Delgadillo (Luis)
Compositeur nicaraguayen (Managua 1887 – id. 1961).
Après des études au conservatoire de Milan, il devint directeur de l'École nationale de musique de Managua, puis du conservatoire de Panamá. Attentif au folklore de son pays, qu'il a étudié dans un important ouvrage (Ensayo sobre la música indigena y colonial en Nicaragua, 1950), il sut en concilier les éléments mélodico-rythmiques avec une syntaxe qui devait beaucoup à Debussy et à Schönberg. Il a essentiellement écrit des œuvres pour orchestre, dont 4 Symphonies (Mexicana, Incaica, Serrana et Indigena centro-americana), 12 Sinfonías breves (1953) et un caprice symphonique, Obertura Schoenbergiana (1955), mais il est aussi l'auteur de musique religieuse, de musique de chambre et de pièces instrumentales.
Delibes (Léo)
Compositeur français (Saint-Germain-du-Val 1836 – Paris 1891).
Ayant montré de bonne heure des dispositions pour le chant, il fit partie de plusieurs chorales avant d'entrer à l'âge de douze ans au Conservatoire de Paris. Après y avoir obtenu en deux ans un premier prix de solfège, il y étudia le piano, l'orgue, l'harmonium et la composition (classes de Le Couppey, Benoist, Bazin et A. Adam). Il commença à travailler comme accompagnateur au Théâtre-Lyrique et comme organiste à Saint-Pierre de Chaillot, tout en donnant des leçons particulières. En 1855, il composa une opérette sur un texte de J. Moinaux, Deux Sous de charbon, représentée au théâtre des Folies-Nouvelles. Il continua à pratiquer ce genre assez régulièrement jusqu'en 1869 et composa une quinzaine d'opérettes, la plupart représentées au théâtre des Bouffes-Parisiens, parmi lesquelles Six Demoiselles à marier (1856), l'Omelette à la Follembuche (1859), les Musiciens de l'orchestre (1861), le Serpent à plumes (1864), Malbrough s'en va-t-en guerre (1868), cette dernière œuvre écrite en collaboration avec Bizet, Jonas et Legouix. En même temps, il commença à écrire des opéras-comiques pour le Théâtre-Lyrique (Maître Griffard, 1857 ; le Jardinier et son seigneur, 1863).
Son engagement à l'opéra, en 1863, en qualité d'accompagnateur, puis de chef de chœur, lui ouvrit des possibilités nouvelles. En 1866, il écrivit, en collaboration avec le compositeur polonais Minkus, son premier ballet, la Source, sur un sujet oriental de Ch. Nuitter, avec une chorégraphie de A. Saint-Léon. Le succès de la Source, reprise à l'étranger sous divers titres (La Sorgente, en Italie ; Naïla, en Allemagne), prouva que Delibes possédait un sens naturel de l'esthétique chorégraphique. L'année suivante, il composa un divertissement, le Pas des fleurs, pour la reprise du Corsaire de son maître Adam. En 1870, Coppélia d'après un conte de Hoffmann, l'Homme au sable, lui assure l'immortalité dans le domaine du ballet. C'est, avec Sylvia (1876), l'une de ses rares œuvres qui continuent à tenir l'affiche de nos jours.
Dans le répertoire lyrique, les compositions les plus valables de Delibes sont Le roi l'a dit (Opéra-Comique, 1873), et surtout Lakmé (ibid. 1883), qui doit sa popularité au charme sentimental et exotique de son sujet hindou, autant qu'à son coloris, son invention mélodique et la souplesse de son écriture vocale. En 1882, Delibes a écrit une série de danses pour la reprise de la pièce de Victor Hugo Le roi s'amuse (ce même texte avait servi de base au livret de Rigoletto de Verdi). Son dernier opéra, Kassya, laissé inachevé, fut terminé et orchestré par Massenet. Delibes était également l'auteur de nombreuses œuvres vocales profanes et religieuses, aujourd'hui à peu près oubliées.
Delius (Fritz T. A., dit Frederick)
Compositeur allemand naturalisé britannique (Bradford 1862 – Grez-sur-Loing, Seine-et-Marne, 1934).
En partie d'origine allemande, il se révéla bon violoniste dès son enfance, mais ses parents cherchèrent à le détourner de la musique. À l'âge de vingt ans, il s'installa en Floride comme planteur d'oranges, et consacra son temps libre à la musique, étudiant tout d'abord seul, à l'aide d'ouvrages théoriques. De retour en Europe, il fut, au conservatoire de Leipzig, l'élève de Reinecke. S'il ne tira pas grand profit de cet enseignement, il reçut en revanche l'influence déterminante de Grieg, alors à Leipzig. Cette influence est évidente dans Sleigh Ride (1888). À partir de 1890, il vécut surtout en France, d'abord à Paris, puis à Grez-sur-Loing, où il devait finir ses jours. En 1890, il avait épousé le peintre Jelka Rosen. Les partitions se succédèrent jusqu'en 1924, époque à laquelle une maladie le paralysa et le rendit aveugle. Toutes ses dernières œuvres furent écrites avec la collaboration de Eric Fenby, jeune musicien du Yorkshire, qui, plus tard, devait enregistrer ses trois sonates pour violon et piano et écrire un livre à sa mémoire (Delius as I knew him, 1936). Delius vécut plus de quarante ans en France, mais sa musique y demeure pratiquement inconnue. Elle est en revanche très appréciée en Angleterre, grâce aux initiatives de sir Thomas Beecham, défenseur infatigable du compositeur. En 1929, Delius fut décoré par le roi George V à l'occasion d'un festival de ses œuvres organisé par Beecham au Queen's Hall de Londres. Ce fut son dernier voyage en Angleterre.
On peut remarquer chez Delius des parentés avec Debussy dans la couleur orchestrale, mais son plus grand modèle resta Grieg. Il excelle dans les évocations de nature, soit avec le grand orchestre (Brigg Fair, 1907), soit avec des moyens plus réduits, comme dans les deux chefs-d'œuvre que sont Summernight on the River (1911) et On hearing the first Cuckoo in Spring (1912) : la première de ces miniatures recrée l'atmosphère d'une nuit d'été sur le Loing aux alentours de Grez. Sa mélodie, envoûtante et souvent confiée aux instruments à vent, repose sur des harmonies richement chromatiques. Sa musique est inimitable ; elle suit son propre chemin, qu'il s'agisse pour elle d'évoquer son pays natal (Over the Hills and Far Away, 1895) ou la capitale française (Paris, the Song of a Great City, 1899), ou de jeter un regard en arrière sur toute une vie créatrice (A Song of Summer, 1930). Pour chœurs et orchestre, il a composé notamment Appalachia (1902), Sea Drift d'après W. Whitman (1903), A Mass of Life d'après Nietzsche (1904-05), Songs of Sunset (1906-07), A Song of the High Hills (1911-12, avec chœurs sans paroles), Requiem (1914-1916), Eventyr (1917, avec seulement quelques interjections vocales). On lui doit également des mélodies, de la musique de chambre, dont le quatuor à cordes de 1916-17, des concertos, ainsi que six opéras : A Village Romeo and Juliet d'après G. Keller (1900-1901, créé en 1907), le plus célèbre et le plus réussi ; Irmelin (1890-1892, créé par Beecham en 1953), The Magic Fountain (1893), Koanga (1895-1897, créé en 1904), Margot-la-Rouge (1902) et Fennimore and Gerda (1909-10, créé en 1919). À signaler aussi la musique de scène pour Hassan or the Golden Journey to Samarkand de J. E. Flecker (1920).