Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
C

Cilea (Francesco)

Compositeur italien (Palmi, Calabre, 1866 – Varazze, Ligurie, 1950).

Formé au conservatoire de Naples, il y présenta son opéra Gina (1889), puis composa Tilda (1892) à la demande de l'éditeur Sanzogno. Il écrivit encore l'Arlésienne, d'après Daudet (1897) et connut surtout la gloire avec Adrienne Lecouvreur (1902) ; ces deux dernières œuvres furent créées avec Caruso, alors à l'aube de sa renommée. D'inspiration plus sévère, Gloria (1907) semble avoir mis un terme à la carrière de créateur de Cilea. Remarquable pianiste, celui-ci enseigna le piano, puis la composition, notamment à Naples où il fut directeur du conservatoire de 1916 à 1935. Proche de l'école vériste dans ses premiers opéras, il s'en écarta presque totalement ensuite, mettant sa nature délicate et raffinée au service d'une orchestration claire et limpide et d'une écriture vocale nuancée, utilisant toute la gamme d'expressions de la voix humaine.

Cimarosa (Domenico)

Compositeur italien (Aversa 1749 – Venise 1801).

Né dans une famille pauvre, il reçut à Santa Maria di Loreta de Naples un enseignement musical très complet, et débuta au théâtre en 1772 avec Le Stravaganze del Conte, sorte de comédie musicale, et Le Magie di Merlina e Zoroastro, intermède burlesque. En 1778, il remporta à Rome un énorme succès avec L'Italiana in Londra, et à partir de 1780, fut unanimement considéré comme le grand rival de Paisiello en matière d'opéra bouffe italien. Durant les années suivantes, quelques opéras sérieux comme Il Convito di pietra (1781), sur le thème (simplement esquissé) de Don Juan, alternèrent avec les œuvres bouffes, toujours majoritaires (I Due Baroni di rocca azzura, 1783 ; Il Fanatico burlato, 1787). Invité en 1787 à la cour de Russie, que Paisiello avait quittée trois ans plus tôt, il s'y rendit en un voyage de six mois qui fit figure de tournée triomphale (Livourne, Parme, Vienne, Varsovie). Il fit représenter à Saint-Pétersbourg, où il prit momentanément la succession de Giuseppe Sarti, des œuvres déjà écrites, et en composa de nouvelles, dont deux opéras sérieux (Cleopatra, 1789 ; La Vergine del sole, 1789) et un Requiem pour les funérailles de l'épouse de l'ambassadeur de Naples.

   En disgrâce, Cimarosa arriva à Vienne à la fin de 1791, au moment de la mort de Mozart. Son ancien protecteur, le grand-duc de Toscane, devenu l'année précédente l'empereur Léopold II, lui ayant commandé un opéra bouffe, il donna le 7 février 1792 Il Matrimonio segreto (« le Mariage secret »), qui devait rester son ouvrage le plus célèbre (110 représentations en 5 mois à Naples en 1793). De retour à Naples, Cimarosa composa encore quelques-unes de ses partitions les meilleures, comme Le Astuzie femminili (1794). Durant l'éphémère république parthénopéenne (1799), il accepta d'écrire et de diriger un hymne républicain pour une cérémonie organisée par les Français, ce qui lui valut d'être emprisonné au retour des Bourbons. Gracié, il jugea plus prudent de s'expatrier, et mourut peu après, non empoisonné comme le veut la légende, mais d'une tumeur au bas-ventre.

   Sa production instrumentale est des plus réduites (un concerto pour deux flûtes et un autre pour clavecin, quelques pièces et 32 sonates en un seul mouvement pour clavecin), et sa production religieuse à peine plus importante. Quant à ses opéras, ils se comptent par dizaines. Cimarosa fut bien plus qu'un mélodiste « délicieux », pour reprendre une formule de Stendhal, qui l'idolâtrait.

