Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
M

martelé

Dans les instruments à cordes frottées, coup d'archet détaché, bref et très accentué, pouvant se faire de la pointe ou du talon, sans quitter la corde.

Martelli (Henri)

Compositeur français (Bastia 1895 – Paris 1980).

Élève de Henri Widor (fugue et composition) au Conservatoire de Paris (1912-1924), il a dirigé les programmes de musique de chambre et d'orchestre à la radio (1940-1944), et présidé la section française de la S.I.M.C. (1953). Dans un style néoclassique ne dédaignant pas la polytonalité, il a écrit notamment des symphonies, de la musique de chambre, des ouvrages pour la radio et le théâtre, ainsi que, pour la scène, le ballet la Bouteille de Panurge (1938) et l'opéra bouffe le Major Cravachon (1959), d'après Labiche.

Martenot (Maurice)

Ingénieur et musicien français (Paris 1898 – Clichy 1980).

Inventeur de l'instrument électronique à clavier qui porte son nom, et auquel il a apporté de nombreux perfectionnements entre 1928 et 1954, il a créé en 1947 une classe d'ondes Martenot au Conservatoire national supérieur de musique. Auteur d'une Méthode pour l'enseignement des ondes musicales (1952), il s'est également préoccupé de l'enseignement musical sur le plan général et a fondé une école à Neuilly-sur-Seine.

Martin (père Émile)

Philosophe, historien et chef de chœur français (Cendras, Gard, 1914 – Lisieux 1989).

Élevé par son oncle, maître de chapelle à la cathédrale de Nîmes, il transposait dans tous les tons, à onze ans, la première fugue du Clavier bien tempéré de J.-S. Bach. Ordonné prêtre en 1939, oratorien, docteur ès lettres, président-directeur de la société des chanteurs de Saint-Eustache à partir de 1946, il obtint une certaine notoriété grâce à la Messe du Sacré-Cœur des rois de France (1949), qu'il reconnut pour sienne après en avoir attribué la paternité à Étienne Moulinié (mêmes initiales). On lui doit aussi un Libera me pour voix, tam-tam, cuivres et orgue, et les oratorios Psaume pour l'agonie du monde (1953), le Voilier sous la croix (1957), Rex pacificus (1959), et le Miroir de Jeanne, commande d'État (1977).

   Le père E. Martin a réalisé de nombreux enregistrements et contribué à la résurrection de compositeurs oubliés comme E. du Caurroy ou P. de Manchicourt. Il est également l'auteur d'ouvrages musicologiques tels que Essai sur l'évolution des rythmes de la chanson grecque antique (Paris, 1953) et Une muse en péril : essai sur la musique et le sacré (Paris, 1968).

Martin (Frank)

Compositeur suisse (Genève 1890 – Naarden, Pays-Bas, 1974).

Fils de pasteur, il eut comme professeur Joseph Lauber (piano, harmonie, composition), et ne fréquenta aucun conservatoire. Il entreprit aussi des études de physique et de mathématiques. Après la Première Guerre mondiale, il vécut à Zurich, Rome et Paris, et enseigna la théorie rythmique à l'institut Jaques-Dalcroze. Porté par goût vers la musique et l'esthétique françaises, il avait grandi dans un milieu imprégné de culture et de musique allemandes, et ses premières œuvres révèlent les traces de ce conflit. C'est le cas, par exemple, des Trois Poèmes païens pour baryton et orchestre (1910), d'après Leconte de l'Isle, et de l'oratorio les Dithyrambes (1918), dont la création fut assurée par Ernest Ansermet. Dans les Sonnets à Cassandre, d'après Ronsard (1921) se manifeste l'influence de Ravel, et, avec le triptyque orchestral Rythmes (1926), le compositeur affirma une nette personnalité. Suivit une période sérielle illustrée notamment par un premier concerto pour piano (1933-34) et 1 trio à cordes (1936). De la même époque datent le ballet Die blaue Blume (1936) et une symphonie (1937).

