Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Chapí y Lorente (Ruperto)

Compositeur espagnol (Villena, province d'Alicante, 1851 – Madrid 1909).

Élève de son père, musicien amateur, il joua du fifre, dès l'âge de dix ans, dans une harmonie locale dont il fut chef de musique durant son adolescence et pour laquelle il composa diverses œuvrettes. En 1867, il partit à Madrid travailler avec E. Arrieta. En 1874, il fut nommé chef de musique d'un régiment d'artillerie. La même année, lauréat du conservatoire de Madrid, il fut envoyé à Rome où il étudia les anciens polyphonistes espagnols et écrivit ses premiers opéras. De retour en Espagne en 1878, il ne tarda pas à devenir, grâce à ses ouvrages lyriques, un des compositeurs les plus populaires du pays. Fondateur de la Société des auteurs espagnole (1893), il fut, avec Bretón et Chueca, l'un des premiers maîtres de Manuel de Falla.

   Son œuvre comprend des partitions assez conventionnelles de musique symphonique et de musique de chambre, quelques opéras et surtout 155 zarzuelas, dont les plus célèbres sont La Tempestad (1882), La Bruja (1887) et La Revoltosa (1897). Tout en témoignant d'une qualité d'écriture suffisante pour faire penser tantôt à Puccini, tantôt à Messager, les zarzuelas de Chapí ont donné à cette forme sa portée universelle, en fixant le sentiment national et la langue qui le traduit, dans un refus de l'italianisme. Ce sont les chefs-d'œuvre du genre.

Chaporine (Youri Alexandrovitch)

Compositeur soviétique (Gloukhov, province de Tchernigov, 1887 – Moscou 1966).

Venu assez tard à la musique, il fit des études d'histoire, de philologie et de droit avant de suivre les cours du conservatoire de Saint-Pétersbourg (1913-1918). Directeur de la musique du Grand Théâtre de Leningrad (1919-1928), puis du théâtre Pouchkine (1928-1934), professeur au conservatoire de Moscou à partir de 1939, il devint secrétaire de l'Union des compositeurs en 1952. De 1926 à 1930, il avait présidé, à Leningrad, l'Association de musique contemporaine, qui, jusqu'en 1932, encouragea en U. R. S. S. l'art d'avant-garde et fit connaître, par exemple, Pierrot lunaire de Schönberg, Wozzeck de Berg ou la musique de chambre moderne (concerts du quatuor Amar avec Hindemith à l'alto). Mais Chaporine s'inspira essentiellement de la musique russe du XIXe siècle ­ de Borodine dans sa façon de traiter les masses chorales, de Tchaïkovski et de Rachmaninov pour l'invention mélodique ­ ainsi que du chant populaire. Il cultiva surtout la musique vocale, et son langage, dans la cantate Sur le champ de Koulikovo (1938) ou l'oratorio le Dit de la bataille pour la terre russe(1944), demeure très traditionnel, non sans références explicites au « réalisme socialiste ». Son œuvre la plus célèbre est l'opéra les Décembristes, d'après Tolstoï (composé entre 1930 et 1950).

Chappell & co

Maison d'édition anglaise, fondée, à Londres, en 1810, par Samuel Chappell, J. B. Cramer et Fr. T. Latour.

La firme fut ensuite dirigée par William Chappell (1809-1888), Thomas Chappell (1819-1902) et Samuel Arthur Chappell (1834-1904). Outre la musique classique, les éditions ont notamment publié des recueils de musique de variétés anglaise, des opéras et des opérettes (comédies musicales).

Chapuis (Michel)

Organiste français (Dole 1930).

Élève d'Édouard Souberbielle et de Marcel Dupré, au Conservatoire de Paris, il a effectué des recherches musicologiques sur les œuvres, les conditions d'exécution et d'ornementation, et l'esthétique des maîtres classiques français et des orgues baroques allemands. C'est ainsi que, sous son impulsion, s'est développée en France une nouvelle école d'interprétation de la musique ancienne pour orgue, et que s'est manifesté un mouvement de regain d'intérêt en faveur de l'orgue des XVIIe et XVIIIe siècles français et allemand, auprès des jeunes facteurs d'instruments. Ses enregistrements discographiques de Grigny, de Couperin, de Buxtehude et de Bach ont fait référence en la matière. Organiste titulaire à Saint-Séverin de Paris, depuis 1964, expert en facture d'orgues et professeur (il a enseigné au conservatoire de Strasbourg), il fait une carrière internationale et participe à de nombreux cours et académies consacrés à l'orgue ancien.

charivari

1. Concert fait de bruits volontairement discordants, obtenus au moyen d'ustensiles divers, ou de huées. Le charivari est donné en signe de désapprobation ou comme sérénade à des jeunes mariés.

2. Chanson improvisée par des marins occupés à faire un travail de force, pour se donner du courage, et dans laquelle le « meneur » de la chanson pouvait railler les supérieurs. En 1826, la Marine d'État interdit la pratique du charivari sur ses navires.

charleston

Danse américaine rapide, voisine du fox-trot, qui doit son nom à la ville de Caroline du Sud où elle était dansée par les Noirs.

