité polyphoniquement. Depuis la Réforme, le carol est associé à la fête de Noël, ce qui est encore le cas aujourd'hui en Angleterre, où il désigne tout chant de Noël, traditionnel ou non. C'est à Benjamin Britten que l'on doit, au XXe siècle, une composition fondée sur cette tradition : A Ceremony of Carols.

Carolan (Turlough)
ou Turlough O'Carolan

Compositeur et harpiste irlandais (Nobber, comté de Meath, 1670 – Ballyfarnon, comté de Roscommon, 1738).

Il apprit à jouer de la harpe après être devenu aveugle à dix-huit ans, et mena ensuite une vie itinérante, composant à la fois la musique et les paroles des chants qu'il interprétait. Ses quelque 220 chansons sont toutes en gaélique sauf une seule, O'Carolan's Devotion (en anglais). Il fut le plus célèbre des musiciens itinérants irlandais, et le dernier à être également compositeur. Il semble avoir bien connu la musique « savante » de son temps, en particulier celle de Geminiani. En 1748, son fils collabora à une première édition de ses œuvres, qui, malheureusement, n'a survécu qu'incomplète. On ignore en outre à peu près totalement comment il harmonisait ses chansons. Vers 1780 parut à Dublin A Favourite Collection of… Old Irish Tunes of… Carolan.

Caron (Firmin)
ou Philippe Caron

Compositeur français (XVe s.).

Loyset Compère voit en lui un magister cantilenarum, tandis que Tinctoris, dans son Liber de arte contrapuncti et dans son Proportionale, le rapproche d'Ockeghem et de Busnois dont il fut le contemporain. Peut-être eut-il même la chance d'être l'élève de Dufay. Quoi qu'il en soit, Caron s'efforce, comme lui, d'enjamber mélodiquement chaque vers. Il prise le temps binaire et le rythme du dactyle (une blanche suivie de deux noires), lequel se maintint longtemps dans la chanson française. Il possède un sens certain de la clarté et de la ligne mélodique. On lui doit une vingtaine de chansons, dont Accueillie m'a la belle, et quatre messes (Missa super l'Homme armé ; Accueillie m'a la belle ; Super Jesus autem ; Clemens et benigna).

Carpani (Giuseppe)

Écrivain, librettiste et poète italien (Vill'Albese, Côme, 1752 – Vienne 1825).

Il vécut à Milan, puis, à partir de 1797, à Vienne. Son poème In questa tomba oscura fut mis en musique par plusieurs compositeurs dont Beethoven, et il traduisit en italien le livret de la Création de Haydn. Il a survécu essentiellement grâce à deux ouvrages consacrés respectivement à Haydn et à Rossini : Le Haydnine ovvero Lettere sulla vita e le opere del celebre maestro Giuseppe Haydn (Milan 1812, 2e éd. révisée Padoue 1923, trad. française Paris 1837), une des trois « biographies authentiques » de ce compositeur (ouvrage par certains côtés assez fantaisiste et plagié par Stendhal en 1814), et Le Rossiniane ossia Lettere musico-teatrali (Padoue 1824).