Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Picander (Christian Friedrich Henrici, dit)

Poète et librettiste allemand (Stolpen, près de Dresde, 1700 – Leipzig 1764).

Arrivé à Leipzig en 1720, il y publia, de décembre 1724 à décembre 1725, une série de poèmes d'inspiration religieuse intitulée Sammlung erbaulicher Gedanken, et devint à cette époque librettiste de Bach pour certaines de ses cantates. Cette collaboration devait durer près de vingt ans et concerner principalement les grandes œuvres sacrées de Bach (Passion selon saint Matthieu, Passion selon saint Marc, probablement aussi Oratorio de Pâques et Oratorio de l'Ascension), ainsi que ses œuvres de circonstance. Picander joua un rôle moins important pour les cantates d'église proprement dites de Bach, bien que son cycle de poèmes sacrés, Cantaten auf die Sonn und Fest-Tage (1728), ait de toute évidence été destiné au cantor. Il se fit également un nom comme auteur de poèmes satiriques.

Piccinni (Nicola)

Compositeur italien (Bari 1728 – Passy 1800).

Élève à Naples de Leo et de Durante, il donna dans cette ville son premier opéra, Le Donne dispettose (1754). Suivirent, à Rome, Alessandro nell'Indie (1758), de style « seria » et sur un livret de Métastase, et en 1760 La Cecchina ossia La Buona figliuola, sur un livret d'après Goldoni et consacrant la naissance du genre « semiseria ». Une cinquantaine d'opéras, dont L'Olimpiade (1761) et La Molinarella (1766), furent ensuite écrits en une dizaine d'années. La popularité de Piccinni pâtit de l'étoile naissante d'Anfossi, et, à l'invitation de Marie-Antoinette, il accepta de venir à Paris, où il arriva en 1776 et où il fit notamment jouer Roland (1778), sur un livret de Marmontel.

   Gluck venait de donner son Armide, et bientôt se déclencha la fameuse Querelle des gluckistes et des piccinnistes, envenimée par les nombreux écrits des partisans respectifs des deux compositeurs, dont les relations personnelles restèrent toujours cordiales. Piccinni, qui représentait la musique italienne, se vit confier la direction d'une troupe transalpine. Deux ans après l'Iphigénie en Tauride de Gluck, il fit représenter son opéra du même nom (1781). On lui opposa alors un nouveau rival en la personne de Sacchini : ce dernier donna Chimène (1784), et Piccinni Didon (1783). Peu après, il prononça l'éloge de Sacchini devant sa tombe ouverte (1786), et, à la mort de Gluck (1787), il tenta en vain d'organiser à Paris des cérémonies commémoratives.

   Au début de la Révolution, Piccinni retourna à Naples, puis se réfugia à Venise, où il écrivit La Griselda (1793). Accueilli de nouveau par la France en 1798, il fut nommé peu avant sa mort inspecteur de l'enseignement du Conservatoire. Maître incontesté de l'opéra « semiseria », dont les innovations devaient également porter leurs fruits dans l'opéra-comique français, il prodigua aussi son talent dans sa musique sacrée et sa musique instrumentale.

piccolo (ital. ; « petit »)

1. Adjectif souvent employé en musique dans son sens original. Il a existé, par exemple, un « violon piccolo ». Substantivement, il désigne aujourd'hui la « petite flûte » traversière, qui sonne à l'octave supérieure de la grande, avec le même doigté. Il lui manque toutefois l'ut et l'ut dièse graves, qui manquaient d'ailleurs aussi à la grande flûte jusqu'à l'invention de la « patte d'ut » à la fin du XVIIIe siècle. Sa sonorité perçante, qui traverse aisément la masse de l'orchestre, a été amplement utilisée par les symphonistes. Mais le piccolo a été également traité en instrument soliste, notamment par Vivaldi.

2. À l'orgue, jeu le plus aigu, parfois aussi appelé sifflet. De la famille des principaux, il sonne à la triple octave de la fondamentale (vingt-deuxième, ou harmonique 8). Son tuyau le plus grave mesure 1 pied de haut, et le corps sonore du plus petit 7 mm seulement. Le piccolo est surtout utilisé dans le plenum, au même titre qu'un jeu de mixture.

Pichl (Vaclav)

Compositeur et violoniste tchèque (Bechyne, près de Tabor, 1741 – Vienne 1805).

Après des études en Bohême, il fut engagé par Dittersdorf comme violoniste à Grosswardein (1765-1769). En 1777, il partit pour l'Italie comme directeur de la musique de l'archiduc Ferdinand, gouverneur de la Lombardie et dont la résidence était Milan, et y resta jusqu'en 1796. L'archiduc ayant été cette année-là chassé de sa province par les Français, Pichl le suivit à Vienne, où il demeura à son service. Apprécié de Haydn, qui fit exécuter des quatuors de lui à Eszterháza, il écrivit des symphonies et des concertos ainsi que de la musique de chambre, en particulier pour violon. Dans ses dernières années, il se consacra beaucoup à la musique religieuse.

pièce à sauvetage (all. rettungsoper)

Terme apparu vers 1900 et désignant un type d'opéra courant à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe, dans le contexte de la Révolution française : un personnage faussement accusé d'un crime, ou victime d'un coup du sort ou d'un tyran, est sauvé ou libéré au dernier moment, l'action pouvant soit correspondre à des faits réels, soit relever de l'utopie.

L'exemple le plus abouti en est le Fidelio de Beethoven (1805, 1806 et 1814), mais on peut citer également Richard Cœur de Lion de Grétry (1784), Lodoiska (1791) et les Deux Journées (1800) de Cherubini, ou encore la Caverne de Le Sueur (1793).

pied

1. Ancienne unité de longueur (324 mm) qui participe à l'identification des différents jeux de l'orgue et du clavecin. « Jeu de 8 pieds » (on écrit 8') signifie que le tuyau le plus grave de la série, donc le plus long, mesure environ 2,60 m. Les jeux s'échelonnent selon la progression géométrique 1, 2, 4, 8, 16 et 32, en sorte que chacun d'eux sonne à l'octave inférieure du précédent. En fait, cette classification ne correspond à la réalité qu'en ce qui concerne les tuyaux ouverts ; comme les tuyaux fermés sonnent une octave plus bas, le « 8' » de cette catégorie ne mesure que 1,30 m. Elle est encore plus arbitraire dans le cas du clavecin, qui ne comporte évidemment pas de cordes longues de plusieurs mètres ; c'est par analogie qu'on l'a appliquée aux jeux du clavecin, limitée toutefois à 4, 8 et 16 pieds.

2. Par ailleurs, on appelle « pied » le bas d'un tuyau d'orgue et celui d'une harpe, ainsi que le tuyau mélodique de la cabrette (par opposition aux bourdons à sons fixes).