Elle fut utilisée pour la première fois dans les revues de Cecil Mack et de Jimmy Johnson (1922), avant d'être remarquée par certains compositeurs américains comme Copland et Gershwin (séquence terminale d'Un Américain à Paris). Entre 1925 et 1930, elle a connu, en Amérique et en Europe, une très grande vogue, mais sa popularité a très vite décliné. Elle comporte habituellement deux pas sur chaque pied, l'autre étant lancé en arrière.

Charlier (Olivier)

Violoniste français (Albert 1961).

En 1975, il obtient un 1er Prix de violon au Conservatoire de Paris et travaille ensuite avec Jean Hubeau, Yehudi Menuhin et Pierre Doukan. Lauréat de cinq concours internationaux (2e Prix Long-Thibaud, Grand Prix Rainier de Monaco), il remporte aux États-Unis les Young Concert Artists International Auditions en 1989. En 1991, il reçoit le Prix Nadia et Lili Boulanger. Toutes ces distinctions lui valent d'être invité à jouer avec de grands orchestres et à se produire sur les grandes scènes dans le monde. Il joue régulièrement avec la pianiste Brigitte Engerer.

Charpentier (Gustave)

Compositeur français (Dieuze, Lorraine, 1860 – Paris 1956).

Après la défaite de 1871, ses parents se fixèrent à Tourcoing et c'est dans cette ville que Gustave Charpentier prit ses premières leçons de violon et de clarinette. Employé à quinze ans dans une filature, il organisa une « société de sérénades » en collaboration avec son patron, Albert Lorthiois. Celui-ci, frappé par les qualités musicales de son jeune comptable, l'envoya au conservatoire de Lille. Un prix de violon et un prix d'harmonie lui valurent une bourse de la municipalité de Tourcoing, qui lui permit de se rendre à Paris (1881). Élève de Massard (violon), de Pessard (harmonie) et de Massenet (composition), il obtint, en 1887, le premier grand prix de Rome avec sa cantate Didon, qui connut un grand succès aux Concerts Colonne. Pensionnaire de la villa Médicis, il voyagea dans toute l'Italie et composa successivement Impressions d'Italie, qui devait triompher en 1891 aux Concerts Lamoureux, la Vie du poète, symphonie – drame pour solistes, chœur et orchestre, créée au Conservatoire en 1892, et le premier acte de Louise.

   De retour à Paris, il s'installa dans une chambre à Montmartre et s'intégra dans l'atmosphère si vivante de la Butte, dont il subit toujours l'heureuse influence. C'est dans la rue qu'il donna ses premiers concerts publics. Cela commença par de simples défilés chantants, puis, souvenir de Tourcoing, par des sérénades. Enfin, il présenta le 24 juillet 1898, sur la place de l'Hôtel de Ville, le Couronnement de la muse, qui eut un grand retentissement populaire et que l'on devait en partie retrouver dans le troisième acte de Louise. À cette époque, il fonda le Conservatoire de Mimi Pinson, dont le but était d'offrir des places de théâtre aux jeunes ouvrières parisiennes. Mais dès 1902, il y fit donner gratuitement des cours de musique et de danse, en vue de réaliser par la suite un « théâtre du peuple », qui ne vit d'ailleurs jamais le jour.

   Louise, son roman musical et son œuvre maîtresse, fut créée en février 1900 avec un rare succès, qui devait se prolonger jusqu'à nos jours. Ce succès établit sa réputation, et après avoir simplement annoncé un second ouvrage et une trilogie musicale, il fut élu à l'Institut, en 1912, au fauteuil de Massenet. La trilogie musicale ne fut jamais composée. Quant à Julien, créé en 1913, il se révéla n'être que le développement sur la scène de la Vie du poète. Julien est une œuvre hybride et un peu maladroite, mais qui n'en contient pas moins des pages d'une grande beauté. Par la suite, le compositeur voyagea beaucoup à travers l'Europe, mais ne composa pratiquement plus.

   Sensible, sincère et naturellement bohème, Gustave Charpentier se passionna pour la nature, l'existence des gens simples, les réactions populaires. Il rechercha le lyrisme caché dans les humbles destinées et n'hésita pas, en particulier dans Louise et dans Julien, à mettre en musique une mansarde, une ménagère à son fourneau, un ouvrier dans son foyer. On a voulu le classer parmi les musiciens réalistes ou naturalistes ; il le fut moins en tout cas qu'un Alfred Bruneau, et sut toujours apporter une émouvante note romantique aux scènes les plus prosaïques de la vie moderne. Sans cesse soucieux de généreuses préoccupations sociales, il a très peu écrit, n'a jamais songé à entreprendre une œuvre de musique pure. Mais il a organisé partout des fêtes démocratiques et il a, avec sa Louise, merveilleusement développé la chanson du cœur de Paris.