Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
A

autrichien (la musique dans le domaine) (suite)

La seconde trinité viennoise

La célébrité de Carl Goldmark (1830-1915) et de Robert Fuchs (1847-1927), compositeurs et pédagogues, a aujourd'hui bien pâli. Mais, peu après le milieu du siècle, l'Autriche donna naissance, la même année, à deux compositeurs de première importance : Hugo Wolf (1860-1903) et Gustav Mahler (1860-1911). À leur suite, alors que Brahms et Bruckner venaient de disparaître, Arnold Schönberg (1874-1951), Anton Webern (1883-1945) et Alban Berg (1885-1935), tous trois natifs de Vienne ­ on les désigne parfois sous l'appellation de « seconde trinité viennoise », par analogie avec la première formée de Haydn, de Mozart et de Beethoven ­, furent à l'origine d'un renouveau décisif pour toute la musique occidentale.

   Leurs contemporains eurent pour noms Alexandre von Zemlinsky (1872-1942), seul maître et futur beau-frère de Schönberg ; Joseph Matthias Hauer (1883-1959) ; Franz Schreker (1878-1934) ; Felix von Weingartner (1863-1941), surtout connu comme chef d'orchestre ; pour l'opéra, Wilhelm Kienzl (1857-1941), Julius Bittner (1874-1939), Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945), Erich Korngold (1897-1957) ; Joseph Marx (1882-1964), célèbre en particulier pour ses lieder ; et, pour la tradition symphonique, Franz Schmidt (1874-1939). Egon Wellesz (1885-1976), Alexandre von Spitzmüller (1894-1962) et Ernst Krenek (1900) furent, comme Schönberg, contraints à l'exil par le nazisme.

Le XXe siècle

La tradition classico-romantique, parfois teintée de sérialisme, fut poursuivie en Autriche par Hans Gal (1890-1976), Johann Nepomuk David (1895-1977), Franz Salmhofer (1900-1975), Hanns Jelinek (1901-1969), Hans Erich Apostel (1901-1972), Armin Kaufmann (1902-1980) ; puis vinrent Theodor Berger (1905), Marcel Rubin (1905-1995), Wilhelm Jerger (1909), Cesar Bresgen (1913-1988), Robert Schollum (1913-1987), Friedrich Wildgans (1913-1965), Alfred Uhl (1909-1992), Helmut Eder (1916), Karl Schiske (1916-1969), pédagogue de renom, Josef Friedrich Doppelbauer (1918-1989), Gerhard Wimberger (1923), Karl Heinz Füssl (1924-1992), Fritz Leitermeyer (1925), Paul Angerer (1927), également chef d'orchestre, le guitariste Karl Scheit (1909-1993). Le compositeur autrichien qui, depuis 1945, s'est le plus imposé sur le plan international tout en s'intégrant à l'avant-garde européenne est Friedrich Cerha (1926). À sa suite, on peut citer Richard Hoffmann, Michael Gielen (1927), également chef d'orchestre, Gerhard Lampersberger (1928), Joannes Martin Dürr (1931), Heinz Kratochvil (1933-1995), Kurt Schewertsik (1935), Erich Urbanner (1936), Gerold Amann (1937), Gösta Neuwirth (1937), Ingomar Grünauer (1938), Martin Bjelik (1940), Günter Kahowez (1940), Dieter Kaufmann (1941). De Gottfried von Einem (1918), la réputation internationale est actuellement bien établie, surtout grâce à ses opéras. La musique électronique a d'abord été représentée en Autriche par Irmfried Radauer (1928) et par Istvan Zelenka (1936), et le renouveau du courant liturgique, inauguré par Joseph Messner (1893-1969), a été poursuivi par Walter Nussgruber (1919), puis par l'organiste Anton Heiller (1923-1979) et par son élève Peter Planyavsky (1947). L'école autrichienne compte également deux immigrés de marque, Roman Haubenstock-Ramati (1919-1994) et György Ligeti (1923). Les représentants de la toute jeune génération, pour la plupart élèves de Cerha ou de Haubenstock-Ramati, ont pour noms Rudolf Maria Brandl (1943), Franz Baimschein (1944), Klaus Ager (1946), Wolfgang Danzmayr (1947), Wilhelm Zobl (1950), Bruno Liberda (1953), Thomas Perne (1956), Thomas Larcher (1963). Pour la musique contemporaine, on peut citer les festivals Ars Electronica de Linz (septembre), « Zeitfluss » de Salzbourg (juillet-août), Aspekte de Salzbourg (mai), Wien Modern (octobre-novembre) et l'Automne de Styrie (septembre).

