Dalberto (Michel)
Pianiste français (Paris 1955).
Il étudie au Conservatoire de Paris avec Vlado Perlemuter et Jean Hubeau et obtient un 1er Prix de piano en 1972. Il se perfectionne ensuite auprès de Nikita Magaloff, et remporte en 1975 le Prix Clara Haskil puis en 1978 le 1er Prix du Concours international de Leeds. Sa carrière se partage d'emblée entre le piano solo, la musique de chambre et, dans une moindre mesure, le concerto. Il se produit en compagnie d'Augustin Dumay, Henryk Szering, Viktoria Mullova et la soprano Barbara Hendricks, avec qui il a enregistré un disque de mélodies de Fauré. En 1991, il est nommé directeur artistique de l'Académie internationale et du Festival des Arcs, consacré à la musique de chambre.
D'Alessio (Carlos)
Compositeur argentin naturalisé français (Buenos Aires 1935 – Paris 1992).
En même temps que l'architecture, il étudie la musique avec Guillermo Graetzer. En 1962, il part pour New York, où il apprend le tango et fait son chemin dans le milieu underground : il organise des happenings à la Brooklyn Academy et au MOMA, notamment A Concert is a concert is a concert. En 1972, il se fixe à Paris où il collabore avec le metteur en scène Alfredo Arias et le Groupe TSE. En 1974, il rencontre Marguerite Duras. Pour elle, il écrit d'abord la musique du film la Femme du Gange (1974), puis India Song (1975), dont le slow, d'une nostalgie irrésistible, a fait le tour du monde. Puis il collabore à Des journées entières dans les arbres et Vera Baxter (1977), le Navire Night (1979) et les Enfants (1984). L'écoute d'une de ses valses fait naître l'écriture d'Éden-Cinéma. Il signe aussi les partitions d'Hécate de Daniel Schmidt (1982), Delicatessen de Caro et Jeunet (1990), et travaille au théâtre, notamment avec Claude Régy. Il joue parfois sa musique en récital, à la Roque-d'Anthéron en 1985, et à Paris en 1991.
Dall'Abaco (Evaristo Felice)
Compositeur italien (Vérone 1675 – Munich 1742).
Violoniste réputé, il vécut quelques années à Modène sans doute à partir de 1696 , puis s'établit à Munich, où il devint maître de chapelle de l'Électeur Max Emmanuel (1704). Il accompagna la Cour à Bruxelles et dans divers déplacements, notamment, à plusieurs reprises, à Paris. Il fut peut-être l'élève de Torelli et certainement l'un des premiers à fixer l'ordre des pièces de la sonate préclassique. Son œuvre, destinée à son instrument et publiée en grande partie à Amsterdam, compte des exemples des deux genres de la sonate : Sonate da camera pour violon et basse continue op. 1 (v. 1705-1706) et op. 4 (1714), 12 Concerti a 4 da chiesa op. 2 (v. 1712-1714), deux recueils de 6 Concerti a più strumenti op. 5 (v. 1717). Vers 1712-1715, il publia à Paris XII Sonate da chiesa e da camera a tre op. 3, et vers 1730, Concerti a più strumenti op. 6.
Dallam
Famille de facteurs d'orgues anglais, actifs au XVIIe siècle.
Le fondateur de la firme fut probablement Thomas Dallam ; le plus célèbre de ses successeurs, Robert Dallam, (1602-1665), construisit les orgues du New College d'Oxford, de la cathédrale Saint-Paul de Londres et des cathédrales de Canterbury et de Durham. Les deux frères de Robert, Ralph et George Dallam, furent également facteurs.
Dallapiccola (Luigi)
Compositeur italien (Pisino d'Istria 1904 – Florence 1975).
