Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
R

Reicha

Famille de musiciens tchèques.

 
Josef, violoncelliste, chef d'orchestre et compositeur (Chudenice, près de Klatovy, 1752 – Bonn 1795). Après plusieurs années à Prague, il fut successivement premier violoncelle de l'orchestre du prince d'Oetinngen-Wallerstein à Harburg (1774), et violoncelliste et premier violon de l'Orchestre électoral de Bonn (1785). Il prit la direction de cet ensemble en 1789. Ses œuvres influencèrent le jeune Beethoven.

 
Antonin (Antoine), compositeur et théoricien (Prague 1770 – Paris 1836). Neveu du précédent, orphelin de père de bonne heure, il fut accueilli à Bonn par son oncle. Après l'occupation de la Rhénanie par l'armée française, il s'installa à Hambourg (1794-1799), à Paris (1799-1802), puis à Vienne (1802-1808), où il fréquenta Haydn et Beethoven (il avait connu ce dernier à Bonn). Ses 36 Fugues pour piano (1803) furent dédiées à Haydn. Fixé définitivement à Paris en 1808, il devint professeur de composition au Conservatoire en 1818. Naturalisé en 1829, il succéda à Boieldieu à l'Institut en 1835, et il eut comme élèves Berlioz, Liszt, Franck et Gounod.

   On lui doit des opéras, de la musique religieuse, des symphonies, des concertos, de la musique de chambre pour cordes, des pièces pour piano, mais c'est surtout par ses quintettes à vent que ce musicien parfois étrange, aux trouvailles harmoniques et rythmiques souvent prophétiques, voire tout à fait expérimentales, s'est maintenu au répertoire.

Reichardt (Johann Friedrich)

Compositeur et musicographe allemand (Königsberg 1752 – Giebichenstein, près de Halle, 1814).

Fils d'un luthiste, il s'inscrivit à l'université de Königsberg en 1767, et en 1771, entreprit le premier de ses nombreux voyages (Allemagne du Nord et Bohême). Il en rapporta une monographie sur l'opéra-comique allemand (Über die deutsche comische Oper, Hambourg, 1774, rééd. 1974) et des notes publiées en 2 volumes, dans le but notamment de répondre aux attaques de Burney contre la musique en Allemagne (Briefe eines aufmerksamen Reisenden die Musik betreffend, 1774 et 1776). En 1775, il succéda à Agricola comme maître de chapelle de l'Opéra royal de Berlin, et y dirigea des opéras à l'italienne de Graun et Hasse. En 1776, il épousa en premières noces Juliana Benda, et sa maison devint vite un lieu de rencontre pour artistes et intellectuels. Des congés lui permirent de se rendre à Vienne et en Italie (1782-83), puis en Angleterre et à Paris (1785). Confirmé dans ses fonctions de maître de chapelle par Frédéric Guillaume II de Prusse (1786), il noua des liens étroits avec Goethe et Schiller, et en 1789, collabora avec Goethe pour le singspiel Claudine von Villa Bella, qu'il présenta à Berlin. En 1790-1792, il voyagea de nouveau en Angleterre et à Paris, où il sympathisa avec les idées révolutionnaires. À son retour à Berlin, il publia sous un pseudonyme ses Vertraute Briefe über Frankreich (1792-93), ce qui en 1794 lui valut de perdre sa place de maître de chapelle.

   Il s'installa à Giebichenstein, et en 1796, fut nommé par Frédéric Guillaume II directeur des mines de sel de Halle. En 1802-1803, il était de nouveau à Paris, et en 1806, Giebichenstein fut ruiné par l'occupation française. Nommé en 1808 directeur général des théâtres et de l'orchestre du roi Jérôme Bonaparte à Cassel (le poste devait bientôt être offert, mais en vain, à Beethoven), Reichardt effectua durant l'hiver 1808-1809 un voyage à Vienne, en principe pour y recruter des chanteurs. Il y rencontra Haydn, Beethoven et d'autres musiciens, et publia ses souvenirs de ce séjour dans l'intéressant volume intitulé Vertraute Briefe geschrieben auf einer Reise nach Wien und den österreichischen Staaten zu Ende 1808 und zu Anfang 1809 (Amsterdam, 1810).

   Comme compositeur, son importance réside surtout dans ses lieder (environ 1 500 sur des textes de plus de 120 poètes différents) et dans ses ouvrages pour la scène, en particulier ses singspiels. Il abandonna définitivement l'opera seria italien et les imitations de Hasse et de Graun à partir de Tamerlan et Panthée (1785-86), ouvrages inspirés de Gluck, et Claudine von Villa Bella marqua l'introduction de la langue allemande sur la scène lyrique berlinoise. Dans ses œuvres instrumentales, il se montra plutôt conservateur, plus proche des disciples de Carl Philipp Emanuel Bach que de Haydn. On lui doit aussi de la musique sacrée. Comme écrivain, il publia notamment, outre ses souvenirs de voyage, d'intéressants programmes explicatifs pour le Concert spirituel de Berlin, et édita divers journaux et revues : Musikalisches Kunstmagazin (Berlin, 1782-1791) ; Musikalischer Almanach (Berlin, 1796) ; Berlinische musikalische Zeitung (Berlin 1805-1806).

Reimann (Aribert)

Compositeur allemand (Berlin 1936).

Il a mené de front une carrière de pianiste et une carrière de créateur. Après des études à l'École supérieure de musique de Berlin, il a séjourné à Vienne (1958) puis travaillé en autodidacte. Il a d'abord suivi la voie ouverte par l'école de Vienne, en particulier par Webern, puis a abandonné la technique sérielle en 1967. Il s'est, en revanche, familiarisé avec les musiques d'Asie, de l'Inde notamment, et en a tiré de nouvelles sources d'inspiration. Comme pianiste, il a accompagné les plus grands chanteurs de lieder. On lui doit notamment Ein Totentanz, suite pour baryton et orchestre de chambre (1960) ; Fünf Gedichte von Paul Celan pour baryton et piano (1960) ; 2 concertos pour piano (1961 et 1972) ; Hölderlin-Fragmente pour soprano et orchestre (1963) ; Ein Traumspiel, opéra d'après Strindberg (1964) ; Verrà la morte, cantate d'après Pavese (1966) ; Einführung pour ténor et piano, texte de Paul Celan (1967) ; Loqui pour orchestre (1969) ; Die Vogelscheuchen, ballet de Günter Grass (1970) ; Melusine, opéra (1970) ; Zyklus pour baryton et orchestre, textes de Paul Celan (1971) ; Wolkenloses Christfest, requiem pour baryton, violoncelle et orchestre (1974) ; Variations pour orchestre (1975) ; Lear, opéra d'après Shakespeare (1976-1978) ; Nachtstück II pour baryton et piano, d'après Eichendorff (1978) ; Invenzioni pour 12 exécutants ; un Requiem créé à Kiel en 1982, les opéras Die Gespenstersonate d'après Strindberg (Berlin 1984), et Troades (Munich 1986) ; Fragmente pour orchestre (Hambourg 1988), Concerto pour violon, violoncelle et orchestre (1989), Neuf pièces pour orchestre (1993), Finite Infinity pour soprano et orchestre d'après Emily Dickinson (1994-1995).