Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
E

ensalada

Composition vocale de caractère joyeux, répandue en Espagne au XVIe siècle.

Très proche du quodlibet, elle était constituée de mélodies sacrées ou profanes, appartenant souvent au répertoire populaire, superposées et possédant chacune son propre texte (qui pouvait être en espagnol aussi bien qu'en latin ou que dans un dialecte local), l'ensemble constituant une pièce polyphonique respectant les règles de l'écriture traditionnelle. Les ensaladas ont fréquemment été transcrites et jouées par les organistes et vihuelistes de l'époque.

ensemble

1. Terme désignant un groupe de musiciens, chanteurs ou instrumentistes, qui exécutent un morceau en équipe. Un ensemble vocal est un chœur, un ensemble instrumental est un orchestre, mais le mot « ensemble » apporte une précision en introduisant la notion d'effectif réduit, de réunion de solistes. De même, l'expression « musique d'ensemble » évoque le cadre intime de la musique de chambre.

2. Le terme s'applique également à des parties d'œuvres où chantent simultanément divers solistes, par exemple aux sextuors, septuors, etc., que l'on rencontre, notamment pour les finals d'actes, dans les œuvres lyriques à partir de l'époque de Mozart. L'ensemble est un des moyens d'expression privilégiés dont dispose le théâtre lyrique, car il permet, grâce à l'aptitude de l'oreille humaine à discerner plusieurs lignes mélodiques simultanées, de faire connaître en un même moment les sentiments agitant plusieurs personnages. La plupart des grands compositeurs lyriques, notamment Mozart, Rossini et Verdi, se sont imposés par leur maîtrise dans la construction des ensembles.

Ensemble InterContemporain

Ensemble de 31 solistes fondé en 1976, et dont les activités ont débuté en même temps que celles de l'Institut de recherche et de coordination acoustique/musique (I. R. C. A. M.), auquel il est associé.

Il a comme président Pierre Boulez ; son directeur musical a été Michel Tabachnik (jusqu'au 31 juillet 1977) ; Peter Eötvös lui a succédé de 1979 à 1991. Depuis 1992, le titulaire du poste est David Robertson. En 1977, les activités de l'E. I. C. et celles de l'I. R. C. A. M. se sont déroulées parallèlement, mais l'E. I. C. ne se veut pas l'orchestre de l'I. R. C. A. M. Il a ses concerts et sa saison propres. Mais la collaboration entre les deux organismes est étroite. Sur le plan des concerts, l'E. I. C. s'attache à la fois aux « classiques contemporains » et à la création d'œuvres nouvelles. Sur le plan pédagogique, il organise des stages, séminaires, ateliers et séances d'animation. Il se préoccupe également des échanges entre compositeurs et instrumentistes. Enfin, il sert souvent de terrain d'application pratique aux recherches et aux expériences menées à l'I. R. C. A. M. Tout cela à Paris et hors de Paris. Depuis sa fondation, l'E. I. C. a organisé une moyenne annuelle de 130 à 150 manifestations, et donné en création mondiale plus de 50 œuvres françaises et étrangères, parmi lesquelles Je vous dis que je suis mort de G. Aperghis, Ma manière de chat d'A. Bancquart, Chemins V et Sequenza VIII de L. Berio, Messagesquisse de P. Boulez, Antiphysis de H. Dufourt, Modulations de G. Grisey, Va et vient de H. Holliger, Espaces mouvants de P. Mefano, Cuts and Dissolves de W. Rihm, Mirages de J.-C. Risset, Michaels Reise um die Erde de K. Stockhausen et Lo Shu I-III de H. Zender.

enté

Adjectif emprunté à l'horticulture (il signifie « greffé ») et appliqué dans le dernier tiers du XIIIe siècle à un procédé de composition à la fois littéraire et musical consistant à insérer dans un contexte original, parlé ou chanté, un fragment de chanson connue cité avec sa musique propre (v. trope).

Les fragments cités pouvaient appartenir à des répertoires variés, mais la source principale en était les refrains de rondeaux à danser, ce qui leur fit donner le nom générique de refrains, même s'ils n'étaient cités qu'une seule fois. La mode des refrains entés fut introduite dès 1214 dans le roman en vers (qui était lu à haute voix) avec le roman de Guillaume de Dole de Jean Renart, puis gagna la chanson de trouvères, le motet (surtout profane) et le théâtre parlé, où cet usage peut être considéré comme l'origine des « vaudevilles » qui, au XVIIIe siècle, donnèrent naissance à l'opéra-comique. Adam de la Halle s'est particulièrement illustré tant dans le motet enté que dans le théâtre à refrains, qu'il a inauguré avec le jeu de la Feuillée et surtout le jeu de Robin et Marion, mis à la scène avec insertion de refrains entés de deux scénarios usuels de chanson, la « pastourelle » (chevalier courtisant une bergère) et la « bergerie » (divertissement pastoral).

entonner

Mot d'origine liturgique (intonare, « introduire le ton ») réservé d'abord au chantre qui, en commençant seul un psaume ou une antienne, indiquait dans quel ton liturgique le chant devait être poursuivi par l'ensemble du chœur.

Le terme s'est généralisé pour signifier le fait de commencer seul un chant ou une chanson continués par l'ensemble des chanteurs, ou même parfois de simplement les commencer quelle qu'en soit la suite.

entrée

1. Synonyme d'arrivée, l'entrée est le moment de fêter en musique la venue d'un personnage, ou d'un groupe de personnages, en scène, dans une ville ou à l'église. La notion d'« entrée » liée à la musique a une origine très ancienne. Vers la fin du Moyen Âge, il existait des sortes de ballets (entremets) où les participants, déguisés et masqués, entraient accompagnés de musique. Depuis fort longtemps, des pièces de circonstance ont été composées ou improvisées pour célébrer l'entrée dans une ville d'un roi ou d'une personnalité importante. Ainsi, H. Purcell, au XVIIe siècle, en a écrit un certain nombre (par exemple, Fly, bold rebellion pour célébrer le retour de Charles II à Londres).

   Dans le ballet de cour français, les différentes scènes dansées s'appelaient des entrées. Le même principe se perpétua, d'abord dans les comédies-ballets où des entrées de ballet formaient des intermèdes musicaux au sein de la comédie (par exemple, « Entrée des Scaramouches, Travelins et Arlequins » dans le Bourgeois gentilhomme de Molière et Lully), puis dans l'opéra-ballet où, selon J.-J. Rousseau, « chaque acte forme un sujet séparé ; l'entrée de Vertumne dans les Élémens (Destouches) ; l'entrée des Incas dans les Indes galantes (Rameau) ».

2. Dans une partition, entrée désigne l'apparition d'un thème musical, l'intervention d'une nouvelle partie instrumentale ou vocale. On parle ainsi de l'entrée des voix dans une fugue.

3. Enfin, l'entrée est parfois une sorte de prélude ou d'ouverture, servant d'introduction à une suite de pièces (v. intrada).