Il commença ses études musicales à Graz où sa famille avait été exilée pour raisons politiques pendant la Première Guerre mondiale : son père était patriote italien, et Pisino était sous la domination autrichienne. En 1923, il entra au conservatoire de Florence où il étudia le piano avec E. Consolo et la composition avec V. Frazzi. À partir de 1926, il se produisit en duo avec le violoniste Sandro Materassi, s'employant surtout à faire connaître les œuvres contemporaines. En 1934, il fut nommA© professeur de piano au conservatoire de Florence. Il travailla aussi comme critique musical au journal florentin Mondo. Il enseigna la composition aux États-Unis : à Tanglewood (1951-1952), au Queen's College de New York (1956-1959) et à l'université de Berkeley (1961). Il était membre de l'Académie bavaroise des beaux-arts (1953) et de l'Akademie der Künste de Berlin (1958). En 1954, il édita en collaboration avec G. M. Gatti les Scritti sulla musica de Busoni.
Les premières impressions musicales de Dallapiccola ont été le Don Juan de Mozart et les opéras de Wagner, le Pelléas et Mélisande de Debussy, le Pierrot lunaire de Schönberg, les Noces de Stravinski, ainsi que les œuvres de Mahler, de Busoni et de Berg. Comme compositeur, il se fait connaître en 1932 avec sa Partita pour orchestre et soprano, forme redevenue à la mode à cette époque. Les œuvres importantes de sa « première manière », qui dure jusque vers la fin des années 30, sont Deux Chants du Kalewala (1930), la Rapsodia d'après la Chanson de Roland (1932-33) et surtout les Six Chœurs de Michelangelo Buonarotti (1933-1936). Le style en est un néomodalisme, qui se ressent de l'influence des XVe et XVIe siècles (Dufay, Palestrina). C'est une musique statique, abstraite, concise. La première étape de son évolution laisse apparaître un chromatisme de plus en plus serré, déjà sensible dans les Chœurs de Michel-Ange. En 1937-1939, Dallapiccola compose son premier opéra Volo di notte (Vol de nuit) d'après Saint-Exupéry, dominé par un pessimisme cherchant refuge dans la solitude et dans l'idéal. Il y utilise à la fois le chant et le sprechgesang. Presque en même temps (1938-1941), il écrit ses Canti di Prigionia, sur des textes de Marie Stuart, Boèce et Savonarole.
À partir de ces années, marquées par l'apogée du fascisme, les thèmes de la captivité et de la liberté vont le hanter toute sa vie durant et trouvent leur meilleure expression dans son opéra Il Prigionero (1944-1948), d'après la Torture par l'espérance de Villiers de l'Isle-Adam, et la Légende d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak de Ch. De Coster. Entre-temps, il écrit le ballet Marsias (1942-43 ; repr. Florence, 1948), dans lequel il fait un fréquent usage d'harmonies de quartes superposées. C'est à partir du milieu des années 1940 que le dodécaphonisme commence à s'intégrer à son écriture : Liriche Greche (1942-1945), Chaconne, intermezzo et adagio pour violoncelle seul (1945), Rencesvals (1946). Dans Il Prigionero, ce dodécaphonisme est déjà un fait accompli, et plus encore dans l'oratorio Job (1950). Dans la musique vocale, les intonations mélodiques continuent à refléter l'influence wagnérienne. À l'intérieur de son style dodécaphonique, Dallapiccola utilise non seulement les intervalles dissonants propres à la musique sérielle (secondes, septièmes, neuvièmes), mais aussi des intervalles consonants, ce qui le différencie des dodécaphonistes viennois. Ayant adopté le dodécaphonisme librement et naturellement, Dallapiccola s'est aussi affranchi de toute prise de position sectaire : « La tonalité existe et existera sans doute encore longtemps », déclare-t-il en 1951. À partir de 1953, il s'oriente vers des recherches rythmiques et tend vers une rigueur et un dépouillement comparables à ceux de Webern (Cinque Canti, 1956). Mais ses attaches avec le néoclassicisme et les traditions de la musique italienne réapparaissent parfois, notamment dans la Tartiniana (1951) et la Tartiniana seconda pour violon, piano et orchestre (1956). Parmi les œuvres les plus importantes de ses dix dernières années, il faut citer l'opéra Ulisse, d'après J. Joyce (1968).
Compositeur conscient de l'évolution musicale de son siècle, Dallapiccola sut garder une dimension romantique en traduisant dans sa musique des expériences vécues. Par la richesse et l'éclectisme de ses références musicales et littéraires, par l'affinement de son style technique, il fut l'une des personnalités les plus marquantes de la musique italienne du XXe siècle.