Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
V

Voltaire (François Marie Arouet, dit)

Écrivain français (Paris 1694 – id. 1778).

Il écrivit à peu près sur tout, y compris sur la musique. On lui doit aussi un certain nombre de livrets d'opéras-comiques, d'opéras, d'opéras bouffes. Parmi ceux-ci, le livret d'un essai d'opéra biblique en cinq actes écrit pour Rameau, Samson (1732). La censure fit barrage à la représentation de l'œuvre, à cause du sujet religieux que l'on considéra incompatible avec le cadre profane de la scène. Pour Rameau encore, Voltaire écrivit une comédie-ballet, la Princesse de Navarre (1745), et un opéra-ballet, le Temple de la Gloire (1745), destinés à la cour de Versailles (il ne faut pas oublier, dans la « collusion » Voltaire-Rameau, le rôle de la Querelle des bouffons, avec les prises de parti de Jean-Jacques Rousseau contre l'auteur des Indes galantes). Pour le jeune Grétry, qui avait adapté son conte l'Ingénu en opéra-comique, sous le titre du Huron (livret de Marmontel), Voltaire écrivit en 1769 deux livrets d'opera buffa, comprenant des scènes en italien, le Baron d'Otrante (1769) et les Deux Tonneaux (1769). Une bonne partie des tragédies et des comédies de Voltaire furent adaptées en opéras et en opéras-comiques : Zaïre par Mercadante et Bellini, Tancrède par Rossini, Olympe par Spontini, les Cythes par Simon Payr et Mercadante, Sémiramis par Rossini. Enfin, les Romans et Contes les plus connus inspirèrent quelques adaptations musicales (comme, au XXe siècle, un Candide de Marius Constant).

volte

Danse ancienne d'origine provençale, à trois temps, apparentée à la gaillarde, qui fit fureur aux XVIe et XVIIe siècles.

Elle se dansait par couples et, malgré un rythme assez lent, faisait appel à des figures sautées presque acrobatiques.

voluntary

Terme anglais qui désigne une pièce d'orgue jouée avant ou après l'office religieux, mais qui n'en fait pas intégralement partie.

Les premiers voluntaries remontent au début du XVIe siècle ; ce sont de courts morceaux d'orgue construits sur le thème d'une messe donnée. Avec la Réforme, nombre de pièces de Byrd ou de Gibbons intitulées « In nomine », fantaisies ou préludes seront utilisées comme voluntaries malgré leur coupe profane et cela, d'autant plus facilement que les orgues anglaises ne comporteront pas de pédaliers avant les dernières décennies du XVIIIe siècle.

   L'Angleterre purcellienne connaîtra des « middle voluntaries » destinés à être exécutés durant le service religieux ; c'est aussi l'époque où l'emploi du voluntary au théâtre provoque des réactions scandalisées telles que celle du Spectator qui, en mars 1712, critique « les joyeuses fins de tragédies et leurs voluntaries sautillants ». La vague de piété qui suivra le renouveau méthodiste, puis le retour aux sources recherché par l'Église victorienne, redonneront au voluntary toute sa splendeur liturgique.

   Parmi les compositeurs qui se sont illustrés dans ce genre, il faut citer, avec Purcell lui-même, John Stanley, Benjamin Cooke, et surtout les deux Wesley, neveu et petit-neveu du grand réformateur religieux, et organistes prestigieux de l'Angleterre du XIXe siècle.

Vorisek (Jan Vaclav)

Compositeur tchèque (Vamberk, Bohême, 1791 – Vienne 1825).

Il travailla avec son père, maître d'école, organiste et chef de chœur, et devint très jeune virtuose du piano. Il étudia aussi le droit, les mathématiques et la philosophie à Prague (1810-1813) tout en complétant sa formation musicale avec Tomasek. Il s'installa ensuite à Vienne, où il travailla le piano avec Hummel et devint fonctionnaire au ministère de la Guerre puis (1818) chef d'orchestre à la Société des amis de la musique (Gesellschaft der Musikfreunde), poste qu'il devait occuper jusqu'à sa mort. En 1822, il abandonna son poste de fonctionnaire, et devint organiste adjoint de la Cour, puis premier organiste en 1824. Lors de sa dernière maladie, Beethoven (à qui il avait montré en 1814 ses douze Rhapsodies pour piano op. 1) lui envoya son propre médecin. Il mourut de tuberculose.

   Il écrivit de la musique vocale (lieder, œuvres religieuses), mais son importance réside surtout dans sa production instrumentale, en particulier dans ses pièces pour piano ou avec piano. Ses six Impromptus op. 7 (1822) illustrent admirablement un genre que devait reprendre Schubert, et sa Sonate pour piano et violon op. 5 (1820) ainsi que sa Sonate pour piano en si bémol mineur op. 20 (1822-1824) sont des chefs-d'œuvre. Citons encore, pour piano, la Fantaisie op. 12 et le Thème et Variations op. 19. Sa Symphonie en est digne des premières de Schubert.

Vostrak (Zbynek)

Compositeur et chef d'orchestre tchèque (Prague 1920 – Strakonice 1985).

Il a étudié au conservatoire de Prague (1937-1943), puis a été lecteur à l'Académie de musique et d'art dramatique (1946-47) tout en enseignant au département opéra du conservatoire (1945-1948). Depuis 1963, il est le chef de Musica viva pragensis, véritable « Domaine musical » tchèque. Jusque vers 1955, il a écrit dans un style postromantique et néo-classique (opéra-comique Rohovin Ctverrohy, 1949). Il a ensuite été influencé par Webern, et a écrit ses premières pièces sérielles en 1962 (opéra la Cruche cassée, d'après Kleist, 1963 ; Trois Essais pour piano, 1962 ; Éléments pour quatuor à cordes, 1964). Depuis 1966, l'influence de Boulez, Cage et surtout Stock-hausen est prédominante (les Échelles de lumière pour bande, 1967).

   Depuis 1970, il a dû peu à peu ralentir son activité de chef d'orchestre, et la nouvelle création tchèque s'est scindée entre les tenants des influences européennes et américaines, dont il est un représentant, et ceux qui veulent vivre dans un contexte plus spécifiquement national.

Vozlinsky (Pierre)

Musicien français (Paris 1931 – id. 1994).

Il renonça à une carrière de pianiste pour produire des émissions musicales à la télévision (l'Homme et sa musique, 1966-1970 ; film sur P. Casals, 1970). Chef du service de la musique à la télévision, il y organisa l'année Beethoven (1970). Il fut ensuite directeur des programmes et des services musicaux à Radio France (1975-1983), puis directeur général d'Erato-production et du Midem classique (1983-1986), de l'Opéra Bastille (1986-87) et enfin, à partir de 1987, de l'Orchestre de Paris (où il a eu comme successeur Stéphane Lissner). Il fut, pendant trente ans, l'un des principaux artisans du renouveau de la vie musicale en France.