Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Farina (Carlo)

Violoniste et compositeur italien (Mantoue v. 1600 – peut-être Massa, Toscane, v. 1640).

Remarquable instrumentiste, il se fit engager comme maître de chapelle à la cour de Dresde, où Heinrich Schütz était installé depuis 1614. Ce séjour dura de 1625 à 1632. Puis Farina fit des voyages à Dantzig et à Parme avant de retrouver sa ville natale.

   Carlo Farina est une figure importante dans l'histoire de la sonate pour violon, instrument qu'il contribua largement à propager en Allemagne. Il développa à l'intérieur de cette forme la technique de son instrument, étant le premier à employer les harmoniques, le staccato, le pizzicato. Sur le plan strictement musical ses œuvres sont d'une grande expressivité, comme son admirable Sonata tertia detta la Moretta (à trois), datant de 1620 ; l'écriture pour les deux violons atteint une virtuosité considérable pour l'époque dans une série de variations qui exploitent, notamment, une technique très prisée dans la musique vocale, celle de l'écho. Farina a publié cinq livres de Pavane, Gagliarde, Brandi, Mascherate, Arie francesi, Volte, Balletti, Sonate e Canzoni (à 2, 3 et 4 voix) parus à Dresde de 1626 à 1628.

Farinelli (Carlo Broschi, dit)

Castrat soprano italien (Andria, prov. de Bari, 1705 – Bologne 1782).

Élève de Porpora, puis de Bernacchi qui l'avait vaincu dans une joute vocale, il débuta triomphalement à la scène en 1722, à Rome, dans Eumene de Porpora. Il obtint les plus grands succès à Vienne, puis à Londres où il fut la vedette de la compagnie de Porpora, rivale de celle de Haendel. En 1737, il chanta à Madrid devant le roi Philippe V qui le retint à sa cour vingt-deux ans durant. On dit que Farinelli chantait chaque soir les quatre mêmes airs au roi, pour soigner la neurasthénie de ce dernier. En 1750, il persuada Ferdinand VI, successeur de Philippe V, de fonder un opéra italien à Madrid. On peut dire que Farinelli est ainsi à l'origine de l'école de bel canto espagnole qui s'est perpétuée jusqu'à nos jours. Il joua aussi un rôle politique qui le força à quitter l'Espagne à l'avènement de Charles III (1759). Il se retira près de Bologne, où il s'adonna à la musique instrumentale. Farinelli fut sans aucun doute un des plus illustres chanteurs de tous les temps. C'était un virtuose extraordinaire, mais aussi un musicien accompli, au goût parfait.

Farkas (Ferenc)

Compositeur hongrois (Nagykanizsa 1905 – Budapest 2000).

Élève de Léo Weiner et d'Albert Siklós à l'académie F.-Liszt de Budapest (1923-1928), puis de Respighi à l'académie Sainte-Cécile de Rome (1929-1931), il compose de la musique pour les films du metteur en scène Paul Fejös à Copenhague. En 1935, il revient en Hongrie, professant à Budapest, à Kolozsvár, puis Székesfehérvár. Depuis 1948, il est professeur de composition à l'académie F.-Liszt de Budapest. Son œuvre abondante, au style clair, de forme classique, connaît un succès immédiat. Artiste émérite de la République populaire hongroise, titulaire du prix Kossuth (1950), du prix Erkel (1960), il a assuré la continuité de la tradition classique issue de Haydn comme de Kodály. Farkas Ferenc a écrit de nombreuses pièces symphoniques et concertantes, de la musique de chambre, des pièces pour piano, des mélodies, des œuvres pour chœur et orchestre (cantates, messe, etc.), et pour chœur a cappella, ainsi que quelques œuvres pour le théâtre (opéras, ballets, musiques de scène).

Farnaby (Giles)

Compositeur anglais ( ? v. 1563 – Londres 1640).

Il exerça le métier de menuisier. Peut-être fut-il également facteur d'instruments. Il vivait à Londres lorsqu'il se maria en 1587. Il fut reçu Bachelor of Music à l'université d'Oxford en 1592. En 1598, il publia un recueil de Canzonets to Foure Voyces, agréables madrigaux à 4 voix pouvant honorablement se ranger aux côtés de ceux de John Bennet (1599) et de John Farmer (1599). D'une écriture très personnelle, avec des recherches harmoniques et rythmiques, ces madrigaux attestent l'originalité du compositeur. Quelques pièces spirituelles ont d'autre part été conservées dans des recueils collectifs, ainsi que des psaumes et des motets en manuscrit. Le Fitzwilliam Virginal Book contient plus de cinquante pièces destinées au virginal et c'est surtout sur elles que repose la réputation de Giles Farnaby. Le brio de ces compositions ­ toujours élégantes et d'une expression très contrôlée ­ témoigne d'une grande maîtrise de l'écriture pour le clavier. La brève pièce Tell me Daphne est un modèle de perfection avec sa modulation au relatif majeur et la symétrie de ses proportions. Parmi les virginalistes du tournant du siècle, Farnaby ne le cède sans doute qu'à William Byrd. Il faut aussi signaler que le Fitzwilliam Virginal Book renferme quelques pièces de Richard Farnaby, fils de Giles.

Farrant (Richard)

Organiste et compositeur anglais ( ? v. 1530 – Windsor 1580).

Il fut « Gentleman » de la chapelle royale, sous Édouard VI. En 1564, la reine Élisabeth le nomma maître de chœur et organiste de la chapelle Saint-Georges de Windsor, où il resta jusqu'à sa mort, tout en gardant son titre à la chapelle royale. On connaît de lui un Morning and Evening Service in « A » minor, deux antiennes (Hide not thy Face, Call to Remembrance), quelques pièces pour le virginal, des pièces pour voix avec accompagnement de violes, et des fragments d'œuvres. Mais le « service » intitulé Farrant in « D » minor a pour auteur John Farrant, qui fut organiste à la cathédrale d'Ely (1567-1572) et à la cathédrale de Salisbury (1587-1592). Daniel Farrant, fils de Richard, fut violoniste de Jacques Ier (1606-1625). Les manuscrits de quelques pièces d'orgue de sa composition se trouvent à la cathédrale de Durham.

Farrar (Geraldine)

Soprano américaine (Melrose, Massachusetts, 1882 – Ridgefield, Connecticut, 1967).

Elle étudia à Boston, à Paris, puis à Berlin où elle débuta en 1901 à la Hofoper, dans Marguerite du Faust de Gounod, qui devait demeurer un de ses rôles de prédilection. Elle se perfectionna ensuite avec Lilli Lehmann avant de retourner aux États-Unis. Elle chanta pour la première fois au Metropolitan Opera de New York en 1906 (rôle de Juliette dans Roméo et Juliette de Gounod) et appartint à ce théâtre jusqu'à son retrait de la scène en 1922 (ayant affirmé depuis longtemps qu'elle se retirerait à quarante ans, elle tint parole). Elle créa Suor Angelica de Puccini en 1918. Ses interprétations de Manon (Massenet) et de Butterfly (Puccini) furent célèbres. Son physique ravissant et ses dons d'actrice, qui firent d'elle une artiste complète et une des premières grandes interprètes lyriques modernes, lui permirent également de triompher au cinéma à l'époque du muet (elle y incarna même Carmen). Elle avait une voix de soprano lyrique claire, pure, mais en même temps chaleureuse et expressive.