Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Yakar (Rachel)

Soprano française (Lyon 1936).

Elle est l'élève de Germaine Lubin au Conservatoire de Paris. En 1964, elle intègre la troupe de l'Opéra du Rhin à Düsseldorf, où elle se forge un vaste répertoire, de Verdi à Stravinski, d'Offenbach à Puccini. Elle triomphe en particulier dans Arabella de Strauss et, en 1975, chante Freia à Bayreuth. Dès 1977, elle s'impose comme mozartienne à Glyndebourne, et aborde Lucio Silla en 1981 à Zurich. En 1985, elle participe au cycle Mozart d'Harnoncourt et Ponnelle à Salzbourg. L'intelligence de sa carrière lui permet d'aborder plusieurs rôles très différents. En 1994, elle est Clymène dans Phaéton de Lully avec Marc Minkowski. Elle a chanté tous les rôles et les œuvres religieuses de Mozart et, en 1995, elle enregistre des mélodies de Lekeu et d'Henri Collet.

Yamada (Kosaku)

Compositeur, chef d'orchestre et pédagogue japonais (Tokyo 1886 – id. 1965).

Il étudia à Tokyo (1904-1908), puis à Berlin (composition avec Max Bruch et Karl Leopold Wolf), où il termina en 1912 son premier opéra, Ochitaru tennyo (créé à Tokyo en 1929). En 1915, il dirigea à Tokyo le premier concert jamais donné par un orchestre japonais, et, en 1918, dirigea à New York un concert de ses propres œuvres. Après un voyage en Europe (1922), il fonda en 1925 la Société philharmonique du Japon. En 1931, il écrivit pour le théâtre Pigalle à Paris son opéra Ayame, et revint dans la capitale française en 1937, dans le cadre d'une tournée européenne. Ses deux derniers opéras furent Kurofune (1939, créé à Tokyo en 1940) et Hsiang Fei (1946-47, créé à Tokyo en 1954). Ses pièces orchestrales sont fortement influencées par Wagner et Strauss, mais ses pages vocales, en particulier ses nombreuses mélodies, sont d'une touche plus légère et d'un lyrisme typiquement japonais. Auteur d'environ 1 500 œuvres, il jeta les bases de la musique japonaise de tradition occidentale.

Yepes (Narciso)

Guitariste espagnol (Lorca 1927).

Il commença ses études de guitare à Lorca (Jesús Guevara), puis les poursuivit au conservatoire de Valence, où Vicente Asencio l'incite à élargir la technique de la guitare classique en utilisant tous les doigts de la main droite. Il débuta à Madrid en 1947 dans le Concerto d'Aranjuez de Rodrigo, conduit par Argenta. Il fit ensuite des tournées en Europe (1948), en Amérique du Sud (1957), au Japon (1960) et aux États-Unis (1964). Depuis 1964, il joue d'un instrument dont il est l'inventeur et qui comporte quatre cordes supplémentaires de basse (accordées en ut, si bémol, la bémol et sol bémol) pour permettre un renforcement harmonique de toutes les sonorités, et un meilleur équilibre de la résonance. Docteur honoris causa de l'université de Murcie (1977) et membre de l'académie Alphonse-le-Sage (1977), il consacre une partie de son activité à l'enseignement et à la recherche d'un répertoire ancien. Plus de six mille œuvres retrouvées par lui sont en instance de publication. Un certain nombre de compositeurs contemporains (Ohana, Maderna) ont écrit pour lui.

yodel

Forme de chant particulière à la Suisse, au Tyrol, à la Styrie.

Chanté d'ordinaire par des hommes en falsetto mais passant rapidement à la voix de poitrine, très libre rythmiquement et se limitant en principe aux harmoniques naturelles, ce chant évoque aussi bien le cor des Alpes que le ranz des vaches.

Yougoslavie

Constitué en 1918, cet État n'a pris son nom actuel qu'en 1931 (dans l'intervalle, il s'est appelé « Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes »). Musicalement, on ne saurait donc dire qu'il y a eu une entité yougoslave avant le XXe siècle. Auparavant, les diverses régions qui la constituent ont eu une vie musicale plus ou moins autonome. Le pays a éclaté au début des années 1990.

La musique traditionnelle

Dans cette région carrefour, les apports de l'Italie, de la musique byzantine, orientale, hongroise, etc., se sont mélangés pour donner un grand nombre de formes et de traditions. On y trouve le chant polyphonique à deux voix, parfois en secondes majeures parallèles, mais aussi à trois ou quatre voix, des musiques de danse sur des mètres impairs et asymétriques, un nombre étendu d'échelles de hauteur et un certain nombre d'instruments nationaux comme la tanbura, instrument à cordes pincées, le gulse, instrument monocorde à archet, la frula, qui est une flûte, le zurla, instrument à anche, etc. On regroupe sous le nom de kolo les danses traditionnelles en groupe de diverses régions.

La musique en Dalmatie

Sa musique d'église, de théâtre ou de fête a été influencée par l'Italie. Le plus célèbre compositeur dalmatien fut L. Sorkocevic, de Raguse, au XVIIIe siècle ; mais cette région, plus tard intégrée dans la Croatie, avait produit au XVIIe siècle des auteurs comme Julius Schiavetto, Domenico Giovanni et I. Lukacic.