   Frank Martin ne parvint à la maturité et à la certitude stylistique que vers l'âge de cinquante ans, avec l'oratorio profane le Vin herbé, d'après le Tristan de Joseph Bédier. L'œuvre est écrite pour 12 voix solistes accompagnées par 7 cordes et 1 piano, et date de 1938-1941. Dès lors, la production vocale du musicien devait se partager entre textes allemands et français, et son art se définit comme une parfaite synthèse d'éléments latins et germaniques. Des quelque 80 ouvrages constituant son catalogue, plus des deux tiers sont postérieurs au Vin herbé. Dans le sillage de ce premier chef-d'œuvre se situe Der Cornet, cycle de mélodies pour voix d'alto (ou de mezzo) et orchestre d'après Rilke (1942-43). Suivirent notamment les Six Monologues de Jedermann pour alto ou baryton et piano (1943, orch. 1949), les oratorios In terra pax (1944-45) et Golgotha (1946-1948), une célèbre Petite Symphonie concertante pour harpe, clavecin, piano et 2 orchestres à cordes (1945), les opéras Der Sturm d'après Shakespeare (1952-1955, créé à Vienne en 1956) et Monsieur de Pourceaugnac d'après Molière (1961-62, créé à Genève en 1963), le Mystère de la Nativité, oratorio/spectacle d'après Arnoul Gréban (1959), les Quatre Éléments (1964), une des rares partitions symphoniques du compositeur, 1 quatuor à cordes (1967), 1 Requiem (1971), 1 concerto pour violoncelle (1965-66) et un deuxième concerto pour piano (1968-69).

   Tempérament grave et méditatif, Frank Martin vécut aux Pays-Bas (d'abord à Amsterdam, puis à Naarden), patrie de sa troisième épouse, à partir de 1946, et, de 1950 à 1957, enseigna la composition à l'École supérieure de musique de Cologne, où il eut comme élève Karlheinz Stockhausen.

Martin y Soler (Vicente)

Compositeur espagnol (Valence 1754 – Saint-Pétersbourg 1806).

Il fit sans doute ses débuts de compositeur d'opéras à Madrid en 1776, étudia peut-être avec le padre Martini à Bologne, et, de 1779 à 1785, écrivit de nombreux opéras pour divers théâtres italiens. De 1785 à 1788, il vécut à Vienne, où il obtint la faveur de Joseph II et écrivit sur des livrets de Da Ponte 3 opéras : Il Burbero di buon cuore, adaptation de Goldoni (1786), Una cosa rara (1786) et L'Arbore di Diana (1787). Ces 3 œuvres, en particulier la deuxième (dont Mozart devait citer un thème dans le second finale de Don Giovanni), obtinrent un énorme succès, dont souffrit plus ou moins les Noces de Figaro de Mozart, créé entre Il Burbero di buon cuore et Una cosa rara.

   Auteur auparavant de zarzuelas et d'opere serie, Martin y Soler avait ainsi trouvé sa voie avec l'opéra bouffe. De 1788 à 1794, il fut au service de Catherine II à Saint-Pétersbourg, où il donna notamment Gore bogatyr Kosometovitch « (le Pauvre Héros Kosometovitch »), sur un livret de l'impératrice elle-même (1789). En 1794, il retrouva Da Ponte à Londres, et y donna avec lui, en 1795, La Scuola dei maritati et L'Isola del piacere, d'ailleurs non sans recourir à ses fonds de tiroir : les Carnets de Haydn, qui assista à une représentation de L'Isola del piacere, nous apprennent que l'ouverture était celle de L'Arbore di Diana, et qu'on retrouvait dans l'ouvrage « un tas de vieilles choses de Cosa rara ». En 1796, Martin y Soler retourna à Saint-Pétersbourg, où il fut nommé conseiller d'État (1798) et inspecteur du Théâtre-Italien (1800). La fin de sa carrière y fut cependant assombrie par la rivalité, en Russie, de l'opéra français et de l'opéra italien.