Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
S

service

Par ce terme, il faut entendre plusieurs types de musique liturgique, propres aux cultes anglican et judaïque. Aux XVIe et XVIIe siècles, le service est destiné à accompagner l'office dominical de l'Église anglicane, nouvellement née. Tallis, Byrd (qui, bien qu'il fût catholique, écrivit plusieurs « services » pour la chapelle de la reine Élisabeth Ire, dans le style polyphonique traditionnel de la Renaissance), puis Purcell s'illustreront dans ce répertoire, qui, en fait, correspond à la liturgie de la messe latine, et, par définition, se prête moins aux audaces de langage et aventures harmoniques que le motet. De la même manière, de nombreux musiciens de religion juive ont, à la suite du Mantouan Salamone Rossi, contemporain de Monteverdi, cherché à rehausser le culte synagogal de musiques et chants spécifiques, qualifiés eux aussi de « services ». Et c'est ainsi qu'au XXe siècle des compositeurs aussi célèbres que Ernest Bloch et Darius Milhaud, s'inspirant de la tradition ancestrale, ici ashkénaze, là sépharade, ont enrichi le patrimoine musical de leur race de « services sacrés », qui marient la solennité à l'intensité du sentiment spirituel.

Sessions (Roger)

Compositeur et pédagogue américain (Brooklyn 1896 – Princeton, New Jersey, 1985).

Il fut l'élève d'Horatio Parker à Yale University, puis de Nadia Boulanger et d'Ernest Bloch dont, après avoir enseigné à Smith College depuis 1917, il devait devenir l'assistant à Cleveland (1921). Il débuta en 1923 par une musique de scène pour The Black Maskers d'Andriev, dont la puissance dramatique s'exprimait dans une langue originale, en dépit des influences avouées d'Ernest Bloch et de Stravinski.

   Il passa ensuite en Europe huit années (1925-1933), au cours desquelles il s'intéressa spécialement à Schönberg et à Alban Berg, mais aussi à Richard Strauss et à Hindemith. Le résultat fut une synthèse de ces différents éléments, dont aucun n'est déterminant, mais dont chacun a contribué à l'essor d'une personnalité scrupuleuse et à sa libre expression. Prix de Rome en 1928, il présenta à New York, de 1928 à 1931, avec Copland, les « Copland-Sessions Concerts ». À son retour définitif aux États-Unis, il devint enseignant au département de Musique de Princeton (1935-1944). Les pages qu'il écrivit alors sont fidèles à une esthétique néoclassique (Pastorale pour flûte solo, Concerto pour violon) qui devait évoluer, à partir de la 2e Symphonie (1946) et de la 2e Sonate pour piano (1946), vers un chromatisme de plus en plus dissonant, caractéristique de sa période atonale. Son opéra The Trial of Lucullus (1947), son second Quatuor et sa 3e Symphonie (1957) marqueront les différentes étapes de son évolution vers un dodécaphonisme employé d'ailleurs librement et dans un esprit proche de celui d'Alban Berg.

   Ses activités de président de la section américaine de la Société internationale de musique contemporaine et de professeur à Berkeley (1944-1952), Princeton (1953-1965), Berkeley (1966-67) et Harvard (1968-69) ne semblent pas avoir nui à une carrière de compositeur qui a suivi une démarche régulière pendant près d'un demi-siècle. Proclamé par les uns chef des compositeurs américains progressistes, et par les autres « le Brahms américain », il a réalisé par des moyens strictement personnels une œuvre d'une puissance et d'une saveur remarquables sur laquelle il a toujours refusé de s'expliquer, mais où il est facile de reconnaître, en marge de sa solide culture classique, l'intelligente assimilation des influences qu'il a su admettre. On lui doit notamment 9 symphonies (de 1927 à 1978).

setar
ou sehtar

Luth à manche long.

Apparenté au tanbur ou tunbur de l'islam médiéval, le setar ou sehtar est un luth à manche long utilisé dans les musiques traditionnelles savantes de l'Iran et des pays limitrophes situés au nord et à l'est de l'Iran, soit la Transcaucasie, l'Afghanistan et l'Asie centrale. La caisse et la table sont généralement en bois de mûrier. La touche du long manche est garnie de vingt-cinq frettes ajustables au mode joué et correspondant sur chaque rang à une octave et une quinte. Le setar est pourvu de quatre cordes accordées du grave à l'aigu en fonction de l'octave, de la quinte et de la quarte. Les rangs sont pincés à l'aide d'un plectre.

Séverac (Déodatde)

Compositeur français (Saint-Félix-de-Caraman 1872 – Céret 1921).

Né dans un village du Lauraguais, fils d'un peintre de talent qui lui a transmis son attachement au terroir, il commence ses études musicales à Toulouse et les poursuit, de 1897 à 1907, à la Schola cantorum de Paris, où il est l'élève de Vincent d'Indy, de Charles Bordes et d'Albéric Magnard. Sa thèse de fin d'études, la Centralisation et les Petites Chapelles, plaide la cause d'un art national, fidèle au génie propre des diverses provinces. Cette cause, une de ses premières œuvres, le recueil pour piano le Chant de la Terre (1900), l'avait déjà illustrée, dans un langage coloré et vivant. La saveur originale et la luminosité du talent du musicien s'affirment avec plus de vigueur encore dans la suite En Languedoc, dans les Baigneuses au soleil, dans Cerdana, œuvres composées entre 1904 et 1911. Agrémentée de mordants et d'appoggiatures, l'écriture brillante et audacieuse de ces pages pianistiques a séduit, à juste titre, des virtuoses tels que Ricardo Viñès et Blanche Selva. Mieux que dans son poème lyrique le Cœur du moulin (1908), c'est dans ses pièces pour piano que Déodat de Séverac traduit avec une sincérité touchante, et une poésie familière qui lui est propre, l'amour qu'il porte aux hommes et au paysage de chez lui.

   Revenu dans son pays, où il trouve sa voie et son équilibre, et où le réchauffent le soleil et l'amitié, Déodat de Séverac dédie en 1918, " à la mémoire des maîtres aimés Chabrier, Albéniz et Charles Bordes ", sa suite pour piano Sous les lauriers roses.

sextolet

Groupe de six notes égales exécutées pendant la durée d'un temps.

sextuor

Composition musicale pour six voix ou instruments, et la formation vocale ou instrumentale qui l'exécute.

Le sextuor à cordes classique (Boccherini, sextuors op. 18 et op. 36 de Brahms), se compose de deux violons, deux altos et deux violoncelles, et le sextuor à vents (Haydn, Mozart, op. 71 de Beethoven) de deux hautbois, deux bassons et deux cors, mais bien d'autres combinaisons sont possibles, y compris les formations mixtes, couramment pratiquées par les compositeurs modernes.