Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
J

Jehannot de L'Escurel

Compositeur français ( ? – Paris 1304).

Pendu pour cause de débauche, il est l'auteur de chansons, dont seules 34 nous sont parvenues grâce à une copie réalisée à la fin du manuscrit du Roman de Fauvel. De ces chansons, classées par ordre alphabétique jusqu'à la lettre G, toutes sont monodiques sauf une, le rondeau à trois voix À vous, douce débonaire. Leur style rappelle celui de la voix supérieure des motets de Pierre de la Croix.

Jelic (Vinko)
ou Vinko Jelich
ou Vinko Jelicic

Compositeur croate (Rijeka 1596 – Saverne, Alsace, 1636).

Il étudia avec M. Ferrabosco à la cour de Graz, où il fut enfant de chœur, puis instrumentiste (1606-1617), avant de prendre un poste à la cour de Saverne. Son premier recueil, Parnassia Militia concertuum, publié à Strasbourg en 1622, contient 24 motets pour 4 voix et orgue et 4 ricercari pour cor et trompette. Deux autres recueils de motets, Arion Primus et Arion Secundus, ont paru, à Strasbourg également, en 1628.

Jelinek (Hanns)

Compositeur autrichien (Vienne, 1901 – id. 1969).

Après avoir étudié la musique en autodidacte, il travailla avec Schönberg et Alban Berg (1918-19), puis avec Franz Schmidt. Comme Schönberg, il est parti d'un langage postromantique pour adopter ensuite le système sériel. Il a composé des œuvres pour orchestre (6 symphonies) et pour divers effectifs de chambre, des cantates (Ganymed, Prometheus, An Schwager Kronos, Die Heimkehr), des mélodies, ainsi que de nombreuses musiques de film sous le pseudonyme de Hanns Elin. En 1958, il a été nommé professeur à l'Akademie für Musik und darstellende Kunst de Vienne. En 1966, il a obtenu le prix de l'État autrichien. Il a écrit Anleitung zur Zwölftonkomposition (1952 ; 2e éd., 1967).

Jélyotte (Pierrede)

Ténor français (Lasseube 1713 – Oloron 1797).

Chantre dans la maîtrise de la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse, il y fut remarqué, en 1732, par le prince de Carignan, inspecteur général de l'Opéra de Paris, qui l'engagea comme premier ténor. Il y débuta en 1733 dans une reprise des Fêtes grecques et romaines de Colin de Blamont, et chanta par la suite plusieurs grands rôles de Rameau avec la soprano Marie Fel. Il eut la sagesse de quitter la scène en pleine gloire, à quarante-deux ans, mais continua de paraître dans des concerts de société, notamment ceux de la cour. Auteur de nombreuses chansons qu'il interprétait en s'accompagnant lui-même, il composa aussi un opéra-ballet, Zelisca, qui ne fut jamais représenté.

Jeney (Zoltán)

Compositeur hongrois (Szolnok 1943).

Il étudia à Debrecen, Budapest et Rome. Très marqué par Schönberg, il lui rendit hommage dans Alef-Hommage à Schönberg (1971-72), dont « le contenu musical exploite l'idée maîtresse de la pièce centrale, Couleurs », des Cinq Pièces op. 16 du maître autrichien. Il est aujourd'hui avec Kurtág, Bozay et Balassa l'un des créateurs les plus en vue de la jeune école hongroise.

Jenkins (John)

Compositeur anglais (Maidstone 1592 – Kimberley, Norfolk, 1678).