   Avec son sens inné du théâtre, il sut également (quoique de façon typiquement italienne) donner vie à l'orchestre, et (tendant en cela la main à Mozart) se révéla un remarquable constructeur d'ensembles vocaux, dans ses finales d'actes et en d'autres endroits en cours d'action. Ce n'est pas pour rien que Il Matrimonio segreto réussit à survivre tout au long du XIXe siècle. De la renommée de son auteur témoigne aussi le fait que, de tous les compositeurs dont Haydn dirigea des opéras à Eszterháza de 1780 à 1790, celui qui fut représenté par le plus grand nombre de partitions différentes (12, totalisant 76 représentations) eut nom Domenico Cimarosa.

Ciry (Michel)

Compositeur français (La Baule 1919).

Connu surtout comme peintre et comme graveur, il a travaillé avec Nadia Boulanger et, tout en refusant les techniques d'avant-garde, a su échapper au néoclassicisme. Esprit mystique, il s'est, à partir de 1947, consacré presque exclusivement au domaine religieux, non sans s'opposer violemment, sur ce point précis, à un Olivier Messiaen. Ses 5 premières symphonies, pour chœur et orchestre, portent les titres significatifs de Symphonie de douleur « Stabat Mater » (1951), Dies Irae (1952), Symphonie d'espérance « De profundis » (1954), Symphonie de pitié (1954), Symphonie de paix (1955). La sixième (Symphonie sacrée, 1958) est pour voix d'alto et orchestre sur des textes de R. M. Rilke. On lui doit aussi le Mystère de Jésus (Gethsémani) [1953], le quatuor à cordes Ecce homo (1955), un concerto pour piano, vents et batterie (1948), Stèle pour un héros (1949), la Pietà pour cordes (1950).

cistre

Instrument ancien à cordes pincées, à caisse ronde, fond plat et au manche allongé.

Héritier de la cithare de l'Antiquité, il apparaît dans l'iconographie dès le VIe siècle. À son apogée, à partir du XVIe siècle, il était, comme la mandoline, et à la différence du luth, monté de cordes métalliques, souvent doubles. Il lui fut consacré de nombreux recueils, parus chez les grands éditeurs de Paris, d'Anvers ou de Londres. Après une éclipse, le cistre connut un regain de vogue à la fin du XVIIIe siècle, mais sa forme s'était entre-temps altérée et on rencontre alors différents types de cistres de factures fort diverses. Il ne faut pas confondre le cistre et le sistre, instrument à percussion.

Cité de la musique

Établissement public inauguré à Paris en 1993.

Visant une pluralité d'approche (écouter, apprendre, pratiquer, voir), le projet associe sur un même site la création, la diffusion, l'enseignement, la documentation, l'information et la conservation. Dans une architecture inspirée par le caractère temporel des formes musicales (un espace « qui se parcourt, que l'on ne peut jamais saisir d'un seul regard » selon son concepteur, l'architecte Christian de Portzamparc), la Cité de la musique s'adresse aussi bien à l'amateur qu'au professionnel averti, qu'elle souhaite mettre en contact et en interaction. L'activité de l'établissement se déroule notamment autour de la salle de concerts (800 à 1 200 places, selon la disposition), modulable d'une point de vue géométrique et acoustique, ce qui permet une programmation éclectique (musique baroque, contemporaine, jazz, musiques du monde) dans un cadre correspondant à chacun des styles illustrés. Le musée de la Musique veut donner à voir et à entendre les instruments dans une présentation originale (« exposition permanente »). Un amphithéâtre y est destiné aux démonstrations d'instruments acoustiques, électroniques ou informatiques. Le Centre de documentation musicale et chorégraphique comprend notamment une multimédiathèque qui utilise les nouveaux supports de conservation et de diffusion de l'information. Depuis 1996, un Institut de pédagogie musicale fait aussi partie de l'établissement. La Cité de la musique organise en outre des stages (Académie de musique du XXe siècle, entre autres) et déploie une activité éditoriale (livres, CD-ROM).