Münch (Charles)
Chef d'orchestre et violoniste français (Strasbourg 1891 – Richmond, Virginie, 1968).
Fils de l'organiste et chef de chœur alsacien Ernst Münch, il étudia le violon au conservatoire de Strasbourg et vint se perfectionner à Paris avec Lucien Capet (1912) ; plus tard il prendra des leçons avec le célèbre violoniste Carl Flesh, à Berlin. En tant qu'Alsacien, il ne devint citoyen français qu'en 1918. Professeur de violon au conservatoire de Strasbourg (1919), il fut chef assistant de l'orchestre municipal de cette ville (1919-1926), puis du Gewandhaus de Leipzig, secondant ainsi Wilhelm Furtwängler (1926-1933). Il débuta à Paris avec l'orchestre Straram (1932), et dirigea ensuite les orchestres Lamoureux et Straram ainsi que les concerts Siohan, puis créa son propre orchestre à Paris, l'Orchestre de la société philharmonique (1935-1938). Nommé directeur de la Société philharmonique de Paris (1935), puis de la Société des concerts du Conservatoire (1937), il poursuivit durant les quinze années où il résida à Paris une politique d'innovation, introduisant dans les programmes de plus en plus d'œuvres françaises contemporaines.
Après de nombreuses tournées en Europe, il débuta aux États-Unis avec le Boston Symphony Orchestra (1946), dont il devint le chef permanent à partir de 1948, succédant à Koussevitski. Il poursuivit la politique de Pierre Monteux dans les années vingt, qui consistait à faire du Boston Symphony Orchestra l'agent principal de propagande en faveur de la nouvelle musique française auprès du public américain. Il démissionna en 1962 pour revenir à Paris, et fut le premier directeur de l'Orchestre de Paris (1967), avec lequel il était en tournée aux États-Unis lorsqu'il mourut. Né Allemand, mort Français, Charles Munch était déchiré entre ses deux patries. Il fut un personnage à la fois bouillant, brillant et tourmenté, doté d'un sens de l'ampleur et de l'architecture sonores peu commun, mais aussi d'une subtilité d'oreille, d'une connaissance des timbres et de leurs chatoiements qui firent de lui l'un des plus grands chefs de notre temps.
Münchinger (Karl)
Chef d'orchestre allemand (Stuttgart 1915 – id. 1990).
Il fit ses études musicales à l'École supérieure de musique de Stuttgart et au conservatoire de Leipzig. Après avoir été organiste et maître de chœur à Stuttgart, il fut nommé chef de l'Orchestre symphonique de Hanovre (1941-1943). Aussitôt après la Seconde Guerre mondiale, il fonda l'Orchestre de chambre de Stuttgart, l'un des plus célèbres de notre temps, et avec lequel il acquit rapidement une réputation internationale. Ceci grâce aussi bien à de nombreuses tournées qu'à des enregistrements d'œuvres alors peu connues de Bach, Vivaldi, Haydn, Mozart. Pour renforcer son orchestre de chambre dans les grandes œuvres du répertoire, il créa en 1966 la Stuttgarter Klassische Philharmonie. L'élégance et la sobriété de sa direction sont célèbres dans le monde entier.
Munclinger (Milan)
Chef d'orchestre et flûtiste tchèque (Kosice 1923 – Prague 1986).
Il suit les cours de V. Talich au conservatoire de Prague et étudie également à l'université. Il a fondé en 1951 l'ensemble de chambre Ars rediviva de Prague, spécialisé dans l'interprétation de la musique baroque.
Munich
Capitale de la Bavière, Munich connut, à partir du milieu du XVe siècle, une floraison des arts et des sciences, et une intense activité musicale.
L'un des premiers musiciens répertoriés fut Konrad Paumann, organiste de la cour. Parmi les maîtres de chapelle de la cour figuraient au XVIe siècle L. Senfl et L. Daser. Roland de Lassus, qui entra comme chantre à la chapelle du duc Albert V, en 1557, fut nommé maître de chapelle en 1563 et exerça cette fonction jusqu'à sa mort. Grâce à lui, Munich devint un centre musical d'importance européenne ; Andrea et Giovanni Gabrieli y séjournèrent. Mais le grand essor de la musique religieuse coïncide avec l'inauguration de l'église jésuite Saint-Michel à la fin du XVIIe siècle. Il existait déjà à Munich un théâtre jésuite, qui avait fait représenter des drames bibliques, Esther (1567), Samson (1568), et qui joua un rôle important durant deux siècles.
