Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Della Casa (Lisa)

Soprano suisse (Burgdorf, canton de Berne, 1919).

Après avoir étudié le chant à Zurich, elle débuta en 1941 à Solothurn-Biel dans le rôle principal de Madame Butterfly de Puccini. En 1947, elle chanta au festival de Salzbourg le rôle de Zdenka dans Arabella de Richard Strauss, ouvrage où elle ne tarda pas à s'illustrer dans le rôle d'Arabella elle-même. En 1947 également, elle devint membre de la troupe de l'Opéra de Vienne, à laquelle elle demeura attachée de longues années, tout en poursuivant une carrière internationale. Soprano lyrique au timbre d'une rare beauté, Lisa Della Casa joignait à une superbe technique, tant dans le cantabile que dans la coloratura, de merveilleux dons d'actrice. Elle demeure célèbre essentiellement comme interprète de Mozart (Donna Elvire dans Don Juan, la Comtesse dans les Noces de Figaro) et de Richard Strauss (la Maréchale dans le Chevalier à la rose et Arabella).

Della Corte (Andrea)

Musicologue et critique italien (Naples 1883 – Turin 1968).

Autodidacte, il fut professeur d'histoire de la musique au conservatoire Verdi de Turin à partir de 1926 et à l'université de la même ville à partir de 1939. Critique à La Stampa de 1919 à 1967, mais aussi historien et esthéticien, il est considéré comme un pionnier de la musicologie italienne et écrivit de nombreux ouvrages consacrés au théâtre lyrique italien des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Il s'intéressa d'autre part aux problèmes de la critique contemporaine, à ceux de l'interprétation ou encore à la pédagogie de la composition. Il publia un grand nombre d'articles dans la Rassegna musicale de G. M. Gatti et dans la Rivista musicale italiana.

Principaux écrits : Antologia della storia della musica (2 vol., Turin, 1927-1929 ; 4e éd., 1945) ; Satire e grotteschi di musica e di musicisti d'ogni tempo (Turin, 1947) ; Disegno storico dell'Arte musicale (Turin, 1950) ; L'Interpretazione musicale e gli interpreti (Turin, 1951) ; Drammi per musica dal Rinuccini allo Zeno (2 vol., Turin, 1958). Ses monographies concernent Alfano, Bellini (en collaboration avec Pannain), Galuppi, Gluck, Goethe, Mozart (2 ouvrages, dont un en collaboration avec Barblan), Paisiello, Pergolèse, Piccinni, Salieri, Serato, Verdi. Il collabora en outre avec G. M. Gatti pour le Dizionario di musica (Turin, 1925 ; 6e éd., 1959) et avec G. Pannain pour la Storia della musica (2 vol., Turin, 1952 ; 4e éd. en 3 vol., 1964).

Deller (Alfred George)

Contre-ténor et chef d'orchestre anglais (Margate, Kent, 1912 – Bologne, Italie, 1979).

Il appartint à un chœur d'église de sa ville natale, travailla en autodidacte la voix d'alto mâle (contre-ténor), fit partie des chœurs de la cathédrale de Canterbury (1940-1947), puis de ceux de Saint-Paul à Londres, tout en commençant une carrière de soliste (ses premiers disques datent de 1949). En 1950, il constitua un groupe de chanteurs, généralement accompagné d'instrumentistes, le Deller Consort, dont il fut le chef et l'animateur, et dont le but était de faire connaître l'art du madrigal anglais et la musique de l'époque élisabéthaine. L'extension du répertoire du Deller Consort amena plus tard Alfred Deller à une véritable activité de chef d'orchestre, par exemple dans des œuvres lyriques de Purcell ou de Haendel. Parallèlement à sa carrière de chanteur, Deller se consacra à la pédagogie, en particulier en France lors de stages à l'abbaye de Sénanque en Provence.

   Oubliée pendant un siècle et demi, parfois même méprisée, la voix de contre-ténor avait seulement survécu à l'état latent dans l'exécution de la musique religieuse en Angleterre, et n'était plus défendue et illustrée que par des personnalités très isolées comme le chanteur américain Russell Oberlin. Alfred Deller a été le chef de file d'une nouvelle école d'interprètes qui retrouvent et cultivent cette voix. Mais parmi les contre-ténors apparus durant ces dernières décennies, la voix d'Alfred Deller possédait une couleur très particulière, une pureté cristalline que nul n'a, à ce jour, égalée. L'art de Deller était caractérisé par un sens du style, une musicalité et un goût parfaits. Il a donné des interprétations que l'on peut qualifier d'idéales de la musique anglaise d'époque élisabéthaine, par exemple des ayres de John Dowland. Grâce à sa technique, Deller a pu aussi tenter, dans des œuvres comme Sosarme de Haendel, de ressusciter sinon le timbre des castrats, assez différent de celui des contre-ténors, du moins leur virtuosité et leur art de l'expression. La voix de Deller était de celles qui peuvent inspirer des compositeurs : Britten écrivit pour lui le rôle d'Obéron dans le Songe d'une nuit d'été (1960).

   L'un des enfants d'Alfred Deller, Mark, s'est à son tour forgé une voix de contre-ténor et assume la responsabilité du Deller Consort depuis la mort de son père.

Dello Joio (Norman)

Compositeur américain (New York 1913).

Son père, italien de naissance, était organiste, et il le devint lui-même à quatorze ans. Il fit ses études à l'Institute of Musical Art de New York (1936), à la Juilliard School (1939-1941), puis, en 1941, avec Hindemith, qui devait le marquer profondément. Prix Pulitzer en 1957 pour Meditations on the Ecclesiastes pour orchestre à cordes, il a écrit, parmi de nombreuses pages instrumentales et vocales, A Psalm of David pour piano, cuivres, percussion et cordes (1950), et le ballet Héloïse et Abélard (1969). De son opéra consacré à Jeanne d'Arc, The Triumph of Saint Joan, une première version fut retirée après sa création. Le compositeur en tira The Triumph of Saint Joan Symphony (1951). Une seconde version, The Trial at Rouen, fut donnée à la télévision en 1955. Le compositeur en tira, pour la scène, The Triumph of Saint Joan (New York, 1959).

Delmas (Jean François)

Basse française (Lyon 1861 – Saint-Alban-de-Montbel, Savoie, 1933).

Il étudia au Conservatoire de Paris et débuta en 1886 à l'Opéra de Paris dans le rôle de Saint-Bris des Huguenots de Meyerbeer auquel il donna un éclat particulier. Il devait rester dans ce théâtre comme première basse jusqu'en 1911, créant de nombreux ouvrages (dont Thaïs de Massenet). Il fut un des grands chanteurs wagnériens français : ses interprétations de Wotan dans la Tétralogie, de Hans Sachs dans les Maîtres chanteurs, de Gurnemanz dans Parsifal, étaient renommées. Sa voix de basse chantante était longue, ample et dramatique, sa déclamation, superbe, et sa présence scénique, convaincante.