Ney (Elly)
Pianiste allemande (Düsseldorf 1882 – Tutzing 1968).
Elle fit ses études musicales à Cologne et à Vienne (notamment avec Leschetiski et Sauer). De retour à Cologne, elle y enseigna le piano durant trois ans au Conservatoire national de musique, avant d'entreprendre une carrière de concertiste, où elle acquit bientôt une renommée internationale grâce à ses interprétations de Chopin, Brahms, Beethoven. Et ce fut par sa virtuosité et sa profondeur dans l'interprétation de l'œuvre de ce dernier qu'elle parvint, dans les années 30, au sommet de sa notoriété.
Elle donna à son jeu une dimension spirituelle tout à fait exceptionnelle. Son style, disait-on, égalait en puissance et en ampleur celui des plus grands interprètes masculins. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle se consacra exclusivement à des activités musicales en Allemagne. Mais, dès la fin du conflit, elle eut à cœur d'aider à la reconstruction de la maison de Beethoven à Bonn (détruite par des bombardements) en se produisant à titre gracieux dans de nombreuses salles européennes.
Ney enregistra un grand nombre de disques, dont les plus remarquables furent sans doute ceux de ses deux interprétations (1936, 1958) de l'opus 111 de Beethoven. Elle publia ses Mémoires, Erinnerungen und Betrachtungen (1957).
Nicolai (Otto)
Compositeur et chef d'orchestre allemand (Königsberg 1810 – Berlin 1849).
Fuyant l'éducation tyrannique de son père, il travailla à Berlin avec Zelter, puis devint en 1833 organiste à l'ambassade de Prusse à Rome, ce qui lui permit de se familiariser avec la musique italienne ancienne. Après un court séjour à Vienne, il fit représenter en Italie plusieurs opéras. De retour à Vienne en 1841, il y devint premier chef d'orchestre de l'Opéra impérial (poste qu'il devait occuper jusqu'en 1847) et y fonda les Concerts philharmoniques. N'ayant pu faire représenter son opéra d'après Shakespeare, les Joyeuses Commères de Windsor, il démissionna de son poste à l'Opéra impérial. La création de cette œuvre humoristique et très gaie, qui, seule, devait sauver son nom de l'oubli, eut lieu à Berlin (où il venait d'être nommé maître de chapelle à l'Opéra) le 9 mars 1849, deux mois avant sa mort. En dépit de l'écrasante concurrence du Falstaff de Shakespeare, cette œuvre s'est maintenue jusqu'à nos jours au répertoire des théâtres allemands. Il s'agit d'un des meilleurs ouvrages bouffes qu'ait produit l'Allemagne au XIXe siècle. On doit aussi à Nicolai de la musique d'église, des chœurs, des lieder et quelques pages instrumentales, dont 2 symphonies.
Nicolet (Aurèle)
Flûtiste suisse (Neuchâtel 1926).
Surnommé « Pinson » par ses condisciples, il étudie de 1940 à 1945 au Conservatoire de Zurich avec André Jaunet et Willy Burckhardt. De 1945 à 1947, il est l'élève de Marcel Moyse à Paris, tout en étant soliste dans plusieurs orchestres suisses. En 1950, Furtwängler l'appelle à la Philharmonie de Berlin, où il est flûte solo jusqu'en 1959. Dès 1953, il accorde une grande place à la pédagogie. Il enseigne successivement à Munich, à la Musik Akademie de Bâle et à Fribourg. Bien qu'il aborde avec succès le répertoire classique, sa carrière est intimement liée à la musique contemporaine. Toute une littérature récente lui est dédiée : il crée, entre autres, plusieurs pièces de Takemitsu, dont Eucalypts I et II en 1970 et 1971, le Double Concerto pour flûte et hautbois de Ligeti en 1972, et celui de Denisov en 1979. En 1983, il crée le Concerto de Halffter et son ami Heinz Holliger, célèbre hautboïste suisse, lui dédie Scardanelli-Zyklus, et Turm-Musik en 1985. En 1989, Denisov lui destine Quatre Poèmes de Gérard de Nerval.
Nicolo (Nicolas Isouard, dit) de Malte
Compositeur français (Malte 1775 – Paris 1818).
Fils d'un homme de finance, il voyagea très tôt pour s'initier à cette spécialité, mais en profita surtout pour étudier la musique avec Azzopardi, Amendola, Guglielmi et Sala. Il avait dix-neuf ans quand son premier opéra, Avviso ai maritati, fut joué à Florence, à la suite d'un concert qu'il avait brillamment dirigé au pied levé. De retour à Malte, il fut nommé organiste de Saint-Jean-de-Jérusalem, puis maître de chapelle de l'ordre de Saint-Jean-de-Malte, mais la dissolution de cet ordre, à la suite de l'occupation française, le priva de son emploi et il se tourna vers le théâtre, faisant représenter à l'opéra de La Valette de petits ouvrages de son cru. En 1799, il suit à Paris le général Vaubois et, patronné par Rodolphe Kreutzer, débute dès l'année suivante au théâtre Feydeau avec le Petit Page. Curieusement, il a attendu d'être fixé en France pour italianiser son prénom et c'est sous le pseudonyme de Nicolo, ou Nicolo de Malte, qu'il sera jusqu'à sa mort prématurée l'un des principaux fournisseurs de l'Opéra-Comique, qui faisait alors une énorme consommation de nouveautés. Doué d'une prodigieuse fécondité, il a signé quantité d'opéras-comiques, dont plusieurs, il est vrai, en collaboration avec Kreutzer, Boieldieu ou Cherubini. Signalons au moins Michel-Ange (1802), les Rendez-Vous bourgeois (1807), Cendrillon (1810), Lully et Quinault (1812), Jeannot et Colin (1814).
Niculescu (Stefan)
Compositeur et musicologue roumain (Moreni 1927).
Il suit les cours de l'Institut polytechnique, puis ceux du Conservatoire de Bucarest (piano et composition, 1951-1957), notamment avec Mihaïl Andricu. Il a été chercheur à l'Institut d'histoire de l'art de Bucarest (1960-1963) et, depuis 1963, il enseigne l'analyse et l'écriture au Conservatoire de Bucarest. Fin théoricien, Niculescu allie dans sa création un souci permanent de clarté avec un intérêt constant aussi bien pour le vocabulaire de notre temps (Eteromorfie pour grand orchestre, 1967 ; Formants pour 17 cordes solistes, 1968 ; Aphorismes d'Héraclite pour chœur, 1968-69) et pour la pensée processuelle et transformationnelle (Synchronie II, pour orchestre de chambre, 1981, rev. 1986) que pour la récupération, dans un esprit contemporain, des vieilles échelles modales roumaines (Ison II, pour orchestre, 1974 ; Symphonie no 3 « Cantos », 1985 ; Deisis-symphonie pour 21 solistes, 1994-95). On lui doit également Unisonos pour orchestre (1970-71), Ison I pour 14 instruments (1971). Il a publié des analyses de l'œuvre de Georges Enesco ainsi que des études concernant les principes de l'écriture musicale contemporaine. Il a reçu le prix Herder de l'université de Vienne (1994).