Auzon (Brunod')

Compositeur français (Dijon 1948).

Spécialisé dans la musique électroacoustique, qu'il pratique surtout avec ses moyens personnels au Studio de la Noette, en Provence, il a fondé avec le pianiste Jacques Raynaut et le flûtiste Gérard Garcin un groupe d'interprétation de musiques « mixtes » (pour instruments et bande) et électroacoustiques. Ses Triades 1 et 2 (1977-78), Par la fenêtre entrouverte (1978) et Des arbres de rencontre (1979), pour percussion et bande, révèlent un auteur sensible et personnel.

Ave Maria

La plus usuelle des prières à la Vierge.

Sa première partie réunit les deux salutations adressées à Marie dans l'Évangile de saint Luc, l'une par l'Ange (Ave gratia plena… Dominus tecum) lors de l'Annonciation, l'autre par Élisabeth à l'occasion de la Visitation (Benedicta tu… fructus ventris tui) avec ou sans l'addition des deux noms propres, Maria et Jesus. Cette partie est entrée très tôt dans l'office, d'abord sous forme d'antienne jusqu'à in mulieribus, puis d'offertoire, soit jusqu'à in mulieribus, soit jusqu'à ventris tui ; elle figure déjà dans la liturgie dite de saint Jacques le Mineur et dans l'antiphonaire grégorien primitif. Sa seconde partie est une invocation ; elle n'est pas tirée de l'Écriture sainte et date probablement du concile d'Éphèse (431), sauf la partie terminale (nunc et in hora mortis nostrae), qui serait une addition franciscaine du XIIIe siècle. Le texte musical de l'antienne a souvent été pris dans l'Ars antiqua comme teneur de motet et, au XVIe siècle, comme thème de messe ; mais, contrairement à ce qu'on pourrait penser et malgré son extrême diffusion dans la piété populaire, l'Ave Maria, en tant que prière et sous sa forme usuelle, n'a pas été très souvent mis en musique en dehors de l'antienne ou de l'offertoire liturgique. L'Ave Maria de Josquin Des Prés est fondé sur une séquence qui développe elle-même un trope de l'antienne, Ave Maria, Virgo serena. Celui d'Arcadelt est un faux du XIXe siècle, dû au maître de chapelle de la Madeleine à Paris, Dietsch. Le célèbre Ave Maria de Schubert, écrit sur une poésie allemande, que l'on a ensuite réadaptée en latin de manière apocryphe, est en réalité l'un des trois chants d'Ellen dans la Dame du lac de Walter Scott. Et le non moins célèbre Ave Maria de Verdi est une prière d'opéra, celle de Desdémone au dernier acte d'Othello. Quant à celui de Gounod, il s'agit de l'addition arbitraire d'une mélodie au premier prélude du Clavier bien tempéré de Bach, ainsi ravalé au rang d'accompagnement ; l'Ave Maria a remplacé dans ce rôle, en 1859, une première version datant de 1853, qui comportait des paroles de Alphonse de Lamartine.

   L'Ave Maria dit « de Lourdes » est un simple refrain de cantique populaire. Jadis célèbres, les Ave Maria de Fenaroli (1730-1818) et de Carafa (1787-1872) sont aujourd'hui oubliés. Le seul Ave Maria musical digne de ce nom est peut-être la Salutation angélique des Prières (1914-1917) d'André Caplet.