Danco (Suzanne)
Soprano belge (Bruxelles 1911 – Fiesole, Italie, 2000).
Elle a fait ses débuts à Gênes en 1941 dans le rôle de Fiordiligi (Cosi fan tutte) de Mozart. Elle a beaucoup chanté en Italie où elle créa Wozzeck de Berg (San Carlo de Naples, 1943) et en Angleterre. Son répertoire de théâtre était extrêmement divers, allant de Mozart à Puccini en passant par Berlioz et Debussy. Suzanne Danco possédait une voix de soprano lyrique, longue, agile et d'une homogénéité exemplaire. Ses interprétations témoignaient d'un grand raffinement musical.
Dandelot (Georges)
Compositeur et pédagogue français (Paris 1895 – Saint-Georges-de-Didonne, Charente-Maritime, 1975).
Au Conservatoire de Paris, il fut l'élève, notamment, de Roussel et de Dukas pour la composition. Après la Première Guerre mondiale, il se consacra à l'enseignement, d'abord à l'École normale de musique (à partir de 1919), puis au Conservatoire, où il fut nommé professeur d'harmonie en 1943. Il ne négligea pas pour autant la composition et écrivit des œuvres lyriques, de la musique de chambre, de la musique instrumentale, des oratorios et de charmants ballets conçus pour les enfants. Son écriture, influencée par celle de ses maîtres, mais aussi par celle de Debussy, témoigne de grandes qualités mélodiques. Elle est souvent délicate, mais sait aussi traduire un lyrisme ardent. L'oratorio Pax (1937) est un des rares cris de protestation contre la guerre qui aient été émis par les compositeurs de sa génération. Dandelot a écrit des ouvrages didactiques de solfège et d'harmonie, qui demeurent très employés de nos jours ; il a d'autre part édité les œuvres de musique baroque.
Danemark
Le Danemark est situé à la charnière des civilisations scandinaves et germaniques. Il a su, toutefois, conserver une expression artistique originale, qui atteignit son apogée à l'aube du XXe siècle.
La musique populaire
Les ballades les plus anciennes semblent remonter aux années 1200. Ce sont des œuvres anonymes, dues à la plume de poètes-musiciens, qui utilisent largement les caractéristiques de la musique religieuse française, que ces auteurs ont pu connaître lors de leurs études à Paris. Il nous reste aujourd'hui, outre la tradition vivante des îles Féroé, de nombreux textes parmi lesquels Udvalgte danske Viser fra Middelalderen (5 vol., 1814), Danmarks gamle Folkeviser (11 vol., 1935-1959) et les travaux de Thomas Laub : Studier over vore Folkemelodiers Oprindelse og musikalske Bygning (1892-1894).
La musique ancienne, des origines au XVIIIe siècle
Vieux de près de 3 000 ans, les lurs de bronze, retrouvés dans les tourbières des îles, témoignent de l'existence d'une très ancienne vie musicale qui se prolonge, non sans modifications, jusqu'à l'époque des sagas, vers l'an 1000. Les lurs représentent une tradition commune aux pays scandinaves qui apparaît également dans la poésie ancienne d'Islande, l'Edda, et qui fera figure de symbole dans la renaissance nationale romantique. Outre les lurs, les premiers instruments sont la harpe et la rotta, sorte de cithare. Le premier texte musical qui nous soit parvenu est une copie du Codex runicus de la fin du XIIIe siècle, qui contient la loi scanique. La musique laïque est diffusée par les lekare ambulants, équivalents des troubadours, mais ce n'est qu'à partir du XVIe siècle que se développe une vie musicale organisée, avec la création à la cour royale des kantorer et d'un ensemble de cuivres auquel il semble que Frédéric II ait adjoint, après 1559, des instruments à cordes. Malheureusement, l'incendie de Christianborg en 1794 fait disparaître les archives royales et notamment la collection Nils Schivering qui comprend des œuvres de Jørgen Preston, Franciscus Marcellus, Henissen, Melchior Borchgrevinck et Adrien Petit. La vie musicale est alors soumise à de nombreuses influences étrangères. Après le règne du style franco-flamand sous Christian IV (1588-1648), les compositeurs danois Mogens Pedersøn (v. 1580-1623) et Hans Nielsen (v. 1585-apr. 1626) se tournent vers Venise et cultivent le madrigal. De 1600 à 1609, John Dowland est attaché à la Cour, et, si la France est représentée par les violonistes Pascal Bence, Jacques Foucard, Gaspard Besson et François Francœur, si l'Italie délègue ses plus célèbres chanteurs, c'est l'Allemagne qui fournit les principaux compositeurs : Heinrich Schütz (1585-1672), puis, au début du XVIIIe siècle, Reinhard Keiser (1674-1739) et Johann A. Scheibe (1708-1776). Parallèlement au développement de l'opéra italien, le Danemark tient un rôle essentiel dans la supériorité de l'école d'orgue de l'Europe du Nord avec Caspar Förster (v. 1574-1652), Christian Geist († 1711), Nikolaus Bruhns (1665-1697), Lorentz Schrøder († av. 1647), Theodoricus Sistinus, Thomas Schattenberg, Bertholius (tous trois v. 1600) et surtout Diederik Buxtehude (v. 1637-1707), que l'on surnommait à Lübeck der grosse Däne (« le grand Danois »). Du règne du roi piétiste Christian VI (1730-1746) date l'âge d'or des passions, mais, avec l'avènement de Frédéric V, en 1746, l'opéra reprend ses droits.
