Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Werckmeister (Andreas)

Organiste, compositeur et théoricien allemand (Benneckenstein 1645 – Halberstadt 1706).

Issu d'une famille de musiciens, il devint organiste en plusieurs localités et finalement à Halberstadt (1692), où il demeura jusqu'à sa mort, assurant également l'inspection des orgues de la principauté. Il a laissé quelques compositions pour son instrument, ainsi que pour violon et basse continue. Mais s'il est passé à la postérité, c'est par son œuvre de théoricien, qui fit sa célébrité de son vivant même. Il a publié plus de dix volumes d'écrits qui touchent aux divers domaines de la composition musicale et de l'organologie, et montrent l'étendue de ses connaissances. En matière de composition, il faut mentionner principalement Die nothwendigsten Anmerckungen und Regeln, wie der Bassus continuus oder General-Bass könne tractiren werden (traité de la basse continue, Aschersleben, 1698) et Harmonologia musica (Francfort et Leipzig, 1702, dans lequel il développe une théorie sur le renversement des accords). La plupart de ses autres ouvrages ont trait à la facture d'orgue (Orgel-Probe, Francfort et Leipzig, 1681, réédité et augmenté en Erweiterte und verbessene Orgel-Probe, Francfort et Leipzig, 1698 ; Organum Gruningense redivivum, étude sur l'orgue ancien à partir de l'instrument de Groningen, Quedlinburg et Aschersleben, 1705). Mais le domaine dans lequel Werckmeister exerça la plus grande influence est celui de l'acoustique et de l'accord des instruments à clavier. Pour résoudre les problèmes de division de la gamme en intervalles aussi peu dissemblables que possible, il proposa plusieurs systèmes de tempérament dans son ouvrage Musicalische Temperatur (Francfort et Leipzig, 1686-87), et alla plus loin sur la voie d'un tempérament égal dans Hypomnemata musica (Quedlinburg, 1697). Il est plus que vraisemblable que Bach ait eu connaissance des ouvrages de Werckmeister, au moins par son ami et parent Walther, son collègue à Weimar, qui avait été peu de temps auparavant (1704) l'élève de Werckmeister à Halberstadt. Le Clavier bien tempéré, dont le premier volume a été achevé en 1722, est la démonstration musicale du bien-fondé des théories de Werckmeister, non pas sur un tempérament rigoureusement égal, qui n'était pas encore connu, mais bien, comme l'indique son titre, sur un bon tempérament, permettant à la fois de jouer et de moduler dans tous les tons tout en préservant le caractère individuel propre à chacun des tons.

Werle (Lars Johan)

Compositeur suédois (Gävle 1926 – Göteborg 2001).

Élève de S. E. Bäck, il commence à composer assez tard mais ses débuts sont très remarqués (Pentagram, quatuor à cordes, 1959-60). L'essentiel de son œuvre est destiné à la scène (trois opéras : Drömmen om Thèrese, « Pour une nuit d'amour », 1963-64 ; Resan, « le Voyage », 1968-69 ; Tintomara, 1972 ; de la musique de ballet : Zodiac, 1967 ; de la musique de chambre et instrumentale : Musique d'été 1965 ; Attitudes pour piano, 1955 ; Variété, 1971 ; et des œuvres chorales : Canzone 126 di Francesco Petrarca, 1967 ; Préludes nautiques, 1970). Compositeur d'une remarquable virtuosité d'écriture, Werle utilise souvent la parodie ; c'est le cas notamment dans ses opéras qui se sont imposés hors des frontières de son pays et qui, par bien des côtés, peuvent évoquer à l'auditeur français le monde musical de C. Prey.

Werner (Gregor Joseph)

Compositeur autrichien (Ybbs-sur-le-Danube 1693 – Eisenstadt 1766).

Il fut organiste à Melk de 1715 à 1716 (ou 1721), puis vécut à Vienne, et en 1728, fut engagé comme maître de chapelle des Esterházy à Eisenstadt, poste qu'il devait occuper jusqu'à sa mort avec comme vice-maître de chapelle, à partir de 1761, Joseph Haydn. Durant ses cinq dernières années, Werner n'eut plus en charge que la musique religieuse, Haydn ayant autorité sur tout le reste (musique instrumentale, musique vocale profane, relations avec l'orchestre). Werner se sentit quelque peu dépassé par les événements, et en octobre 1765, dans une pétition au prince, alla jusqu'à se plaindre de ce que par la faute de Haydn, le désordre régnait un peu partout.

   Jusqu'à son dernier jour, il écrivit beaucoup de musique religieuse (a cappella ou dans le style concertant), et de 1729 à 1762, il dirigea tous les vendredis saints un de ses oratorios à Eisenstadt. On lui doit aussi des œuvres instrumentales, parmi lesquelles un curieux Musicalischer Instrumental-Calender (1748). En 1804, Haydn transcrivit pour quatuor à cordes et fit paraître chez Artaria six de ses préludes d'oratorios.

Wert (Giaches de)
ou Jaches de Wert

Compositeur flamand (Anvers 1535 – Mantoue 1596).

Sa vie musicale commence, semble-t-il, à Avellino, près de Naples où, très jeune, il est envoyé pour devenir enfant de chœur chez la marquise della Padulla. En 1561, il se trouve à Parme, une étape importante, puisqu'il s'y instruit auprès de Cipriano de Rore, le père du madrigal dramatique. Ensuite, après un séjour à Milan, Wert s'installe à Mantoue, nommé maître de chapelle de Santa Barbara en même temps que maître de chapelle à la cour du duc Guglielmo Gonzaga. Là, il compose des messes, des motets, des magnificat, un grand nombre de madrigaux (onze livres sont publiés à Venise entre 1558 et 1595), des musiques de circonstance, de fêtes (malheureusement perdues). Monteverdi arrive à Mantoue en 1589 et joue de la viole dans l'orchestre que dirige Wert. Gastoldi compte alors parmi les assistants du maître flamand. À sa mort, Wert est remplacé à la cour de Mantoue non pas par Monteverdi, mais par l'habile Benedetto Pallavicino (que Claudio jugeait tout juste « capable »). Gastoldi est nommé maître de chapelle à Santa-Barbara. Giaches de Wert a sans doute influencé le jeune Monteverdi, notamment dans le domaine de la seconda prattica encore à ses débuts.

   Ensemble ils ont pu apprécier les voix merveilleuses des trois dames de Ferrare qui ont inspiré un bon nombre des madrigaux de Wert dont, par exemple, Vezzosi Augelli, où le compositeur agrémente un texte du Tasse de vocalises melliflues et d'une polyphonie aérée.