Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
H

harmoniques

Sons concomitants qui accompagnent l'émission d'un son, dit son fondamental.

Ils forment une série d'harmoniques supérieurs naturels dont les fréquences sont des multiples entiers ­ 2n, 3n, etc. ­ de la fréquence n du son fondamental.

   Le 2e harmonique, ou son 2, sonne à l'octave supérieure du son fondamental ; le nombre de vibrations dans un temps donné en est deux fois plus grand. Le 3e harmonique, ou son 3, sonne à la douzième juste du son fondamental ; le nombre de variations en est trois fois plus grand ; etc. Les partiels d'une corde ne correspondent exactement aux harmoniques du son fondamental que si la corde est très tendue et d'une rigidité très faible, comme dans le cas des cordes en boyau. D'après la théorie de Helmholtz, le timbre des instruments et des voix résulte de la présence des harmoniques et de la diversité de leur intensité. Les harmoniques concomitants ont été découverts par le père Marin Mersenne.

   Série des harmoniques naturels du son ut1 (les notes entre parenthèses sont très approximatives).

   La fréquence d'un son étant inversement proportionnelle à sa longueur d'onde, on peut former une autre série ­ inverse de la précédente ­ basée sur les longueurs d'onde : c'est la série des harmoniques inférieurs. Le son 2 est produit par une corde ou par un tuyau deux fois plus long que le son 1 ; le son 3 est produit par une corde ou par un tuyau trois fois plus long, etc.

   Série des harmoniques inférieurs :

   Dans les instruments à cordes, comme le violon, on peut produire des sons harmoniques en effleurant la corde en certains points. On distingue les sons harmoniques naturels et les sons harmoniques artificiels. Pour les premiers, c'est la corde à vide qui donne le son fondamental ; le doigt effleure alors la corde à la moitié, au tiers, au quart, etc., de sa longueur, afin de produire les harmoniques 2, 3, 4, etc. Pour les seconds, le son fondamental est produit par l'index, qui appuie sur la corde tandis qu'un autre doigt effleure la corde, à intervalle de quarte pour obtenir le son 4 (double octave du son fondamental) ou à intervalle de quinte pour obtenir le son 5. On peut écrire le son effleuré en note losangée :

ou écrire directement l'harmonique à sa hauteur réelle, avec un o :

harmonium

Orgue à anches métalliques libres, sans tuyaux et pourvu d'un clavier.

Héritier de la régale médiévale, un peu plus récent que l'harmonica et l'accordéon, mais précédé de nombreux instruments similaires, il obéit exactement aux mêmes principes, avec cette différence qu'il n'est pas portatif. Sa soufflerie, actionnée par une paire de pédales, fonctionne à l'intérieur d'un meuble semblable au piano droit. Le premier vrai harmonium fut construit à Paris en 1840 par Alexandre François Debain. Les modèles les plus perfectionnés couvraient cinq octaves et disposaient de plus de douze registres de 16, 8 ou 4 pieds. Ordinairement, le clavier était divisé en deux parties indépendantes, permettant une registration différente sur chacune d'elles. Parfois les harmoniums possédaient deux claviers, un pédalier et, pour la galerie, des tuyaux factices en « montre ». L'harmonium a rendu d'immenses services, pendant tout un siècle, pour accompagner les offices religieux dans les paroisses pauvres dépourvues d'orgues. Ce fut aussi, en province surtout, un instrument de salon. Quelques compositeurs ont essayé de le mettre en valeur (Camille Saint-Saëns) et une quantité d'œuvres ont été transcrites pour l'harmonium.

Harnoncourt (Nikolaus)

Chef d'orchestre et violoncelliste autrichien (Berlin 1929).

Il travaille le violoncelle avec P. Grümmer et, à partir de 1948, étudie à la Musikakademie de Vienne. De 1952 à 1969, il est membre de l'Orchestre symphonique de Vienne. Il entreprend des recherches sur l'interprétation de la musique de la Renaissance et de l'époque baroque, ainsi que sur le jeu des instruments anciens. Il publie des articles dans Musica antiqua, Österreichische Musikzeitschrift et Musica. Ses travaux ont porté notamment sur les œuvres de Monteverdi et de J.-S. Bach. Il fonde en 1953 le Concentus musicus de Vienne, dont les membres jouent sur des instruments historiques ou, à défaut, sur des copies fidèles. Dans un souci d'authenticité destiné à restaurer toutes les couleurs naturelles aux œuvres qu'il interprète, N. Harnoncourt a signé de nombreux disques de référence (Messe en si, les Passions de Bach ; les trois opéras conservés de Monteverdi ; Castor et Pollux de Rameau ; de nombreux opéras de Mozart ; la Création et les Saisons de Haydn, symphonies de Mozart, Haydn, Beethoven, Schubert, Mendelssohn, Schumann, Bruckner). Avec le claveciniste Gustav Leonhardt, il a réalisé le premier enregistrement intégral des cantates de Bach.

harpe

Instrument à cordes pincées, répandu dans le monde entier, sous diverses formes, depuis plusieurs millénaires.

Ses origines se confondent avec celles de la lyre, dont elle ne se distingue tout d'abord que par ses cordes plus nombreuses et sa forme asymétrique, résultant d'une grande différence de longueur entre les cordes graves et les cordes aiguës. La harpe ­ du moins en Occident ­ affecte alors la forme d'un triangle dressé sur sa pointe. Les cordes sont tendues entre un « corps » oblique (la caisse de résonance) et une « console » approximativement horizontale qui supporte les chevilles d'accord, tandis qu'une « colonne » verticale forme le troisième côté. La multiplication des cordes entraînant des dimensions de plus en plus importantes, l'instrument cesse bientôt d'être portatif. On le pose sur une table, puis sur le sol. Mais, comme chaque corde ne produit qu'une note, ses possibilités se limitent, jusqu'à la fin du XVIe siècle, à la gamme diatonique ou à des « modes » déterminés. C'est encore le cas de deux instruments folkloriques fort appréciés de nos jours : la « harpe celtique » et la « harpe indienne », toutes deux de petite taille. Peu après, la harpe devient chromatique grâce à deux rangs de cordes, mais c'est à partir de 1660 que des perfectionnements successifs, d'ordre mécanique, aboutissent vers 1720 au « simple mouvement » (Georg Hochbrucker, 1670-1763), actionné par des pédales, qui permet de raccourcir chaque corde pour la porter au demi-ton supérieur. Avec le célèbre facteur Sébastien Érard (1752-1831), qui met au point, vers 1810, la première harpe à double mouvement, la harpe moderne est née : chaque corde donne désormais trois notes sous l'effet de sept pédales, dont chacune élève ou abaisse d'un demi-ton tous les do, tous les ré, tous les mi, etc. La harpe classique actuellement utilisée à l'orchestre possède l'étendue considérable de 6 octaves 1/2. Mais c'est toujours un instrument délicat et coûteux, qui ne comporte pas moins de 1 415 pièces.