Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
F

Freitas Branco (les de)

Famille de musiciens portugais.

 
Luís, compositeur et pédagogue (Lisbonne 1890 – id. 1955). Sa naissance dans un milieu aristocratique et fortuné a certainement favorisé la formation de ce musicien exceptionnellement cultivé. Après avoir bénéficié dans sa ville natale deG l'enseignement des Portugais Tomas Borba et Augusto Machado, du Belge Désiré Pâque et de l'Italien Luigi Mancinelli, il se rend à Berlin, où il est l'élève de Humperdinck. À vingt ans, il achève Paraísos Artificiais, le premier de ses cinq poèmes symphoniques. L'année suivante le trouve à Paris, où il fait la connaissance de Claude Debussy et travaille avec Gabriel Grovlez. Jeune marié, il s'installe à Madère jusqu'en 1914, mais des revers de fortune provoqués par la révolution de 1910 l'obligent à monnayer ses nombreux talents. De retour à Lisbonne, il y occupera jusqu'en 1947 des postes importants dans l'enseignement musical officiel, où son influence sera considérable. En 1929, il fonde la revue Arte Musical, que remplacera vingt ans plus tard la Gazeta Musical (1950). Conservateur en politique, Luís de Freitas Branco l'était beaucoup moins en musique ; influencé par l'impressionnisme debussyste, puis tenté par l'atonalisme, il revint toutefois à une conception néoclassique. Il laisse cinq poèmes symphoniques, quatre symphonies, une « symphonie dramatique » pour solos, chœurs, orgue et orchestre (Manfredo), un concerto et deux sonates pour violon, un quatuor à cordes, diverses pièces pour piano, des mélodies et des compositions chorales.

 
Pedro, chef d'orchestre, frère du précédent (Lisbonne 1896 – id. 1963). Après avoir mené de front des études d'ingénieur et des études musicales, travaillant en particulier le violon et le chant, il débute comme chef d'orchestre aux théâtres S. Carlos de Lisbonne et S. João de Porto. Après un séjour à Londres en 1925, qui lui vaut de profiter des conseils de Bruno Walter, il fonde en 1927 la première compagnie d'opéra entièrement portugaise et, en 1928, les Concerts symphoniques de Lisbonne, qui révéleront au public portugais de nombreuses œuvres contemporaines.

Fremaux (Louis)

Chef d'orchestre français (Aire-sur-la-Lys, Pas-de-Calais, 1921).

Il a fait ses études (interrompues par la guerre) au Conservatoire de Paris, et a dirigé de 1956 à 1965 l'orchestre de l'opéra de Monte-Carlo, puis, de 1968 à 1971, l'orchestre philharmonique Rhône-Alpes. Il a aussi été de 1969 à 1978 directeur musical et premier chef de l'orchestre et du chœur de Birmingham en Angleterre, où il s'est fait apprécier notamment par ses interprétations de Berlioz. Il a été de 1979 à 1982 à la tête de l'orchestre symphonique de Sydney, en Australie.

Frémiot (Marcel)

Compositeur français (Paris 1920).

Élève, entre autres, d'Olivier Messiaen et de René Leibowitz, il fut directeur artistique de diverses firmes de disques, avant de devenir professeur d'histoire de la musique au conservatoire de Marseille, où il fonda en 1968 une classe de musique électroacoustique qui fut à l'origine du Groupe de musique expérimentale de Marseille, qu'il devait diriger jusqu'en 1974. On lui doit plusieurs œuvres pour bande magnétique : Cadastre (1970), Sonate avec Likenbé (1971), Ricercare 2 (1973) ; pour voix et bande Tant et tant d'arbres (1977), le Coin des choses (1978) ; des réalisations pour le ballet, avec la danseuse-chorégraphe Dora Feïlane (Danse, image et cri, 1977) et des œuvres pour chœur (la Môme Néant, texte de J. Tardieu, 1977).

Frémy (Gérard)

Pianiste et compositeur français (Bois-Colombes 1935).