La musique en Croatie

Les premières musiques écrites attestées de la Croatie du Nord sont des recueils de chants religieux (Cithara octochorda, 1701). Zagreb se développa au XIXe siècle comme centre culturel avec notamment, en 1827, la fondation, par Padovec et Wisner-Morgenstern, d'une association musicale, la Musikverein, qui ouvrit un conservatoire ; avec aussi le courant « illyrique », mouvement patriotique qui compta parmi ses membres le compositeur d'hymnes Vatroslav Lisinski (1819-1854). On citera aussi I. Zajcn, Franjo Kuhac (1834-1911), Blagoje Bersa (1873-1934), Franjo Dugan (1874-1948), Josip Hatze (1879-1959), Fran Lhotka (1883-1962), père d'Ivo Lhotka-Kalinski (né en 1913).

La musique en Slovénie

On connaît en Slovénie un grand nombre de cantiques en langue populaire, tels que ceux de Primoz Trubar, au XVIe siècle. Au XVIIe siècle, Ljubljana fut un centre musical avec sa chapelle épiscopale et son séminaire de jésuites, puis avec ses représentations d'opéra publiques, à partir du XVIIIe siècle, et ses concerts (Academia Philharmonicorum, association fondée en 1701). La même ville accueillit au XIXe siècle de nouvelles associations, souvent nationalistes, comme le Slovenischer Verein, fondé en 1848, qui promut le sentiment patriotique par des concerts et des éditions de chants. L'opéra de Ljubljana, où œuvra Gustav Mahler en 1880, fut constitué à partir d'une société dramatique fondée en 1867. On peut citer encore parmi ces institutions le Glazbena matica, créé en 1872, qui contribua également à la défense du sentiment national, mais aussi à l'établissement d'une infrastructure d'enseignement musical.

   Parmi les compositeurs slovènes, on peut citer, au XVIIe et au XVIIIe siècle, Janez Berthold von Höffer (1667-1718), Janez Jurij Hocevar-Gottscheer (1657-1714), Jakob Zupan (1734-1810), Janez Krstnik Novak (1756-1833) et Francesco Pollini (1762-1846) ; et, plus tard, plus ou moins associés au courant nationaliste, Jurij Fleisman (1818-1874), Kamilo Masek (1831-1859), Miroslav Vilhar (1818-1871), Fran Gerbic (1840-1917), Benjamen Ipavec (1829-1908) ; plus tard encore, Gojmir Krek (1875-1942), Emil Adamic (1877-1936), Anton Lajovic (1878-1960).

La musique en Serbie

On a conservé les traces d'une activité musicale à la cour des Nemanjicich, dynastie issue d'Étienne Nemanja, et dans les établissements religieux. Quand la Serbie devient autonome au début du XIXe siècle, on y voit se développer une intense activité de musique de chœurs et de scène, sur des thèmes romantiques et patriotiques, avec des compositions de Jovan Pacu (1847-1902), Mita Topalovic (1849-1912), Kornelije Stankovic (1831-1865), Isidor Bajic (1878-1915), puis Josif Marinkovic (1851-1931) et Stefan Mokranjac (1856-1914), un des grands musiciens nationaux ; puis ce fut l'« école de Belgrade », avec Petar Krstic, Vladimir Djordjevic, Bozidar Joksimovic et Stanislac Binicki, que suivirent Petar Konjovic (1883-1970), folkloriste et auteur d'opéras, Milojevic, Manojlovic, Hristic, etc.

La musique yougoslave à partir de 1918

La fondation du nouveau royaume fédéré fut l'occasion d'un développement culturel et notamment musical, avec la naissance d'institutions comme les académies de musique de Ljubljana (1926), de Zagreb (1921) et de Belgrade (1937), les philharmonies de Zagreb (1921) et de Belgrade (1923), les opéras de Belgrade (1920) et de Ljubljana (1918). De même, après la Seconde Guerre mondiale et la nouvelle définition politique et géographique du pays, naquirent des écoles de musique, des opéras et des orchestres philharmoniques à Sarajevo et à Skoplje.

   Parmi les très nombreux compositeurs yougoslaves qui se sont révélés au XXe siècle, beaucoup se réclament d'une inspiration nationale, et parfois de l'idéal marxiste, tandis que d'autres se sont fait connaître comme compositeurs d'avant-garde. On citera Rudolf Matz (1901), Natko Devcic (1914), Milo Cipra (1906), Milenko Zivkovic (1901-1964), Matija Bravnicar (1897), Marij Kogoj (1895-1956), Pavel Sivic (1908), Predrag Milosevic (1904), Mihovil Logar (1902), Blaz Arnic (1901), Marjan Lipovsek (1910), Bozidar Kunc (1903), Milan Ristic (1908), Marjan Kozina (1907), Todor Skalovski (1909) ; et, dans une génération plus récente, Vasilije Monkranjac (1923), Konstantin Babic (1927), Vlastimir Pericic (1927), Toma Prosev (1931), Tomislav Zografski (1934), Rajko Maksimovic (1935), Uros Krek (1922), Dane Skerl (1931) Mavel Merku (1927), Ivo Petric (1931), Darjan Mozic (1933), Niksa Njiric (1927), Stanko Horvat (1930), Andjelko Klobucar (1931), Bogdan Gagic (1931), Zlatko Pibernik (1926).