buzuq
Luth à manche long.
Instrument de musique traditionnelle. Dérivé du tanbûr médiéval, le buzuq ou tanbura-buzuq se retrouve de nos jours au Proche-Orient arabe, plus précisément chez les Tsiganes-Nawwar de Syrie et du Liban, sans que l'on puisse affirmer si son nom vient de bizik (turc) ou de buzurg (persan). Sa renaissance récente marque la réhabilitation du luth à manche long dans la musique traditionnelle arabe, dont le classicisme reposait exclusivement depuis treize siècles sur le 'ud, luth à manche court accordé par quartes. On décrira ici un buzuq, luth tsigane de Homs (Syrie) à 4 cordes. La caisse, piriforme, faite de fuseaux de bois, longue de 33 cm, large de 28 cm, et profonde de 17 cm, est fermée par une table plate de sapin présentant une ouïe ouvragée. Le manche, long de 51 cm, est muni de 27 frettes pour une octave et une quinte. La présence de 17 frettes pour l'octave grave, comme sur le tunbur du Khorassan, explique le contresens des observateurs du XIXe siècle qui ont voulu diviser l'octave arabe en dix-sept tiers de ton égaux. En réalité, ces frettes sont ajustables au mode, maqam joué en dehors de toute notion de tempérament, mais en fonction de l'école à laquelle se rattache le musicien pour les systèmes d'intervalles (commatiques ou à quarts de ton) et pour les hauteurs des finales de mode (rast en do, ré, fa, sol). Il est très facile de transposer les maqam-s sur le buzuq, dont le système n'est pas modulé à la quarte de façon rigoureuse comme celui du 'ud. Quatre cordes métalliques, dont la première est filée, tendues du bouton métallique au chevillier soit sur un diapason de 77 cm lorsqu'elles vibrent à vide reposent sur un chevalet et sont accordées en fonction de l'octave et de la quarte, par analogie avec le 'ud, soit le plus souvent sol1/sol2/do3-do3. Cette accordature peut être globalement abaissée ou élevée, en ré-sol ou en mi-la par exemple. Il existe d'autres types de buzuq. Certains buzuq-s n'ont que 23 frettes. D'autres sont pourvus de six cordes. On peut en voir de plus petite ou de plus grande taille, en particulier les buzuq-s fabriqués à Damas et à Beyrouth dont la longueur dépasse le mètre. Enfin, les buzuq-s des musiciens tsiganes-nawwâr sont ornés de nombreuses incrustations sur le manche, la table et la caisse. Les cordes du buzuq sont pincées par l'intermédiaire d'un plectre.
Bylsma (Anner)
Violoncelliste néerlandais (La Haye 1934).
Issu d'une famille de musiciens, il commence l'étude du violon à l'âge de trois ans avec son père, pour choisir finalement le violoncelle à huit ans. En 1957, il obtient le Prix d'excellence au Conservatoire royal de La Haye et en 1959 le 1er Prix du Concours Pablo Casals. Parallèlement à ses activités de virtuose, il est violoncelle solo à l'orchestre de l'Opéra d'Amsterdam, au Nederlands Ballet Orkest, au Nederlands Kamer Orkest et, de 1962 à 1968, à l'orchestre du Concertgebouw d'Amsterdam. En 1970, il est nommé professeur au Conservatoire d'Amsterdam et au Conservatoire royal de La Haye. Longtemps étiqueté comme un spécialiste du baroque (il a en effet fréquemment joué avec Gustav Leonhardt, Frans Brüggen et les frères Kuijken), il s'intéresse en réalité tout autant au répertoire romantique et contemporain et joue sur trois violoncelles différents selon les œuvres qu'il interprète.
Byrd (William)
- William Byrd, The Woods so Wild
Compositeur anglais (Lincolnshire ? 1543 – Stondon, Essex, 1623).