Élève du Conservatoire de Paris dans la classe d'Yves Nat, il remporte un premier prix en 1951, puis obtient en 1956 une bourse du gouvernement soviétique pour travailler trois années durant au conservatoire de Moscou dans la classe de Heinrich Neuhaus, dont il devient finalement l'assistant. Rentré en France après avoir donné une quarantaine de concerts en U.R.S.S., il poursuit son activité de concertiste tout en s'adonnant à la composition (Fantaisie pour violon et piano, 1956 ; Autobiophonie, 1973 ; Petite Musique d'amitié, 1974 ; etc.).

Freni (Mirella)

Soprano italienne (Modène 1936).

Issue d'une famille très humble, elle a débuté au Teatro comunale de Modène en 1955 dans le rôle de Micaela de Carmen. Ses interprétations de Zerline de Don Juan au festival de Glyndebourne en 1960 et au Covent Garden de Londres en 1961, celle de Suzanne des Noces de Figaro à Londres en 1962, lui ont ouvert les portes de la carrière internationale. En 1963, elle a débuté à la Scala de Milan sous les traits de Mimi de la Bohème de Puccini. Durant ces premières années, elle interprétait plutôt des rôles légers ou lyriques-légers, comme ceux mentionnés plus haut, ou encore Marguerite de Faust de Gounod, Marie de la Fille du régiment et Adina de l'Élixir d'amour de Donizetti. Tout en continuant à chanter certains d'entre eux, elle a abordé dans le répertoire verdien des rôles de plus en plus lourds, partant de Violetta de la Traviata pour aboutir à Aida. La voix de Mirella Freni est claire et puissante avec un beau timbre fruité ; son émission est parfaitement maîtrisée et ses incarnations sont pleines de charme.

Frescobaldi (Girolamo)

Organiste, claveciniste, chanteur et compositeur italien (Ferrare 1583 – Rome 1643).

Il apprit la musique auprès de son père et surtout de l'organiste Luzzaschi. Voyageant de bonne heure, et se faisant connaître et apprécier comme exécutant et comme chanteur, il se rendit à Rome en 1604, ville qu'il n'allait plus quitter qu'occasionnellement, y occupant les charges d'organiste à l'académie Sainte-Cécile, puis à Santa Maria in Trastevere, et enfin, en 1608, à la basilique Saint-Pierre, poste qu'il tint jusqu'à sa mort. Il voyagea encore, allant à Bruxelles (1607), à Mantoue (1615), et passant quelque temps à Florence (1628-1634), après quoi il resta sédentaire à Rome. Sa renommée était alors considérable : il passait pour le meilleur organiste de l'Europe, et pour l'un des plus grands compositeurs de son temps. On venait le consulter de toutes parts, et il était donné en exemple par des écrivains comme le père Mersenne (Harmonie universelle, 1636). Témoin de cette renommée, son œuvre a été largement éditée, rééditée et diffusée de son vivant : une douzaine de volumes parurent ainsi, contenant Toccate, Canzone, Capriccii, Fantasie, Partite (c'est-à-dire des variations), Arie, Ricercari, Balletti. Le recueil le plus célèbre est celui des Fiori musicali op. XII, publié à Venise en 1635. Musique vocale ou musique instrumentale, pour l'orgue ou pour le clavecin, elle n'est pas fondamentalement novatrice dans la forme ou dans la technique, mais, en ce premier âge du baroque, elle assouplit considérablement les formes plus rigides de la Renaissance. Dans la musique instrumentale, qui fut son domaine d'élection, Frescobaldi introduisit le chromatisme, les dissonances, les effets de contrastes, la variation, et usa, en de nombreuses pièces, du style fugué. L'aspect purement instrumental et dégagé de la polyphonie vocale de ces pages eut un écho plus grand en Allemagne qu'en Italie, auprès de Froberger, élève de Frescobaldi, ou de maîtres comme Tunder, Buxtehude ou Muffat. J.-S. Bach lui-même recopia de sa main les Fiori musicali qui exercèrent sur son art une influence décisive.