Le classicisme et le national-romantisme
La révolution de cour de 1772 correspond avec le début de la grande évolution culturelle et nationale qui s'étend sur près de cent ans. Le danois devient langue nationale et la loi sur l'indigénat est votée en 1776. Jusqu'en 1830 se déroule la période classique de la musique danoise ; Johann A. P. Schultz (1747-1800), Friedrich L. . Kunzen (1761-1817), Claus Schall (1757-1835), Édouard du Puy (1770/71-1822), Christoph E. F. Weyse (1774-1832), Frederik Kuhlau (1786-1832) et Johannes F. Frøhlich (1806-1860) préparent l'introduction des nouvelles idées qui trouvent en Johann P. E. Hartmann (1805-1900), Henrik Rung (1807-1871), Niels W. Gade (1817-1890), Peter Heise (1830-1879), Christian F. E. Horneman (1840-1906) et Peter E. Lange-Müller (1850-1926) les hommes capables non seulement de les défendre mais d'attirer les regards de l'Europe sur la musique danoise. Tandis que le théâtre d'Adam Oehlenschläger et les romans de B. S. Ingemann font revivre les mythologies nordiques, le romantisme musical danois est aussi marqué par le succès des mélodies de Lange-Müller, Rung et, surtout, du plus danois de tous les compositeurs, Heise. À la scène, outre les derniers cités, Gade, Hartmann, Frøhlich, Joseph Gläser (1835-1891) et Holger S. Paulli (1810-1891) triomphent, tandis que Tivoli résonne des airs de valse et de polka de Hans C. Lumbye (1810-1874) et qu'August Bournonville (1805-1879) non seulement entreprend de créer une remarquable école de ballet, mais suscite de très nombreuses compositions, notamment de Frøhlich, Herman S. Løvenskjold (1815-1870) et Paulli.
De l'époque postromantique au XIXe siècle
Un art national est né et s'est épanoui au Danemark, mais l'affrontement des styles entre Gade et Horneman voit le succès du premier, et en même temps de l'école de Leipzig, et du style de Mendelssohn sur l'idéal romantique. Ainsi, à l'inverse de ce qui se passe dans le reste de l'Europe, le Danemark reste, sans y pénétrer, à la limite des mouvements néoromantiques et impressionnistes. Ce délicat équilibre va être le point de départ de l'œuvre de Carl Nielsen (1865-1931), qui apparaît donc comme original et unique. Nielsen est un classique qui se permet les plus grandes audaces. Jusqu'en 1950, sa haute stature domine la vie musicale de son pays, mais sans toutefois l'écraser, et seule, peut-être, compte pour ses contemporains et successeurs immédiats la valeur de son attitude d'indépendance. Parmi eux, ceux qu'on peut considérer comme ses héritiers ont pour nom Thomas Laub (1852-1927), Thorvald Aagaard (1877-1937), Oluf Ring (1884-1946), Otto Mortensen (1907-1986) et Knud Jeppesen (1892-1974). À leurs côtés il faut signaler Rued Langaard (1893-1952), seul représentant du mouvement postromantique, que l'on redécouvre ces dernières années. Poul Schierbeck (1888-1949), Knudåge Riisager (1897-1974), Svend Erik Tarp (1908-1994), Jens Bjerre (1903-1986), Jørgen Jersild (1913), Flemming Weis (1898-1981), Herman D. Koppel (1908) et Svend S. Schultz (1913) ont tous, plus ou moins, subi l'attrait de la musique française.
Entre les deux guerres, de nouvelles influences apparaissent ; ainsi Jørgen Bentzon (1897-1951), Finn Høffding (1899) et Erling Brene (1896) sont-ils sensibles à l'esthétique de Hindemith, tandis que le Danemark s'ouvre de nouveau aux influences étrangères et notamment à celles de Stravinski, Bartók, du groupe des Six, de Roussel et de Honegger. Cette période de transition est dominée par Vagn Holmboe (1909), qui introduit la technique sibélienne de la métamorphose. Avec lui se perpétue l'école symphonique danoise, représentée par Ebbe Hamerik (1898-1951), Franz Syberg (1904-1955), Leif Kayser (1919) et Svend Schultz. À leurs côtés, signalons l'éclectique Niels-Viggo Bentzon (1919), qui poursuit une démarche parfaitement indépendante, Svend Westergaard (1922), Leif Thybo (1922) et Ole Schmidt (1928).