Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
C

Collot (Serge)

Altiste français (Paris 1923).

Au Conservatoire de Paris il obtient les premiers prix d'alto (1944) et de musique de chambre (1948), et se forme à la composition avec Arthur Honegger. De 1944 à 1957, il est l'altiste du Quatuor Parrenin, puis de 1957 à 1960 du Quatuor de l'O.R.T.F., et enfin du Trio à cordes français. Intéressé par la musique contemporaine, il s'associe jusqu'en 1970 au Domaine musical, où il crée plusieurs partitions, dont la Sequenza pour alto solo de Berio, écrite à son intention. De 1957 à 1986, il est alto solo à l'orchestre de l'Opéra de Paris et en 1990-91, altiste du Quatuor Bernède. De 1969 à 1988, il a enseigné au Conservatoire de Paris.

Cologne (en all. Köln)

Une des villes musicales les plus importantes d'Allemagne occidentale. Membre de la Ligue hanséatique en 1201, elle devint cité libre en 1474. Au XIIIe siècle, le théoricien Francon de Cologne, auteur de l'Ars cantus mensurabilis, était célèbre dans toute l'Europe. En 1388 fut fondée l'université, où le mouvement humaniste allait connaître un épanouissement extraordinaire. Vers 1670 eurent lieu les premières manifestations d'un théâtre musical de valeur, avec l'organiste et maître de chapelle Caspar Grieffgens, élève de J. J. Froberger. À partir de 1784, le prince électeur et prince-archevêque de Cologne fut Maximilian Franz, dernier enfant de l'impératrice Marie-Thérèse : il résidait à Bonn, et compta parmi les musiciens à son service le jeune Beethoven. Occupée par les Français en 1794, la ville de Cologne fut rattachée à la Prusse en 1815. Son premier théâtre permanent fut construit en 1822 et, en 1821, se tint le premier Niederrheinisches Musikfest (« Festival de la musique du Rhin inférieur »), qui devait plusieurs fois avoir lieu dans ses murs. La Société de concerts, fondée en 1827, organisa régulièrement des manifestations à partir de 1857 (plus tard Concerts du Gürzenich), et son orchestre fut pris en charge par la ville à partir de 1888. Parmi les premiers chefs d'orchestre de la ville, Konradin Kreutzer (1840-1842), Heinrich Dorn (1843-1849) et Ferdinand Hiller (1850-1854). Le premier Generalmusikdirektor (« directeur général de la musique »), Hermann Abendroth (1915-1934), eut comme successeurs Engen Papst (1936-1944) et, surtout, Gunter Wand (1946-1975). Quant à l'Opéra de Cologne, il eut, notamment, à sa tête Otto Klemperer (1917-1924), Otto Ackermann (1953-1958) et Wolfgang Sawallisch (1960-1963). Cologne vit, en 1920, la création de Die tote Stadt de Korngold ; en 1925, la première représentation européenne de l'Amour des trois oranges de Prokofiev ; en 1926, la création du Mandarin merveilleux de Bartók ; en 1948, la première représentation allemande du Viol de Lucrèce de Britten ; en 1949, la création de Des Simplicius Simplicissimus Jugend de K. A. Hartmann ; et, en 1950, celle de Tarquinius d'E. Krenek. Sur le plan de l'enseignement, la Rheinmusikschule (« École de musique du Rhin »), fondée en 1845, devint conservatoire en 1850, et Staatliche Hochschule für Musik (« École supérieure d'État de musique »), en 1925 ; y ont enseigné, entre autres, Frank Martin, Karlheinz Stockhausen et Mauricio Kagel. En 1921 fut créé, au sein de l'université, un institut de musicologie, dirigé, de 1939 à 1970, par Karl Gustav Fellerer puis, à partir de 1970, par Heinrich Hüschen. Depuis la dernière guerre, Cologne a joué un rôle important en matière de musique contemporaine. C'est à la radio de Cologne ­ Westdeutscher Rundfunk (WDR) ­ que, en 1951, Herbert Eimert fonda le premier studio de musique électronique (Stockhausen devait venir y travailler à partir de 1953). L'orchestre du WDR (dirigé de 1964 à 1969 par Christoph von Dohnanyi, de 1983 à 1991 par Gary Bertini et à partir de 1991 par Hans Vonk, a fait de son côté, beaucoup pour la diffusion de la musique d'aujourd'hui. De 1965 à 1971, Herbert Eimert eut la direction d'un studio de musique électronique dans le cadre de l'université. À signaler également les Kölner Kurse für Neue Musik (« Cours de Cologne pour la musique nouvelle ») fondés par Stockhausen en 1963 et dont il conserva la direction jusqu'en 1969.

Colombie

Une double influence, espagnole et italienne, a favorisé l'essor de la vie musicale en Colombie : depuis le XIXe siècle, les Espagnols en ont dirigé les premières manifestations, imposant tour à tour les traditions de la musique religieuse, les villancicos et les tonadillas. Mais, également, un Italien, le jésuite José Dadey († 1620), fut le pédagogue le plus important de son temps ; et la révélation de l'opéra italien devait même, plus tard, influencer la musique populaire composée à Bogotá. À ces deux parrainages s'ajouta, après l'indépendance, celui de la musique française, grâce à José Maria Ponce de Léon (1846-1882), élève de Gounod, et, surtout, grâce à Guillermo Uribe Holguín (1880-1971), disciple à la Schola cantorum et véritable promoteur de l'école colombienne.

   Malgré l'activité du conservatoire national de Bogotá et de ceux de Cali, Ibagne et Cartagène, la plupart des compositeurs ont été formés hors de Colombie : José Rozo Contreras à Vienne et à Rome, Jesús Bermúdez Silva à Madrid, Antonio Maria Valencia à Paris (à la Schola cantorum), Guillermo Espinosa à Milan, Adolfo Mejia et Carlos Posada Amador à Paris (chez Nadia Boulanger). L'orchestre du conservatoire de Bogotá a donné son premier concert en 1905. Cet orchestre fut à l'origine de l'Orchestre symphonique national.

   Le folklore colombien (africain, espagnol et indien à la fois), d'une grande richesse, a influencé les danses et traditions musicales de ses voisins et, plus particulièrement, de l'Équateur.

Colón (Teatro)

Le plus célèbre théâtre d'opéra d'Amérique latine, situé à Buenos Aires.

Le premier Theatro Colón (2 500 places) fut inauguré le 25 avril 1857 avec La Traviata. Le bâtiment fut vendu à la Banque nationale en 1887, mais le théâtre actuel (plus de 3 000 places assises, 1 000 places debout) n'ouvrit qu'en 1908 avec Aida : il fut longtemps un des hauts lieux du répertoire italien, avec notamment une « saison Toscanini » (1912), et, dans une moindre mesure, français. Dans les années 1930, l'établissement s'ouvrit davantage aux œuvres allemandes, tchèques ou russes (en 1931, Klemperer y dirigea le dernier Ring de sa carrière). En 1968, pour le cinquantenaire du nouveau théâtre, de mémorables représentations de la Flûte enchantée, de Fidelio, d'Aida, de Carmen et de Samson et Dalila furent dirigées par Beecham. En 1964 fut créé au Colón Don Rodrigo de Ginastera.