Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
G

Gaucelm Faidit

Troubadour français (Uzerche v. 1185 – ? v. 1220).

Il fut un poète estimé qui voyagea beaucoup au cours de sa carrière et qui connut tous les grands troubadours de l'époque. D'origine bourgeoise, il entra à la cour de Boniface de Montferrat. Puis il partit en croisade avec ce dernier et revint en 1204. On a conservé avec certitude 65 de ses chansons, dont 14 sont notées. La plus célèbre d'entre elles est une déploration, appelée « planh » sur la mort, en 1199, de Richard Cœur de Lion, lui-même trouvère : Mortz es lo reys e son passat mil an.

Gaultier
ou Gautier

Famille de luthistes.

 
Ennemond, dit Gaultier le Vieux, ou Gaultier de Lyon (Villette, Dauphiné, 1575 – Nèves 1651). Il fut musicien à la Musique royale et valet de chambre de Marie de Médicis, il connut une immense notoriété de son vivant, tant comme virtuose et compositeur que comme pédagogue. En effet, avec son cousin Denis Gaultier, il fut à l'origine d'une brillante école de luthistes, qui compte à peu près tous les virtuoses de la génération suivante (Mouton, Du Faut). Comme compositeur, il a laissé de nombreuses pièces dispersées dans des collections diverses et publiées après sa mort. Plusieurs d'entre elles connurent un succès durable, tels le Tombeau de Mezangeau ou le Testament du Vieux Gaultier.

 
Denis, dit Gaultier le Jeune, ou Gaultier de Paris, cousin du précédent (Paris v. 1603 – id. 1672). Il fut l'élève de Charles Racquet, organiste à Notre-Dame de Paris. Il enseigna le luth à Ninon de Lenclos et nous a laissé de nombreuses pièces pour le luth, publiées notamment dans les recueils : Rhétorique des dieux (1652) et Pièces de luth sur trois différents modes nouveaux (v. 1670), qui témoignent d'une recherche de tonalités nouvelles et d'ornementations de plus en plus riches, impliquant une extension de la technique qui a fait date dans l'histoire de l'instrument. Ces pièces consistent surtout en danses (allemande, courante, sarabande, parfois une gigue) groupées en suites. Gaultier leur donne des titres évocateurs et cette tradition va se perpétuer chez les clavecinistes français, d'abord avec Champion de Chambonnières.

 
Pierre, dit Gaultier d'Orléans, ou de Rome (XVIIe s.). Moins célèbre que les deux premiers, auxquels il n'était sans doute pas apparenté, il naquit à Orléans et publia, en 1638 à Rome, un livre de luth intitulé les Œuvres de Pierre Gaultier l'Orléanois.

 
Jacques, dit Gaultier d'Angleterre (XVIIe s.). Il n'était probablement pas apparenté aux précédents. Il dut s'expatrier vers 1617 après avoir tué un gentilhomme et se réfugia à Londres ; Buckingham le fit entrer à la Musique royale où il resta jusqu'en 1647. Bien que jouissant d'une certaine réputation parmi le public londonien de l'époque, on ne sait où ni quand il mourut (sans doute avant 1660).

Gaussin (Allain)

Compositeur français (Saint-Sever, Calvados, 1943).

Il a fait ses études au Conservatoire de Paris (prix de composition avec Olivier Messiaen en 1976), et été admis à l'Académie de France à Rome (villa Médicis) [1977-78]. Parmi ses œuvres : Source 4 pour chœur de femmes (1974), Vent solaire (1re vers. 1975) pour chœur, cuivres, percussion et bande magnétique (1976), Ogive I pour cordes et clavecin (1977), Éclipse pour ensemble instrumental et deux pianos (1979), Ionisation-Rituel pour soprano, flûte, récitant et orchestre (1980), Arcane pour piano seul, créé à Metz en 1984, Années-lumières pour orchestre (1992).

Gautier (Judith)

Femme de lettres française (Paris 1845 – Dinard 1917).

Fille de Théophile Gautier et de Ernesta Grisi, elle fut l'épouse de Catulle Mendès dont elle divorça en 1874. Admiratrice de Wagner, elle se rendit à plusieurs reprises à Bayreuth, se lia avec l'auteur de la Tétralogie, et devint une ardente propagandiste de son art et de ses idées. Elle écrivit, en 1882, un ouvrage sur Wagner, et, en 1898, traduisit Parsifal. Elle a publié ses Mémoires (le Collier des jours, 1902-1909).

Gautier (Théophile)

Écrivain français (Tarbes 1811 – Paris 1872).

Poète, romancier et critique, il a, de 1836 à 1855, collaboré à la Presse, au Moniteur universel et au Journal officiel. Ardent défenseur du mouvement romantique, il fut l'ami d'Hector Berlioz et l'un des premiers, en France, à soutenir Richard Wagner. Lié à la famille de Carlotta Grisi, il a écrit pour la célèbre danseuse le livret de Giselle (1841). Un de ses poèmes a inspiré à Jean-Louis Vaudoyer l'argument du ballet le Spectre de la rose (1911). Plusieurs musiciens ont mis en musique des poésies de Théophile Gautier : Hector Berlioz (les Nuits d'été) ; Charles Gounod (Chanson du pêcheur, Primavera) ; Georges Bizet (Absence) ; Camille Saint-Saëns (Lamento) ; Henri Duparc (Au pays où se fait la guerre, Lamento) ; Gabriel Fauré (Chanson du pêcheur, les Matelots, Seule, Tristesse).

Œuvres critiques

les Beautés de l'opéra (en collaboration avec Jules Janin, 1845) ; Histoire de l'art dramatique en France depuis vingt-cinq ans (1858-59) ; Histoire du romantisme (1872) ; Portraits contemporains (1875) ; Souvenirs de théâtre (1883).

Gautier de Coinci

Trouvère français (Coinci v. 1177 – Soissons 1236).

Né dans la région de Soissons, il entre au monastère de Saint-Médard en 1193. En 1214, il est prieur de l'abbaye de Vicq-sur-Aisne. Il est de la lignée des grands trouvères de cette région, tels que Conon de Béthune ou Colin Muset. Sa réputation est fondée surtout sur un important recueil intitulé les Miracles de Notre-Dame. Il s'agit en général d'adaptations de modèles latins qui font appel à des formes métriques ainsi qu'à des mélodies déjà existantes. Cela ne diminue en rien leur intérêt réel. Gautier l'adaptateur a puisé dans certaines séquences liturgiques, mais également dans les chansons profanes destinées à honorer la Vierge.

Gautier de Dargies

Trouvère français ( ? v. 1165 – ? apr. 1236).

Il est membre d'une famille noble originaire de la région de Grandvillers, près de Beauvais. La seule information biographique sûre le concernant est sa participation à la troisième croisade (1189) dans la suite de Philippe Auguste ; mais son nom apparaît sur divers documents (1195, 1201, 1206, 1236). Il nous reste une vingtaine de ses chansons, dont 19 avec notation musicale (parmi lesquelles se trouvent trois descorts). Elles se distinguent par une individualité de forme aussi bien poétique que mélodique, l'auteur appréciant en particulier les structures asymétriques et se permettant même parfois de libérer la phrase mélodique de la forme poétique (Maintes fois). Son style musical est très varié, avec une conscience assez forte d'un centre tonal et des mélodies ayant parfois un ambitus impressionnant (Se j'ai esté). Le rythme est d'une grande richesse, très orné, avec une tendance à l'irrégularité. Ces particularités de style et le nombre relativement important de ses chansons conservées donnent à Gautier de Dargies une place privilégiée parmi les musiciens de son temps.