En 1653, l'Opéra de cour italien fut inauguré ; on y joua des œuvres de Kerll, de Bernabei, de Steffani. La musique religieuse à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle était représentée principalement par Franz Xaver Murschhauser, qui fut directeur de la musique (regens chori) à la Frauenkirche. Un nouveau théâtre apparut en 1753, le Residenztheater, construit par Cuvillé, l'un des maîtres du style rococo. Là furent créés La Finta Giardiniera et Idoménée de Mozart (1775, 1781).
En 1778, le Kurfurst de Mannheim, Karl Theodor, transfère son orchestre à Munich, amenant avec lui des musiciens comme Cannabich, Toeschi et Fränzl. Parmi les étrangers de passage à Munich au XVIIIe siècle, il faut citer le Français Loeillet, les Italiens Porta, Ferrandini, Traetta, Sacchini. L'inauguration de la Nationalschaubühne (1778) allait marquer le début du règne du singspiel allemand, au détriment de l'opéra italien. À la fin du XVIIIe siècle, Cannabich créa et dirigea les Concerts d'amateurs de l'orchestre de la cour, ouverts au public citadin.
Deux théâtres s'ouvrirent au début du XIXe siècle : le théâtre Am Isartor (1812) et le Hofund Nationaltheater (1818), devenu plus tard le Bayerisches Staatstheater. Ce fut grâce à l'initiative de Lachner à partir de 1836 que l'opéra allemand s'imposa définitivement au répertoire munichois avec des œuvres de Spohr, Marschner, Lortzing. Mais c'était surtout en devenant, dans la seconde moitié du siècle, la principale ville wagnérienne (avant la construction du théâtre de Bayreuth) que Munich se trouva être l'un des grands centres musicaux de l'Occident. Louis II de Bavière voulait faire construire à Munich un théâtre spécialement réservé à Wagner, projet qui n'aboutit pas. Mais c'était à Munich, au théâtre de la Cour que furent créés Tristan et Isolde (1865), les Maîtres chanteurs de Nuremberg (1868), l'Or du Rhin (1869) et la Walkyrie (1870). Un rôle important dans la vie musicale munichoise fut joué par Hans de Bülow, qui réforma considérablement l'enseignement à l'École royale de musique. Un autre grand compositeur allemand dont le nom est lié à Munich est Richard Strauss, qui y fut chef d'orchestre (1886-1889) et qui y fit par la suite représenter ses opéras Friedenstag (1938) et Capriccio (1942). Il faut citer encore les noms de Max Reger, Felix Mottl, Hans Pfitzner, dont l'opéra Palestrina fut créé à Munich en 1917.
La musique symphonique a connu un grand développement avec la fondation du Kaimorchester en 1893, devenu en 1924 l'Orchestre philharmonique de Munich. En 1949, l'Orchestre symphonique de la radio bavaroise est créé par Eugen Jochum.
L'Opéra d'État de Bavière, bombardé en 1943, rouvert après reconstruction en 1963, a vu se succéder une pléiade de chefs d'orchestre de renommée mondiale : B. Walter, F. Leitner, G. Solti, F. Fricsay, R. Kempe, W. Sawallisch (1971-1992), Peter Schneider (depuis 1993). Parmi les représentants de la musique allemande du XXe siècle, il ne faut pas omettre Karl Orff fit à Munich la quasi-totalité de sa carrière musicale.
Dans le domaine de l'enseignement musical, les principales institutions sont la Musikhochschule, descendante de l'École royale de musique, le conservatoire Richard-Strauss et la section de musicologie de l'université. D'importantes recherches musicologiques sont faites sur la musique médiévale, dans l'interprétation de laquelle s'est rendue célèbre la Capella antiqua de Munich, dirigée par Konrad Ruhland. Le principal organisme musicologique est la Gesellschaft für Bayerische Musikgeschichte, fondée en 1958.