Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
C

canzonetta (ital. ; diminutif de canzona, « chansonnette »)

Composition vocale profane de la fin du XVIe siècle, issue de la musique de danse instrumentale, c'est-à-dire de la basse-danse.

Il s'agit d'une chanson dans laquelle se mêlent des éléments populaires et ceux, plus savants, du madrigal aristocratique. Généralement composée à 3 ou à 4 voix et de forme strophique, la canzonetta se caractérise par l'importance du cantus et du bassus, c'est-à-dire de la voix supérieure mélodique et de la basse qui joue un rôle essentiellement harmonique. L'importance de ces deux parties va conduire éventuellement à la cantate, mais d'abord à l'introduction de la basse continue. Les petites cantates du début du XVIIe siècle, telles que celles d'un L. Rossi ou d'un C. Caproli, reçoivent souvent le titre de canzone, de préférence à celui de canzonetta qui désignerait plutôt un air court et léger.

   Plus tard, le terme de canzonetta s'applique à une composition assez simple, et sans forme bien déterminée, pour une voix avec accompagnement. J. Haydn, par exemple, a écrit deux recueils de 6 Canzonets sur des textes anglais (1794, 1795) et, là encore, la forme strophique domine.

Capdevielle (Pierre)

Compositeur et chef d'orchestre français (Paris 1906 – Bordeaux 1969).

Élève de Gédalge, Paul Vidal et Vincent d'Indy, il débuta en 1930 comme chef d'orchestre à l'Opéra de Grenoble. Nommé en 1944 directeur des émissions de musique de chambre à la radio, il fonda en 1952 l'Orchestre de chambre de la Radiodiffusion française. Son œuvre comprend des mélodies sur des poèmes d'Apollinaire, Baudelaire, Suarès, Rilke, etc., de la musique instrumentale, 3 symphonies (1936, 1942, 1953), des fresques symphoniques (Incantation pour la mort d'un jeune spartiate, 1931), de la musique de scène, des cantates (la Tragédie de Pérégrinos, 1941) et deux opéras, les Amants captifs (1947-1950, première représentation 1960) et la Fille de l'homme (1967).

Cape (Safford)

Chef de chœur et compositeur américain (Denver, Colorado, 1906 – Bruxelles 1973).

Il a étudié le piano et la composition à Denver, puis, à partir de 1925, à Bruxelles, où il a été l'élève de R. Moulaert (composition) et de Ch. Van den Borren (musicologie). En 1933, toujours à Bruxelles, il a fondé l'ensemble Pro musica antiqua afin de faire connaître la musique du Moyen Âge (G. de Machaut) et de la Renaissance à travers des interprétations d'un grand sérieux musicologique et d'un goût très sûr. Safford Cape a lui-même composé un trio à cordes, un trio avec piano, des pièces pour piano et de la musique vocale.

Capecchi (Renato)

Baryton italien (Le Caire 1923).

Il a débuté au concert, en 1948, à la Radio italienne et au théâtre, en 1949, à Reggio Emilia dans le rôle d'Amonsaro d'Aïda de Verdi. Artiste fin, cultivé, acteur exceptionnel il a chanté un très vaste répertoire, allant des grands emplois verdiens à la musique contemporaine, et a participé à de nombreuses créations mondiales. Il est tout particulièrement renommé dans les emplois bouffes de l'opéra italien du XVIIIe siècle (Cimarosa, Pergolèse) et du XIXe (Rossini, avec le Barbier de Séville, où il a interprété les rôles de Figaro, puis de Bartolo ; Donizetti ; Verdi, avec le personnage de Fra Melitone dans la Force du destin, etc.).

Capet (Lucien)

Violoniste, pédagogue et compositeur français (Paris 1873 – id. 1928).

Élève de Jumas et Maurin au Conservatoire de Paris, il y obtint un premier prix de violon en 1893 et fonda aussitôt après un quatuor à cordes portant son nom, auquel il se consacra en même temps qu'à une carrière de soliste, et qui acquit une réputation mondiale. Professeur au conservatoire de Bordeaux de 1899 à 1903, il fut, à partir de 1907, titulaire de la classe de musique de chambre au Conservatoire de Paris ; il se lia alors avec Tournemire, qui lui enseigna la composition. Parallèlement, le quatuor Capet poursuivait son activité, s'illustrant en particulier dans les œuvres de Beethoven.

   Lucien Capet a écrit 5 quatuors, 2 sonates, 6 études et diverses pièces pour violon, ainsi que quelques œuvres symphoniques et vocales. Il est l'auteur d'un important ouvrage théorique, la Technique supérieure de l'archet (Paris, 1916). Il a aussi laissé une édition des quatuors de Beethoven.

Capitole (théâtre du)

Fondé à Toulouse en 1736, reconstruit en 1880, détruit par le feu en 1917, il a été entièrement rénové en 1974. Dans ce haut lieu du théâtre lyrique en France ont débuté plusieurs des meilleures voix françaises. Dirigé depuis 1990 par Nicolas Joël, il a vu au cours de la période récente les créations de Hop, Signor de Manuel Rosenthal (1962), du Silence de la mer d'Henri Tomasi (1964), de Gambara d'Antoine Duhamel (1980), de Montségur de Marcel Landowski (1985). Régionalisé en 1974, dirigé depuis 1968 par Michel Plasson, l'Orchestre du Capitole a acquis, grâce notamment à ses enregistrements de musique française, une dimension d'orchestre symphonique international.

Caplet (André)

Compositeur et chef d'orchestre français (Le Havre 1878 – Neuilly-sur-Seine 1925).

Après avoir entrepris des études musicales au Havre, il entra, en 1896, au Conservatoire de Paris dans les classes de Leroux, Lenepveu et Vidal, et remporta en 1901 le premier grand prix de Rome avec sa cantate Myrrha. Il débuta comme timbalier dans l'orchestre des Concerts Colonne et devint rapidement l'assistant d'É. Colonne. Directeur de la musique à l'Odéon à partir de 1899, Caplet fut aussi chef d'orchestre à l'opéra de Boston de 1910 à 1914. Mais la guerre interrompit sa brillante carrière ; touché par les gaz, il vit sa santé compromise et dut peu à peu réduire son activité. Aussi renonça-t-il à la direction de l'Opéra de Paris (1919), ainsi qu'à celle des orchestres des Concerts Lamoureux (1920) et des Concerts Pasdeloup (1922).

   Très lié avec Debussy ­ il dirigea la création du Martyre de saint Sébastien (Paris, 1911) et orchestra ou réduisit plusieurs de ses œuvres ­, Caplet se dégagea progressivement de l'influence de ce dernier, par exemple dans le Vieux Coffret (1917). Il devait aussi rejeter celle de Fauré. La pratique de la scène lyrique lui fit acquérir une connaissance des possibilités de la voix humaine qu'il utilisa avec une certaine audace (Inscriptions champêtres, 1914). On n'hésita pas à voir dans les quinze vocalises du Pain quotidien les prémices de la technique moderne du chant. Comme Debussy, le compositeur fréquenta Solesmes et se familiarisa avec le plain-chant ; sa foi lui inspira des œuvres très attachantes (le Miroir de Jésus, 1923 ; Prières, 1914-1917) ; la Messe à 3 voix, 1919-20), caractéristiques de son souci d'un langage personnel exempt de stéréotypes. Caplet a écrit quelque trente-cinq mélodies, personnelles, difficiles à interpréter (en particulier les parties de piano). Soulignons enfin la hardiesse avec laquelle il employa la harpe dans le Masque de la mort rouge ou le violoncelle dans Épiphanie, ses deux œuvres instrumentales essentielles.