Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
A

Abraham (Paul)

Compositeur hongrois (Apatin 1892 – Hambourg 1960).

Il a tenté de moderniser l'opérette de tradition hongaro-viennoise en y introduisant des éléments de jazz. Victoria et son hussard (1930), Fleur de Hawaii (1931) et le Bal du Savoy (1932) ont connu une certaine popularité.

abrégé

Élément essentiel de la mécanique de l'orgue, l'abrégé est un dispositif de transmission intermédiaire entre les claviers et les soupapes des sommiers.

Son but premier est d'espacer en largeur les commandes issues en disposition serrée des touches des claviers, de façon à tenir compte de l'écartement des soupapes dû à la largeur des tuyaux. Il consiste en une série de rouleaux ou de barres mobiles autour de leur axe, fixés à une table verticale. Les rouleaux sont reliés à l'une de leurs extrémités aux touches des claviers ; à l'autre, aux soupapes, par l'intermédiaire de vergettes. Grâce à l'abrégé, le facteur d'orgues peut distribuer les commandes de l'exécutant à des tuyaux disposés en des emplacements éloignés des claviers, et dans un ordre différent de celui des notes. On désigne également par « abrégé » une pièce de la mécanique des carillons, intermédiaire entre les touches et les battants de cloches.

abréviation

Depuis le XVIIe siècle au moins, le nombre de signes que requiert la moindre notation musicale complète a poussé les notateurs à simplifier chaque fois que possible leur graphisme au moyen d'abréviations diverses. Certaines, non codifiables, sont de simples suggestions graphiques que copistes ou imprimeurs développent ensuite ; il en est d'autres qui sont au contraire passées dans l'usage au point de faire partie de la notation codifiée elle-même. On relève surtout parmi elles :

   ­ des signes de répétition, très nombreux, parmi lesquels certains, comme l'arpeggio, ont en musique ancienne une forme graphique qu'on ne doit pas confondre avec des graphismes actuels analogues de sens différent ;

   ­ des indications de mouvements réguliers (batteries de notes répétées, glissandi, gammes chromatiques, etc.) ;

   ­ des signes d'octaviation ou de redoublement d'octaves au moyen du chiffre 8 ou de ses dérivés (8a ou 8va = octava) ;

   ­ les signes de nuance, normalement écrits en abrégé (piano = p, crescendo = cresc., etc.) ;

   ­ les signes d'agrément (trilles, grupetti, etc.) qui donnent lieu, surtout au XVIIIe siècle, à toute une séméiographie raffinée et complexe, souvent variable d'un auteur à l'autre ;

   ­ diverses conventions permettant d'économiser le nombre d'altérations écrites (non-répétition des altérations avant la barre de mesure, armatures, etc.) ;

   ­ diverses indications sommaires d'orchestration dont le développement est laissé aux soins du copiste (ex. sur une portée de flûte on lira col violini, « avec les violons »). Ce genre d'indications, peu prisé aujourd'hui, était au contraire très usuel dans les partitions anciennes, souvent réduites au rôle de simple schéma ;

   ­ le remplacement des accords par des chiffres conventionnels placés sur ou sous la basse, et qu'il appartient au lecteur de développer ; ce système, dit basse chiffrée, a été très courant du XVIIe au milieu du XVIIIe siècle ; il n'est plus guère employé aujourd'hui que dans les brouillons de compositeurs et les exercices scolaires ;

   ­ les appels à l'improvisation de l'interprète, auquel le compositeur se borne à fournir un schéma de départ (cadenza, a piacere, etc.).

   On notera que l'italien étant devenu en quelque sorte la langue officielle de la musique du XVIIe au milieu du XIXe siècle, au moins, la plupart des abréviations à partir d'expressions verbales se réfèrent à cette langue.

Absil (Jean)

Compositeur belge (Peruwelz, Hainaut, 1893 – Bruxelles 1974).

Après avoir été élève au conservatoire de Bruxelles, il y devint professeur en 1931. Cofondateur de la Revue internationale de musique à Bruxelles, il a publié des livres didactiques.

   Son œuvre de compositeur, dans une écriture polytonale mais respectueuse des grandes formes traditionnelles, comprend des œuvres instrumentales (musique pour piano, musique de chambre, 5 symphonies, 1 poème symphonique, 1 symphonie concertante, 1 concerto pour piano), de la musique vocale (mélodies et chœurs), de la musique de théâtre (opéras et comédie lyrique).

académie

Ce nom, qui avait été celui de l'école de Platon, fut repris au milieu du XVe siècle, à Florence, par une société d'humanistes réunis à la cour de Laurent de Médicis, puis par d'autres groupes semblables, à Florence même, à Naples, à Rome, à Bologne où quatre académies devaient demeurer jusqu'au XVIIIe siècle. Leur rôle dans l'évolution de la littérature et des arts fut capital. La plus célèbre fut la Camerata du comte Bardi, à Florence ; de ses travaux de réflexion, des expériences qui s'y déroulèrent naquit l'opéra. En France, le premier des creusets de cette sorte fut l'Académie de poésie et de musique fondée en 1570 par A. de Baïf et Th. de Courville, où se forgèrent les principes de la musique mesurée à l'antique. Par la suite, le terme d'académie évolua et prit différents sens.

   Il put désigner, notamment en France, des institutions officielles suscitées par les gouvernements : l'Académie française, l'Académie des sciences, mais aussi l'Académie des beaux-arts, ainsi baptisée lors du remaniement, en 1816, d'un organisme fondé en 1795 ; elle compte six sections, dont celle de musique, formée de sept membres.

   Ce terme s'appliqua aussi à des théâtres d'opéra et de concert. Le privilège de l'Académie royale de musique fut créé en 1669 et attribué à Perrin. Lully en prit possession en 1672. L'Opéra de Paris, dont l'appellation officielle est encore « Académie nationale de musique et de danse », est le descendant direct de l'Académie royale qui, par l'intermédiaire d'une école de chant dramatique, est également à l'origine du Conservatoire. D'autres académies furent créées en province vers 1650 et demeurèrent jusqu'en 1789.

   Dans les pays germaniques, le mot fut choisi principalement pour désigner des sociétés organisatrices de concerts, voire ces concerts eux-mêmes (« académies » données par Mozart à Vienne). En Angleterre, une Academy of Ancient Music fut fondée à Londres, en 1710. Son but était de faire revivre le répertoire de madrigaux du XVIe siècle, ainsi que les œuvres de maîtres antérieurs ; une telle initiative est tout à fait exceptionnelle pour l'époque. Le titre d'Academy of Ancient Music a été repris récemment par une des formations anglaises les plus appréciées dans l'interprétation de la musique ancienne ; elle est animée par Christopher Hogwood.

   Enfin, certaines académies ayant patronné, au XVIIIe siècle, des écoles de musique pour enfants, le terme en est venu à désigner des établissements d'enseignement, et plus spécialement, à partir du XIXe siècle, d'enseignement supérieur (Berlin, Londres, ou l'Académie de Sainte-Cécile à Rome).