Il fut très probablement l'élève de Th. Tallis, mais on ne connaît pratiquement rien de ses débuts. Nommé en 1563 organiste de la cathédrale de Lincoln, il garda ce poste jusqu'en 1572. Il se maria en 1568 avec Juliana Birley et, en secondes noces, avec une femme prénommée Ellen. Cinq enfants naquirent de ces mariages. Byrd succéda à R. Parsons comme gentilhomme de la chapelle royale (1570) dont Tallis occupait le poste d'organiste. Ce dernier partagea cette situation avec son jeune confrère à partir de 1572, et les deux musiciens commencèrent une collaboration fructueuse. En 1575, ils obtinrent de la reine Élisabeth le privilège pour toute la musique imprimée en Angleterre pendant vingt et un ans. Pour célébrer cet événement, ils dédièrent à la reine un recueil de Cantiones sacrae (1575). Mais cette affaire d'imprimerie ne semble pas avoir été très lucrative ; dès 1577, les deux partenaires durent solliciter une aide financière. La reine l'accorda, mais sous forme de certaines terres et d'une rente. Après la mort de Tallis (1585), Byrd céda ce monopole, devenu son entière propriété, à Th. East, lequel publia les Psalms, Sonnets and Songs de W. Byrd (1588).
Élevé dans la foi catholique, Byrd réussit à garder sa religion et son poste à la cour malgré les difficultés que lui imposa la nouvelle liturgie anglicane. Son talent, son intelligence et l'octroi d'un compromis le préservèrent de la persécution. Ainsi composa-t-il et publia-t-il des œuvres pour le rite romain (trois messes à 3, 4 et 5 voix ; environ 260 motets). Mais il écrivit aussi pour l'église anglicane 5 services, des anthems et des psaumes en anglais, une soixantaine d'œuvres en tout. De fait, sa production est considérable : par la quantité comme par la qualité et la diversité. Et William Byrd est probablement, avec Henry Purcell, le plus grand compositeur anglais et l'un des meilleurs polyphonistes de tout le XVIe siècle. On peut le comparer à Victoria, à Lassus ou à Palestrina, et, si son domaine d'élection reste indiscutablement la musique religieuse où seul Tallis en Angleterre peut être considéré au même titre , son génie est présent dans toutes les formes musicales, à l'exception du répertoire de luth. Il a illustré le madrigal (120) avec parfois un accompagnement de violes, écrit des « rounds » (6) et des canons (32), des fantaisies (14) et des In nomine (7) pour violes, ainsi que 125 pièces pour le clavier. Quelques-unes de ces pièces (8) se trouvent dans le premier recueil de musique de clavier imprimé en Angleterre (Parthenia, 1611) ; d'autres figurent dans le Fitzwilliam Virginal Book ou dans My Ladye Nevell's Booke.
La musique de Byrd révèle une parfaite maîtrise technique, un don certain de mélodiste, d'ailleurs caractéristique de la musique anglaise en général, et un sens aigu de l'imagerie, qui lui permet de tirer profit des mots expressifs contenus dans un texte. Il a composé des airs, souvent de dévotion, pour une voix seule avec un accompagnement polyphonique (violes ou voix) dont il est le maître absolu. Byrd est l'un des fondateurs de l'école anglaise du madrigal. Bien qu'il fasse preuve d'une certaine réserve et d'un goût pour le style traditionnel, plus sévère, il sait aussi accueillir les techniques du madrigal italien. Parmi ses réussites, citons This sweet and merry month of May à 6 voix ou « some strange chromatic notes » de Come woeful Orpheus à 5 voix. Les trois messes de Byrd font appel à la vieille technique du « motif de tête », mais elles se distinguent par l'absence de teneur, ce qui laisse plus de liberté à chaque voix (« entrées en strette »). Dans sa musique de clavier, il se montre l'égal de ses collègues, sans les dépasser. Comme son cadet J. Bull, il a écrit des Walsingham Variations, des danses et des adaptations pour clavier de mélodies liturgiques.
Tenu en haute estime par ses contemporains, Byrd, le « Father of Musick », mourut, selon son propre testament, « now in the eightieth year of myne age », à Stondon après avoir formé quelques-uns des musiciens les plus illustres de la génération suivante (Th. Morley, J. Bull et O. Gibbons).