Également joueur de luth et de viole, il fut protégé par diverses familles nobles, participa à Londres en 1634 à la représentation du masque The Triumph of Peace, et termina sa vie chez sir Philip Wodehouse à Kimberley, non sans avoir été nommé, à la restauration des Stuarts, joueur de théorbe à la cour de Charles II. Sa production, importante (plus de 800 œuvres instrumentales ont survécu) et de très haute qualité, comprend essentiellement de la musique d'ensemble, tant pour violes ou pour violons que pour ces deux instruments à la fois. Il excella autant dans la fantaisie polyphonique héritée de Byrd, souvent traitée par lui à un seul thème, que dans les danses entraînantes. On admire chez lui un lyrisme intense et un sens remarquable des sonorités. Parmi cette Consort Music, 12 fantaisies (Fancies) et 2 In Nomine à six voix. Sa musique vocale sacrée et profane, parmi laquelle une Élégie sur la mort de William Lawes, est moins importante en quantité. Aucune de ses œuvres ne fut publiée de son vivant.

Jenko (Davorin)

Compositeur yougoslave (Dvorje 1835 – Ljubljana 1914).

Il étudia simultanément la musique et le droit à Vienne, puis alla se perfectionner à Prague (1869-70). Il dirigea plusieurs ensembles vocaux avant de devenir chef d'orchestre de l'Opéra de Belgrade (1871-1902). Auteur de l'hymne national slovène, il est surtout réputé pour ses nombreuses productions lyriques, qui le font considérer comme le créateur de l'opéra-comique national serbe, et aussi pour ses œuvres chorales profanes et religieuses. Il a également écrit de nombreuses œuvres pour orchestre. Son style cherche à concilier la forme classique occidentale avec la tradition du chant populaire serbe.

Jenny (Albert)

Compositeur suisse (Soleure 1912 Epikon 1992).

Il fait ses études à Berne (Lehr et Chardon), puis aux conservatoires de Francfort (Sekles et Schmeidel) et de Cologne. Il est directeur musical du collège San Fidelis à Stans (Nidwalden) de 1936 à 1944, puis professeur au conservatoire de Lucerne et directeur du chœur des Semaines musicales internationales (1946-1962). Son œuvre, d'abord influencée par Honegger et Frank Martin, s'est ensuite inspirée de Bartók, Hindemith et Schönberg, sans rompre avec le système tonal ni avec les modes d'église. Elle comprend surtout de la musique religieuse (chœurs, psaumes, oratorios, cantates, 40 motets, des messes, un Te Deum), des pages orchestrales (sérénade, rhapsodie pour saxophone et orchestre, suite pour orchestre à cordes), des pièces pour orgue et de la musique de chambre.

Jérôme de Moravie
ou Hieronymus de Moravia

Théoricien de la musique originaire de Moravie (fin XIIIe s.).

Il fut dominicain au couvent de la rue Saint-Jacques à Paris, où il semble avoir enseigné la musique pendant plusieurs années. Il a été rendu célèbre par son Tractatus de musica (éd. critique par S. Cserba, Ratisbonne, 1935), rédigé probablement dans la seconde moitié du XIIIe siècle.

   Ce traité peut être considéré comme une véritable encyclopédie de la musique de l'époque. Compilation des traités existants, selon un procédé alors habituel, son originalité tient à ce que Jérôme de Moravie ne manque pas de citer ses sources, voire de les résumer. Les auteurs dont il évoque les théories sont les plus réputés de ce temps, tels Francon de Cologne, Jean de Garlande, Pierre Picard ; il reproduit textuellement leurs ouvrages, ou encore Boèce, Gui d'Arezzo, Jean Cotton et Isidore de Séville, qui sont à la base de son enseignement. Faisant état de préoccupations pédagogiques, l'auteur donne aussi des règles de composition et d'esthétique ; il semble en particulier avoir été le premier à rendre compte de façon détaillée des règles concernant le rythme et l'ornementation du chant ecclésiastique au Moyen Âge. Un autre chapitre important fournit des renseignements précieux sur l'accord et le doigté de deux instruments à archet : le rebec à deux cordes et la vièle à cinq cordes.

   Témoin d'une culture musicale qui réunissait l'art et la science, ce traité est l'un des plus importants que l'on possède pour l'histoire de la musique du Moyen Âge.